Description
La Grèce, en forme longue la République hellénique, est un État d’Europe du Sud et membre de l'Union européenne, situé dans l'extrême Sud des Balkans. Sa capitale et sa plus grande ville est Athènes.
La Grèce, d'une superficie de 131 957 km2 pour un peu moins de onze millions d'habitants, partage des frontières terrestres avec l’Albanie, l'Ancienne République yougoslave de Macédoine, la Bulgarie et la Turquie et partage des frontières maritimes avec l'Albanie, l'Italie, la Libye, l'Égypte et la Turquie, cette dernière source de contentieux. La mer Ionienne à l'ouest et la mer Égée à l'est, parties de la mer Méditerranée, encadrent le pays dont le cinquième du territoire est constitué de plus de 9 000 îles et îlots dont près de 200 sont habités. De plus, 80 % de son territoire est constitué de montagnes dont la plus haute est le mont Olympe avec 2 917 mètres.
La Grèce est membre de l’OTAN depuis 1952, de l’Union européenne depuis 1981 et de la zone euro depuis 2001.
L'histoire de la région qui constitue son territoire actuel est très riche. La Grèce antique, avec ses cités, sa philosophie, sa démocratie ou son théâtre, a fortement influencé l'Empire romain et est devenue, depuis la Renaissance, l'un des modèles de culture européenne et de la civilisation occidentale moderne. En s'hellénisant, l'Empire romain d'Orient est devenu un empire grec, tout comme ses États successeurs (Trébizonde, Épire, Mistra ou Doros). L'influence et la présence grecques tout au long de ses périodes dépassèrent les limites du territoire actuel : cités et populations grecques d'Asie mineure et du pourtour de la mer Noire, Empire de Nicée, despotat de Dobrogée au xive siècle ou principautés de Valachie et de Moldavie à l'époque phanariote au xviiie siècle.
C’est au début des années 1830 que le premier État grec indépendant de l'ère moderne vit le jour, à la suite d'une guerre d'indépendance contre l'Empire ottoman.
Tourisme
La Grèce est réputée pour ses magnifiques paysages montagneux, ses splendeurs naturelles, ses côtes infinies et ses 6.000 îles et îlots, célèbres dans le monde entier pour leur beauté inégalée.
Le pays enregistrait quatorze millions de visiteurs venus du monde entier en 2004. Ce chiffre est passé à plus de 19 millions de visiteurs en 2009 et devrait atteindre 20 millions en quelques années, soit près du double de la population du pays.
Outre la mer et le soleil, le tourisme constitue une partie essentielle de l’identité de la Grèce, du présent et de l’avenir.
Cuisine et Gastronomie
La gastronomie grecque a une histoire de presque 4.000 ans et elle doit ses caractéristiques spéciales aux produits purs et uniques en qualité, issus du terroir grec. En effet, c'était Archestratos qui a écrit le premier livre de cuisine dans l'histoire (330 av.J.C.) Dans la tradition alimentaire grecque le résultat gustatif et la haute valeur nutritionnelle sont en parfaite harmonie. Des douzaines d'études scientifiques ont montré les bienfaits du régime équilibré grec sur la santé, la beauté et longévité de l'homme. En outre, la culture alimentaire des Grecs a traditionnellement conféré à la nourriture une convivialité unique en son genre, en associant satisfaction gustative, loisirs et communication, préservant ainsi jusqu'à nos jours certaines caractéristiques des fêtes anciennes.
Géographie
La Grèce est située à l'extrémité sud de la péninsule des Balkans, approximativement entre 34°48′ à 41°45′ de latitude nord et de 19°00′ à 28°30′ de longitude est. Elle a une superficie de 131 957 km2(3,3 % de la superficie de l'Union européenne). Ses côtes sont longues de 15 000 km.
Son territoire comprend trois unités géographiques : la Grèce continentale, la presqu'île du Péloponnèse et les îles qui représentent un cinquième de la superficie totale du pays. Les côtes grecques sont bordées à l'ouest par la mer Ionienne et à l'est par la mer Égée où se trouvent la majorité des îles grecques. Les seules îles de l'Égée à ne pas être grecques sont Imbros et Ténédos. Le nombre d'îles en Grèce varie selon la définition choisie : 9 841 selon l'Ambassade de Grèce en France ou 3 000 dont 777 dignes d'intérêt selon certains guides. Au recensement de 2001, 169 îles étaient habitées, mais un tiers d'entre elles comptaient moins de cinquante habitants. La taille de ces îles habitées va de 3 km2 pour la plus petite Délos (qui jouit d'un statut particulier) à 8 263 km2 pour la Crète. Aucun point de la Grèce n’est éloigné de plus de 80 km de la mer, dans le Péloponnèse et la Grèce Centrale cette distance n'est même que d'une cinquantaine de kilomètres. De fait, il n’existe pas de montagne en Grèce d’où la mer ne puisse être aperçue.
La Grèce a des frontières terrestres avec l’Albanie (216 km), la Macédoine (qu'elle reconnaît uniquement sous le nom de « Ancienne République Yougoslave de Macédoine », ou ARYM, en anglais FYROM) (245 km), la Bulgarie (474 km) et la partie européenne de la Turquie (203 km)3. Le pays a des frontières maritimes avec l'Albanie, l'Italie, la Libye, l'Égypte et la Turquie, cette dernière source de contentieux.
Climat
La Grèce a un climat typiquement méditerranéen (hivers doux et humides et étés chauds et secs). Cependant, on trouve une variété de sous-climats liés au relief ; les chaînes du Pinde, Taygète, Parnon et Lefká Óri bloquant les influences venues de l'ouest et plus chargées en précipitations.
Les hivers sont plus froids sur le nord du pays : isotherme de janvier à 3 °C sur les Rhodopes, 4 °C sur l'ensemble des plaines du nord, 7 °C en Thessalie, 10 °C pour la Grèce centrale et la région d'Athènes et isotherme de janvier à 13 °C pour la Crète et les Cyclades. Cette situation est liée à l'influence des Balkans au nord et de l'Afrique au sud. Le relief joue à nouveau un rôle pour les différences de température l'été. Le nord-est reste le plus frais (isotherme de juillet à 24 °C pour la Thrace) mais aussi le nord-ouest (isotherme à 25 °C pour l'Épire et toute la côte ionienne). La Thessalie (et jusqu'à Thessalonique au nord), la Grèce centrale, l'Attique et tout le Péloponnèse sont dans l'isotherme à 27 °C, avec une bulle à 28 °C pour la Laconie. Les vents du nord rafraîchissent les températures pour l'Égée.
Le versant ouest ionien (Épire, Étolie-Acarnanie, ouest du Péloponnèse et ouest de la Crète) est le plus arrosé, avec une pluviométrie entre 1 000 et 1 400 mm de pluie par an. Le nord-est du pays (Thrace, Chalcidique, est de l'Eubée parfois jusqu'à Tinos et Andros) reçoit des dépressions lui assurant une pluviométrie de 800 à 1 400 mm de pluie par an, en fonction de l'altitude. La région la plus sèche va donc de l'Attique aux Cyclades (400 à 600 mm de pluie par an)
Fleuves et lacs
La Grèce est un pays qui souffre du manque d'eau alors qu'il reçoit en moyenne le double de précipitations des autres pays méditerranéens. En effet, la population et l'activité touristique se concentrent dans la zone la plus sèche : Attique et Cyclades. De plus, les activités humaines ont accentué les phénomènes : déforestation et bétonnage empêchent l'absorption et accentuent les risques d'inondations ; l'irrigation massive (maïs et coton), mais souvent avec des installations anciennes qui fuient, les golfs et piscines ainsi que le tourisme prélèvent une part importante de l'eau ; la gestion de l'eau au xxe siècle (assèchement des zones humides, barrages, pompage de nappes trop près de la mer entraînant des remontées d'eau saline ou utilisation massive d'engrais polluant la ressource) a obéré l'approvisionnement au début du xxie siècle. Cependant, la situation semble s'améliorer : retraitement et meilleure gestion agricole et humaine.
La formation de fleuves est limitée par la rareté de précipitations et le morcellement du relief. Les grands fleuves sont ainsi assez peu nombreux et certains trouvent parfois leur source à l'extérieur du territoire grec. Il y a cinq grands fleuves au nord : l'Axios (source en ARYM, 87 km en Grèce et se jette dans le golfe Thermaïque), l'Évros (source en Bulgarie, 204 km en Grèce et se jette en mer de Thrace), le Nestos (source en Bulgarie, 130 km en Grèce et se jette en mer de Thrace) et le Strymon (source en Bulgarie, 118 km en Grèce et se jette dans le golfe Strymonique) ; l'Aliakmon coule intégralement en Grèce : il est le plus long du pays avec 297 km (ou 312 km selon les sources) et se jette dans le golfe Thermaïque. L'Achéloos, long de 217 km (ou 280 km selon les sources) coule intégralement en Grèce occidentale et se jette dans le golfe de Patras près de Missolonghi. Le Pénée en Thessalie est le dernier fleuve qui dépasse les 200 km de longueur. Tous sont utilisés pour l'irrigation et l'hydroélectricité et leur cours est émaillé de barrages.
Il y a en Grèce vingt et un lacs, dont quatorze artificiels, qui recouvrent une superficie de 59 900 hectares. Ils se trouvent dans une grande moitié nord du pays.
Faune et flore
La forêt couvre un cinquième du territoire du pays. Parmi les 200 espèces d'arbres, les principaux sont le pin, l'olivier, le peuplier argenté, le cyprès, le châtaignier et le sapin. Ses 65 000 km2 sont largement inférieurs aux surfaces des autres pays européens et constamment menacés par la pression immobilière et les incendies de forêts (tels ceux de 2007). Huit mille hectares sont encore une forêt primaire, principalement dans les Rhodopes.
La Grèce est un des pays méditerranéens qui a le mieux conservé sa biodiversité. Plus de 6 000 végétaux sont recensés dont 4 050 espèces sauvages dont 800 sont protégés. On compte aussi 900 espèces animales dont deux cents protégées. Certaines sont endémiques ou dont les derniers représentants sont en Grèce (Phoque moine de Méditerranée, tortue carette) ; 28 des 36 espèces d'aigles européens vivent dans le ciel de Grèce.
La protection de la nature est un phénomène ancien (1932 : premières lois de protection ; 1937 : premiers parcs nationaux). En 2009, le pays compte neuf parcs nationaux et dix réserves aquatiques. Quatre cents zones supplémentaires ont été protégées dans le cadre du plan européen Natura 2000. Cependant, la réalité est différente : les activités humaines (chasse, agriculture, immobilier, tourisme, etc.) empiètent sans grande crainte de représailles légales sur les zones protégées
Histoire
La période romaine
La période de domination romaine en Grèce s'étend conventionnellement de 146 av. J.-C. après le sac de Corinthe jusqu'à la reconstruction de Byzance par Constantin Ier et sa proclamation en tant que seconde capitale de l'Empire romain en 330 apr. J.-C. Durant cette période la Grèce était alors divisée en plusieurs provinces romaines distinctes.
Empire byzantin
En 395, à la mort de Théodose Ier, l’Empire romain est partagé en deux parties : l’Empire romain d'Occident qui disparaît en 476, et l’Empire romain d’Orient qui dura jusqu'en 1453 à Constantinople, jusqu’en 1461 à Trébizonde et Mistra et jusqu’en 1475 en Crimée grecque. Le terme byzantin vient de Byzance, l’ancien nom de la capitale Constantinople, mais l’appellation « Empire byzantin » apparaît seulement au xvie siècle, en 1557, sous la plume de l’historien allemand Hieronymus Wolf, pour définir l’histoire de l’Empire romain d’Orient considérée comme une histoire grecque, distincte de celle de l’Empire romain d'Occident. En effet, bien que les citoyens de l’Empire d’Orient nommaient leur État en grec Βασιλεία Ρωμαίων (Basileía Rômaíôn : « Empire des Romains »), qu’ils se considéraient comme Romains (Rômaíoi), et qu’ils ne se soient jamais désignés comme « Byzantins », il n’en reste pas moins que la langue de communication, la culture et la liturgie de l’Empire romain d’Orient étaient essentiellement grecques : d’ailleurs, si certains chroniqueurs désignent l’empire comme « Terre de Romanie », la plupart utilisent plutôt « Imperium Graecorum », « Græcia » ou « Terra Græcorum » et « Grecs » pour ses citoyens.
Au cours des mille ans séparant l’an 395 de l’an 1453, un certain nombre de valeurs et de savoirs furent conservés par les grecs Byzantins : État de droit écrit gouverné par le Code Justinien, empereur responsable devant le Sénat, absence de servage, collectivités agricoles libres, techniques agricoles élaborées (irrigation), architecture romane, aqueducs, eau courante, tout-à-l’égout et éclairage dans les villes, usage de bains (que nous appelons « bains turcs »), sémaphores et phares, transmission des savoirs antiques, de la philosophie grecque classique et de la médecine hippocratique dans les universités de Constantinople, Trébizonde et Mistra… Ces savoirs ont d'abord été transmis à tout le monde chrétien et ensuite aux Arabes qui à leur tour les ont communiqués au sein de leurs conquêtes: L'empereur Romain Ier Lécapène (Ρωμανός Α' ο Λεκαπηνός) envoie bibliothèques et traducteurs en Espagne musulmane, à Hasday ibn-Chaprut (Xe siècle), ministre du calife de Cordoue, Abd al-Rahman III.
La disparition de la partie occidentale de l’empire romain et la fin du système des légions, ainsi que les menaces permanentes sur leurs frontières amenèrent les Byzantins à se doter d’une armée puissante, dont la tactique a évolué et commencé à s’élaborer de manière autonome dès le vie siècle.
Comme empire romain, l’Empire byzantin fut un État chrétien qui, après le schisme de 1054, resta fidèle à l’orthodoxie et aux dogmes du christianisme de l’église du premier millénaire. Un ce des dogmes est que le Saint-Esprit ne procède que de Dieu lui-même et non du Christ, ce qui fait que toute âme même non-chrétienne peut être sauvée : pour cette raison, l’empire byzantin refuse de participer aux croisades du xie siècle au xiiie siècle et considère les Latins comme un danger aussi grave que celui des Turcs, ce que confirme le sac de Constantinople par les Croisés en 1204, qui morcelle et affaiblit définitivement l’empire
Domination ottomane
La Grèce ottomane est le terme utilisé pour désigner la période de domination ottomane, dès avant la prise de Constantinople en 1453 (puisque les Ottomans s’emparent des Balkans dès le xive siècle) et jusqu’à la fin de la guerre d'indépendance grecque au début des années 1830. La majeure partie de la Grèce fait alors partie de l’Empire ottoman, dont les conquêtes durent plusieurs siècles (la dernière île grecque prise est Tinos en 1715 : une partie non négligeable de l’actuel territoire restant jusqu’à très tardivement sous la souveraineté vénitienne). Corfou, Ithaque et l’archipel ionien n’ont jamais fait partie de l’Empire ottoman. La Crète demeura vénitienne jusqu’à la moitié du xviie siècle ; le Péloponnèse fut reconquis et occupé pendant trente ans par les Vénitiens, jusqu'en 1715.
Les Grecs connaissaient alors des situations sociales contrastées. Alors que les aristocrates grecs des îles Ioniennes et de Constantinople (Phanariotes) vivaient dans la prospérité, certains obtenant même des postes à responsabilité au sein de l'administration ottomane, une importante partie de la population de Grèce continentale souffre des conséquences économiques et sociales de la conquête ottomane. Dans les dernières années, les autorités ottomanes lancèrent une politique de création de domaines héréditaires, qui transforma les ruraux grecs en véritable serfs (système des Timars).
Depuis la chute des Empereurs de Constantinople, l’Église grecque orthodoxe était considérée par le gouvernement ottoman comme l’autorité dirigeant toute la population chrétienne orthodoxe de l’Empire ottoman, qu’elle soit de langue grecque ou non. Bien que l’État ottoman n’obligeât pas les non-musulmans à se convertir à l’Islam, les chrétiens étaient confrontés à différents types de discriminations liées à leur statut inférieur dans l’Empire (dont la pédomazoma-παιδομάζωμα : enlèvement des garçons pour les enrôler dans les janissaires, et la double-capitation sur les non-musulmans). Les discriminations contre les chrétiens, surtout lorsqu’elles étaient associées à des mauvais traitements de la part des autorités ottomanes locales, décidaient la conversion, réelle et définitive, ou apparente et provisoire. Au cours du xixe siècle, avec l’émergence du nationalisme grec moderne, certains « crypto-chrétiens » retournèrent à leur ancienne obédience religieuse… surtout lorsque les territoires où ils vivaient, furent enlevés à l’Empire ottoman par les nouveaux états chrétiens.
La nature de l’administration ottomane de la Grèce diffère selon les régions et les époques. Certaines villes étaient dirigées par des gouverneurs nommés par le Sultan tandis que d’autres étaient des municipalités qui s’autogouvernaient. Certaines régions montagneuses et de nombreuses îles restèrent à l’écart du pouvoir central ottoman pendant de nombreux siècles.
Quand des conflits militaires se déclenchaient entre l’Empire ottoman et des États chrétiens (Autriche, Venise), les Grecs, à quelques exceptions près, prenaient généralement les armes contre l’Empire, surtout si ses adversaires étaient orthodoxes (Empire russe, Principautés danubiennes). Avant la guerre d'indépendance, il y eut une série de guerres où l’on vit des grecs combattre les Ottomans : la participation grecque à la bataille de Lépante en 1571, la révolte des paysans épirotes de 1600-1601 en même temps que celle de Michel de Valachie dans les Principautés danubiennes, la guerre de Morée de 1684-1699 et la Révolution d’Orloff de 1770 qui cherchait à démanteler l’Empire ottoman en faveur des intérêts russes. Ces insurrections furent noyées dans le sang.
Les xvie et xviie siècles sont vus comme un « âge obscur » de l’histoire grecque, la perspective de renverser la domination ottomane apparaissant éloignée. Au cours du xviiie siècle, cependant, cette perspective se concrétisa grâce à la richesse de la classe marchande. Ces marchands commencèrent à dominer le commerce à l’intérieur de l’Empire grâce aux communautés dans les Balkans, en Europe occidentale et sur les pourtours de la Méditerranée. Les idées des Lumières combinées aux idéaux de la Révolution française et du sentiment national romantique commencèrent à pénétrer le monde grec par l’intermédiaire de cette diaspora marchande. À la fin du xviiie siècle, Rigas, le premier à envisager un État grec indépendant, publia une série de documents sur l’indépendance grecque, incluant notamment la première carte détaillée de la Grèce, à Vienne. À cette époque, la notion de « Grec » se confondait encore avec celle d’ancien citoyen de l’Empire grec (Rômaios / Ρωμαίος, pas forcément hellénophone, mais grec orthodoxe selon le système ottoman des milliyets) et la « Nouvelle Grèce libre » alors envisagée par les « philhellènes » était plutôt philosophique que nationale, débordant largement la Grèce moderne et se référant plutôt à l’antique aire d’expansion de l’hellénisme (ἑλληνιζμός / hellênizmós), incluant la majeure partie des Balkans, l’Anatolie occidentale et la région du Pont. Un mouvement philhellène soutenu par les Tzars se développe à ce moment dans l'Empire russe et se traduit par la mise en place, au nord de la Mer Noire, dans les territoires alors pris à l’Empire ottoman, d’une « Nouvelle Russie » multinationale, mais orthodoxe, où de nombreux colons grecs sont invités et dont les villes nouvelles reprennent les noms des antiques colonies grecques de la région ou bien reçoivent des noms grecs : Odessa, Tyraspolis, Nicopolis, Chersonèse, Théodosia, Eupatoria, Sébastopol, Simferopol, Melitopol, Stavropol et d'autres, tandis que les études archéologiques se multiplient. Puis, au début du xixe siècle, la notion de « Grec » prend de plus en plus une signification ethnique au sens moderne du terme, et se confond dès lors avec l’ensemble des locuteurs natifs de la langue grecque, et eux seuls.
Guerre d’indépendance
En 1814, une organisation secrète, la Filikí Etería fut fondée avec pour but la libération de la Grèce. Elle avait prévu de lancer le mouvement dans le Péloponnèse, et les Principautés danubiennes alors gouvernées par des Phanariotes. Dans ces dernières, l'insurrection commença le 6 mars 1821 sous le commandement d’Alexandros Ypsilantis, venu d’Odessa, mais elle fut réprimée en quelques mois. En parallèle, le Péloponnèse entra en révolte ouverte à partir de la fin mars et, en octobre 1821, les Grecs capturèrent Tripolizza. La révolte péloponnésienne fut suivie par des révoltes en Crète, en Macédoine et en Grèce centrale. Pendant ce temps, les navires grecs avaient remporté des succès contre la marine ottomane dans la mer Égée, ce qui gêna l’envoi de renforts ottomans par la mer. Toutefois, en 1822, les Turcs ravagèrent Chios, ce qui galvanisa l’opinion publique occidentale en faveur des Grecs.
L'indépendance de fait fut proclamée lors de l'Assemblée nationale d'Épidaure en 1822. L'opinion publique européenne était assez favorable au mouvement, à l'image des nombreux philhellènes. Dans un premier temps, cependant, aucun pays ne bougea à cause du poids politique et diplomatique de la Sainte-Alliance. Pendant deux ans, les Grecs multiplièrent les victoires. Cependant, ils commencèrent à se déchirer. Pendant ce temps, le Sultan négocia avec Méhémet Ali d’Égypte, qui accepta d’envoyer son fils Ibrahim Pacha en Grèce avec une armée pour supprimer la révolte en échange d’un gain territorial. Ibrahim accosta dans le Péloponnèse en février 1825 et conquit rapidement la majeure partie de la région. Missolonghi, assiégée par les Ottomans depuis le mois d’avril 1825, tomba en 1826. Athènes tomba à son tour en juin 1827.
Après des années de négociation, les trois grandes puissances, la Russie, le Royaume-Uni et la France, décidèrent d’intervenir dans le conflit, chaque nation envoyant une flotte en Grèce. La Russie, intéressée entre autres au sort des Orthodoxes grecs, souhaitait de plus en plus ardemment intervenir. Les Britanniques, quant à eux, désiraient limiter l'influence russe dans la région. D’après des informations selon lesquelles une flotte combinée turco-égyptienne devait attaquer l’île grecque d’Hydra, la flotte alliée intercepta la flotte turco-égyptienne à Navarin. Après un long bras de fer d’une semaine, la bataille commença et eut pour résultat la destruction de la flotte turco-égyptienne. Une expédition française fut ensuite envoyée dans le Péloponnèse pour superviser son évacuation par l'armée égyptienne en 1828, tandis que les Grecs obtenaient des succès contre les Ottomans en Grèce Centrale. La Russie déclara la guerre aux Turcs la même année. Sa victoire fut entérinée par le traité d'Andrinopole, en 1829. Ces interventions européennes précipitèrent la création de l'État grec. Le protocole de Londres (1830), signé par des représentants britanniques, français et russes, permit en effet l'affirmation de l'indépendance grecque que la Prusse et l'Autriche autorisèrent. La France, la Russie et le Royaume-Uni, appelées « puissances protectrices », gardèrent ensuite une influence notable sur le jeune royaume (sorte de protectorat, la Grèce étant endettée à la suite de différents emprunts contractés pendant la guerre et au début de la naissance de l'État).
La Grèce de l'indépendance à l'échec de la Grande Idée (1830-1923)
De 1830 à 1914, la Grèce progresse vers le nord avec la conquête de la Thessalie, de la Macédoine, de la Thrace, de la Crète, des îles de la mer Égée, grâce entre autres aux guerres balkaniques de 1912-1913 et 1913. La Grèce entra tardivement, aux côtés de la Triple-Entente, dans la Première Guerre mondiale (2 juillet 1917) mais les conflits consécutifs se poursuivirent jusqu'en 1923 pour se solder par une « Grande catastrophe » : la disparition de l'hellénisme en Asie mineure après deux millénaires et demi d'existence.
La Grèce depuis le traité de Lausanne
L'entre-deux-guerres (1923-1939)
De 1923 à 1941 se succèdent différents régimes : la République (1924-1935) suivi d'un rétablissement de la monarchie (1935) et de la dictature de Ioánnis Metaxás (1936-1941).
La République est proclamée le 25 mars 1924, à la suite des élections ayant donné la majorité au parti républicain. Le roi Georges II est destitué. Cette République dure douze ans, douze années agitées, ponctuées par des coups d'État militaires et des conflits frontaliers avec ses voisins, comme l'Incident de Pétritch en 1925, résolu par l'intervention de la Société des Nations. Venizélos parvient sur la fin (1928) à établir un régime à peu près stable. Mais un énième coup d'État voit la restauration de la monarchie en 1935.
L'année suivante, le général Ioannis Metaxas, devenu Premier Ministre, abolit la Constitution pour imposer sa dictature. Il instaure un régime totalitaire inspiré de Mussolini (Mouvement de la jeunesse nationale, salut fasciste, emprisonnement ou déportation des communistes). Cependant, en 1940, il saura s'opposer à la volonté d'invasion de Mussolini.
La Seconde Guerre mondiale et ses suites (1939-1946)
Le régime de Metaxas se termine, malgré la résistance militaire de la Grèce face à l'Italie (1940), dans un effondrement face à l'Allemagne (1941). Metaxas avait gardé une position extérieure alignée sur l'Angleterre (ainsi que le désirait le roi Georges II). Il avait opposé une fin de non-recevoir le 28 octobre 1940 à la demande de Mussolini de laisser libre passage aux forces fascistes sur le territoire grec ; ce coup d'éclat, malheureusement soldé par l'invasion allemande, a fait de ce « non » grec la fête nationale.
L'occupation est très dure (famine, fusillades, destructions). Résistance extérieure (gouvernement du Caire et armée grecque du Moyen-Orient) et résistance intérieure (EAM-ELAS et le KKE ; l'EDES ; l'EKKA) ne s'entendent pas. La libération précoce d'une partie de la Grèce par l'EAM (auto-administration) amène des conflits entre mouvements de résistance qui mènent à la guerre civile : conflit entre l'EAM-ELAS et l'armée britannique en décembre 1944 ; accord de Varkiza - également appelé « trêve de Varkiza » (février 1945).
La Conférence interalliée de Paris conclut le 14 janvier 1946 que l'Allemagne doit 7,1 milliards de dollars de réparations à la Grèce en raison du pillage organisé du pays par la 12e armée de la Wehrmacht. L'Allemagne ne paiera effectivement qu'un 60e de cette somme.
La guerre civile (1946-1949)
La fin de la seconde guerre mondiale ouvre directement sur la guerre civile, en raison des divergences d'intérêts et d'opinions qui traversent la Grèce, région stratégique à l'orée de la guerre froide.
D'un côté, les Anglais, puissance victorieuse, ne peuvent imaginer la Grèce dépourvue de son roi Georges II ; de l'autre côté, l'organisation résistante EAM (Front de Libération Nationale), qui souhaite un gouvernement démocratique d'union nationale, apparaît comme « rouge » aux yeux de Churchill. Le conflit prend de l'ampleur, les opinions se radicalisent de part et d'autre ; c'est la guerre civile, qui voit s'affronter l'armée régulière (marquée par la présence de la droite et de l'extrême-droite, qui vont jusqu'à se servir d'anciens « collabos » et autres anciens partisans de Metaxas) et l'armée des partisans (ELAS, aile armée du parti communiste grec, et EAM). L'armée régulière est soutenue par les Britanniques puis les Américains, tandis que l'URSS prodigue une aide aux partis de gauche.
Le conflit, sanglant, laisse plus de 200 000 morts et un pays ravagé. Les derniers combats, dans le Nord du pays, voient la victoire de l'armée régulière, en octobre 1949.
De la guerre civile à la dictature (1949-1967)
La reconstruction est difficile ; le pays reste divisé, la priorité est donnée à la lutte anticommuniste, et le gros de l'aide Marshall passe en dépenses militaires. De fait, depuis le début de la guerre froide, la Grèce est considérée par l'Occident comme un rempart contre le bloc communiste menaçant.
En 1946, la monarchie avait été rétablie, replaçant Georges II à la tête du pays. À sa mort l'année suivante, c'est son frère Paul Ier qui lui succède.
Le gouvernement, après des années de confusion, est constitué en 1951 d'une majorité de droite conservatrice dure, menée par le maréchal Alexandros Papagos. À partir de 1955 lui succède Konstantinos Karamanlis, étoile montante de la scène politique grecque, chef de l'ERE (Union nationale radicale). Durant les douze années de ce gouvernement (1951-63), le pays subit un régime de fer, que marquent atteintes aux libertés, censure, exactions de groupes paraétatiques. Cependant, c'est également une période de stabilité, durant laquelle la Grèce s'engage dans le développement économique : urbanisation et exode rural, développement du tourisme, de la marine marchande, normalisation des relations internationales (entrée dans l'OTAN en 1952, traité d'association avec la CEE en 1961). Le pays prend peu à peu sa place dans le bloc occidental.
Au début des années 1960, le climat politique se tend ; les critiques sont de plus en plus vives à l'égard du gouvernement. Les partis d'opposition (Union du Centre ou EK, Gauche démocratique ou EDA) voient s'affirmer la figure de Georgios Papandréou (EK). En 1963, un député de l'EDA, Grigoris Lambrakis, est assassiné par une opposition paraétatique. Cet évènement, qui inspirera Costa-Gavras pour son film Z, contraint Karamanlis, discrédité, à s'exiler à Paris après avoir perdu les élections.
La victoire de Georgios Papandréou auxdites élections, en 1964, annonce une période d'embellie démocratique. Mais le Palais et les militaires vivent mal l'ombre dans laquelle ils sont rejetés. Ils s'irritent d'un prétendu complot « communiste », ourdi par le propre fils du premier ministre, Andréas. Les relations entre le nouveau roi Constantin II et Papandréou deviennent si tendues que ce dernier démissionne, en juillet 1965. De nouvelles élections sont donc prévues, dont le résultat s'annonce évident : une nouvelle victoire du parti centriste de Papandréou.
C'est pourquoi, le 21 avril 1967, un efficace coup d'État de l'armée vient interrompre tout processus démocratique, ajournant définitivement les élections. Le groupe d'officiers à l'origine du putsch est secrètement soutenu par la CIA ; il inaugure la « dictature des colonels ».
La dictature des colonels (1967-1974)
La « dictature des colonels » est le nom donné au pouvoir politique en place en Grèce de 1967 à 1974, qui provoqua en outre l'exil du roi Constantin II monté sur le trône en 1964. Le roi avait en effet tenté un coup d'État, en décembre 1967, contre les colonels. Son exil, consécutif à cet acte de bravoure raté, laisse le colonel Geórgios Papadópoulos, à la tête des officiers, imposer une Constitution dictatoriale lui attribuant les pleins pouvoirs.
Les colonels n'ont pas de véritable programme ; ils se contentent de proclamer « l'ordre moral », de se présenter en champions de l'orthodoxie, avec pour mot d'ordre « la Grèce des Grecs chrétiens ». Le régime policier pourchasse les opposants, supprime les partis, remplit les prisons, bannit la gauche. De nombreux intellectuels fuient à l'étranger. Cependant, le régime trouve l'Occident, et notamment les Américains, indulgents à son égard ; les États-Unis accordent leur aide financière, car ces militaires grecs occupent un emplacement stratégique dans la guerre froide, sur le flanc sud-est de l'OTAN.
La résistance a mis du temps à s'organiser. Ce sont les étudiants qui déclenchent le processus de désintégration de la dictature, en 1973, par l'occupation de l'École polytechnique d'Athènes ; la répression est brutale : les chars sont lancés à l'assaut de l'université, faisant 40 morts et une centaine de blessés.
Mais le coup définitif vient de Chypre, en 1974. L'île, indépendante depuis 1960 (après avoir été colonie anglaise), peuplée d'une majorité de Grecs et d'une minorité turque, est alors gouvernée par le président et archevêque Makarios III. Ledit président cherche à se débarrasser des officiers grecs de sa garde nationale, attirant la réaction de l'ultra-nationaliste Ioannidis, furieux, qui lance une tentative d'assassinat de l'évêque et une tentative de putsch sur l'île. La Grèce et la Turquie, toutes deux puissances garantes, s'apprêtent à intervenir ; les Turcs vont débarquer, et la junte des colonels s'enfoncer dans le chaos.
La classe politique rappelle alors Karamanlis de son exil parisien, pour qu'il participe à la restauration de l'ordre démocratique. En juillet 1974, il est placé à la tête d'un gouvernement provisoire d'union nationale ; il est confirmé à ce poste, trois mois plus tard, par des élections triomphantes.
Karamanlis peut alors prendre deux décisions importantes : légaliser le PC et définir la nature du régime, par un référendum qui voit les Grecs se prononcer à 70 % contre le retour du roi. La Grèce devient une république parlementaire et entame sa marche vers la mondialisation et l'Union européenne.
Histoire récente
Après la dictature, la Grèce connaît une forte croissance économique, et des niveaux de vie jamais atteints auparavant, notamment grâce à la hausse du tourisme étranger en Grèce. Elle adhère à l'Union européenne en 1981, adopte la monnaie européenne en 2001. Le pays, qui est à l'origine des Jeux olympiques, accueille la compétition en 2004 à Athènes. À partir de 2007, le pays est touché par la crise économique mondiale venue des États-Unis, et connaît en 2009 une grave crise budgétaire qui le force à demander l'aide de l'Union européenne. Les causes de la crise grecque, attribuées dans un premier temps à la Grèce seule, sont en fait beaucoup plus complexes. Outre les effets de la crise mondiale, et les fautes de gestion des gouvernements grecs successifs, beaucoup de fonds d'investissements ont spéculé sur la dette, aggravant ainsi une situation précaire En 2013, et après plusieurs années de crise économique pendant lesquelles la notation financière du pays est revue à la baisse, la Grèce retombe officiellement dans le groupe des pays dits émergents, la presse grecque utilise le terme de βυθισμένη χώρα : « pays submergé »).
Au milieu des années 2010, le pays figure en première ligne de la crise migratoire en Europe, qui fait suite à la guerre civile syrienne.
Économie
À la suite des révélations sur le caractère abyssal de la dette publique et du déficit des comptes publics grecs, le pays traverse une violente crise économique. La notation financière du pays est constamment revue à la baisse, et fin 2013, il rejoint le groupe des pays émergents.
Les deux-tiers du territoire grec peuvent être exploités par l'agriculture (40 % des terres sont en prairies ou pâturages et un peu plus de 20 % en terres arables).
De nos jours, le port du Pirée est le plus grand port de la Grèce, mais la plupart des installations appartient désormais à des consortiums chinois. Globalement en 2010 les terminaux à conteneurs du port du Pirée ont traité un trafic de 863 808 EVP. D’ailleurs, le port du Pirée est devenu la plus grande concentration urbaine du pays après Athènes, Thessalonique et Patras.
Aujourd'hui la Grèce est la première puissance maritime du monde (devant le Japon), puisque sa flotte marchande dispose de 3 695 navires pour 244 850 578 tonnes de poids en lourd au 1er janvier 2013 (15,17 % du tonnage total mondial)
Communautés linguistiques et religieuses
Les citoyens grecs
Dans la population disposant de la nationalité grecque, 97 % parlent le grec et sont considérés comme orthodoxes par tradition, sinon par conviction. Les 3 % restant appartiennent à diverses minorités linguistiques comme les aroumains, les arvanites, les slavophones et les tsakones, ou religieuses comme les grecs catholiques, les juifs grecs et les musulmans. Pendant très longtemps, « être Grec » (« de souche ») supposait être locuteur usuel du grec et être orthodoxe : la place prépondérante de l'Église et le jacobinisme de l'État empêchaient la prise en compte des particularismes. Au xxe siècle l'intégration des orthodoxes non-hellénophones, puis l'immigration et la laïcisation de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle, ont fait évoluer ces perceptions : seuls les musulmans, considérés indistinctement comme « Turcs » par les dispositions du traité de Lausanne, sont décomptés à part. Pour le reste, la loi et l'état-civil, comme en France, ignorent l'origine ethnique des citoyens et considèrent que les libertés reconnues à tous les citoyens par la constitution sont suffisantes, et évitent des tensions nationalistes comme celles qui ont abouti à la dislocation de la Yougoslavie.
Les étrangers
En 2009, 906 000 étrangers vivaient en Grèce, soit 8,1 % de la population. Près des deux-tiers de ces étrangers étaient d'origine albanaise. Au recensement de 2011, les étrangers constituent 8,4 % de la population du pays et 52,7 % d'entre eux sont d'origine albanaise2. La plupart des étrangers viennent des Balkans et principalement des pays proches (Albanie, Bulgarie et Roumanie) dont la culture, les habitudes alimentaires et/ou la religion sont proches celles des Grecs (une partie d'entre eux ont d'ailleurs des ascendances grecques, mais pas assez pour bénéficier de la « loi du retour » permettant d'acquérir la citoyenneté). Leur arrivée a suivi la chute du bloc communiste et l'ouverture du rideau de fer. Les populations issues de l'immigration ont diversifié la mosaïque ethnique et confessionnelle préexistante.
Si les premiers migrants (des années 1970 et 1980) arrivaient de loin (Philippines, Pakistan et Afrique de l'est), ils sont moins nombreux au début du xxie siècle et principalement concentrés à Athènes et Thessalonique. La population étrangère est répartie sur l'ensemble du pays évitant localement la désertification. Ainsi, entre 1991 et 2001, tous les nomes du Péloponnèse ont perdu des habitants « grecs » sans que leur population totale diminue. Les immigrés travaillent principalement dans l'agriculture et le bâtiment pour les hommes ; dans le tourisme et les services à domicile pour les femmes. Ils représentent 20 % de la population active. La Grèce est, dans les années 2000, touchée par une vague d'immigration « de transit » venue du Moyen-Orient et d'Asie centrale qui cherche à gagner la France et surtout le Royaume-Uni. En 2010, 82 % des migrants entrés illégalement dans l'Union européenne passent par la Grèce. Les points d'entrée sont le Dodécanèse et l'Évros. Les migrants se concentrent ensuite à Patras en espérant embarquer à bord d'un ferry.
La crise financière des années 2010, due à la dérégulation mondiale et aux endettements de la Grèce, en partie consécutifs aux Jeux olympiques de 2004, a créé des tensions entre ces communautés et celle des citoyens grecs les plus touchés par la crise, qui se retrouvent parfois en concurrence pour les emplois les moins qualifiés.
Langues et identités ethniques
Comme en France, les statistiques grecques ne reconnaissant pas les identités ethniques, c'est un usage informel qui identifie les diverses communautés présentes principalement dans le nord du pays. Ainsi, autour de Flórina, près de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, vivent quelques dizaines de milliers de romanophones qui se disent « Aroumains » et de slavophones qui se disent pour certains « Slaves » ou Helléno-slaves, et pour d'autres « Macédoniens ». Les slavophones sont représentés par le parti politique Vinozhito (Arc-en-ciel) qui recueille autour de 5 000 à 6 000 voix et qui réclame un statut équivalent à celui des musulmans de Thrace mais se refuse au séparatisme.
Vers les xive et xve siècles, des populations chrétiennes d'Albanais et d'Épirotes se sont installées dans une vaste région regroupant Attique, Béotie, sud de l'Eubée, nord-ouest du Péloponnèse et îles du golfe Saronique. Ces populations ont apporté avec elles la fustanelle et le fez rouge devenus ensuite emblématiques de la Grèce. Cette communauté estimée entre 140 000 à 200 000 personnes parlait l'arvanite, langue albanaise encore parlée par les plus âgés des membres de la communauté. Présents à tous les niveaux de la société grecque depuis les origines du pays, ils se considèrent comme grecs et leur engagement historique pour la « grécité » est fort ancien. Leurs associations ne visent que des buts exclusivement culturels ; il en est de même pour les Aroumains romanophones (dits valaques) et pour les locuteurs du tzakone (une langue hellénique) qui, tous, se revendiquent de la communauté nationale hellénique (Elleniki ethniki koinonia).
En revanche, parmi les groupes linguistiques minoritaires, se trouvent aussi des citoyens grecs mais ne se revendiquant pas de la communauté nationale hellénique : Albanais musulmans (appelés « Tsamides »), Aroumains revendiquant une identité roumaine et Slaves revendiquant une identité bulgare ou slavo-macédonienne non reconnues par le gouvernement grec, Bulgares musulmans (appelés « Pomaques »), Turcs, Roms (dits Tziganes), Arméniens et Juifs.
Ces groupes linguistiques minoritaires parlent le bulgare, le slavo-macédonien (deux langues très proches l'une de l'autre), l'albanais, l'aroumain, le turc, le yévanique (judéo-grec) et le « ladino » (judéo-espagnol).
Les langues internationales
L'Anglais est parlé et compris par 17% des Grecs (2009), et est la langue de nombreux migrants (Érythréens, Nigerians, Éthiopiens, Pakistanais, Soudanais, etc.) L'Allemand est parlé par plus de 200 000 Grecs retraités, rentrés au pays, et qui travaillaient en Allemagne ou en Autriche, et l'Allemand est aussi parlé par 300 000 Grecs plus jeunes, qui travaillent surtout dans le secteur du tourisme. On trouve des Grecs Francophones surtout dans les classes aisées, l'élite, et aussi dans le secteur du Tourisme. L'Italien est aussi fréquemment parlé notamment dans les îles de la mer Egée ayant un passé italien lié aux anciennes thalassocraties de Gênes et Venise, ou qui furent des colonies italiennes entre 1912 et 1947.
L'Organisation internationale de la francophonie établie à environ 890 500 le nombre de locuteurs francophones en Grèce qui est membre de l'Organisation internationale de la francophonie et de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.
Les confessions religieuses
Les Grecs sont en très grande majorité de confession chrétienne orthodoxe (97 % de la population). Le poids des deux Églises orthodoxes autocéphales qui se partagent le territoire grec (Constantinople dans le nord, les îles Égéennes orientales et la Crète et Athènes dans le centre, le sud, les Cyclades et les îles ioniennes), a toujours été très important dans la société et l'économie hellénique. Il n'y pas de séparation nette entre l'Église et l'État, l'église possède de très nombreuses et importantes propriétés foncières et immobilières, est exemptée d'impôts, et même le gouvernement de gauche d'Aléxis Tsípras n'ose remettre en question ces avantages. L'article 3 de la Constitution règle les rapports entre les deux autorités, dont la plus influente n'est pas l'éta. Il faut néanmoins souligner que la Constitution de la Grèce garantit la liberté religieuse dans l'article 13.
Légalement, le traité de Lausanne de 1923 considère comme « turque » l'ensemble de la communauté musulmane ancienne de Grèce présente depuis la période ottomane et issue soit de migrations, soit de conversions. Cette communauté comprend les musulmans de Thrace (non englobés dans l'échange de populations entre la Grèce et la Turquie), estimés en 2011 à 150 000 personnes environ, soit presque un tiers des habitants de la région, principalement dans l'ancien nome du Rhodope, mais aussi les quelques milliers de musulmans du Dodécanèse intégrés avec leur région à la Grèce en 1946.
Cette communauté est dans sa grande majorité sunnite, mais inclut aussi des bektachis. Depuis 1923, le droit reconnu dans le traité de Lausanne à un enseignement en turc a fait progresser la langue turque au détriment des autres : en 2011 les deux-tiers de ces musulmans parlent turc, le dernier tiers est composé de Pomaques (musulmans bulgarophones, autour de 35 000) et de Roms islamisés. Les musulmans de Thrace qui ont souffert des relations entre la Grèce et la Turquie, parfois tendues, ont vu leur sort s'améliorer depuis les dernières décennies du xxe siècle : plus grande tolérance, discrimination positive et élus aux niveaux local et national.
Aux 150 000 « musulmans anciens » de Thrace et du Dodécanèse, s'ajoutent environ un demi-million de « musulmans récents » venus des Balkans (Albanais), d'Afrique et d'Asie (Pakistan). Leur situation diffère de celle des Grecs musulmans : ils n'ont pas de lieux de culte publics, se réunissent dans les appartements ou des entrepôts, sont en butte à l'hostilité d'une partie de l'opinion et des administrations, ainsi qu'à l'islamophobie en relation avec les tensions internationales et à l'afflux de migrants clandestins. Pew Research Center estime le nombre de musulmans en Grèce en 2010 à 527 000 soit 4,7 % de la population.
- Autres communautés religieuses minoritaires
Les catholiques de nationalité grecque sont autour de 50 000. Ils vivent principalement à Athènes et dans les Cyclades (Syros et Tinos surtout, héritage de la présence latine à la suite de la Quatrième croisade). Ils constituent ainsi encore la moitié de la population de l'île de SyrosN 7. Il s'agit ici de la minorité religieuse la mieux intégrée, même si cette confession n'est toujours que « tolérée » et que certains de ses membres continuent à être parfois mal considérés, surtout en lien avec l'actualité internationale (guerres de Yougoslavie par exemple). À côté des 50 000 catholiques grecs, on en compte plus de 200 000 autres, provenant principalement de Pologne et des Philippines.
D'autres chrétiens non-orthodoxes, moins nombreux, sont les membres des diverses Églises évangéliques venues en missions prosélytes depuis le début du xixe siècle. Le premier établissement d'enseignement secondaire à Athènes était le Collège évangélique fondé en 1831 par Jonas King. Une cathédrale évangélique fut construite en 1871 à Athènes. Les chrétiens évangéliques sont autour de 25 000, surtout présents à Athènes, Patras et Kateríni. Les 26 000 Témoins de Jéhovah sont considérés depuis 1983 comme membres d'une secte. Ils sont assez mal vus, en raison de leur refus du service militaire. Des aménagements leur ont été concédés avec un service civil renforcé. Il existe aussi des minorités orthodoxes. Ainsi, les Arméniens, descendants des réfugiés du génocide arménien ainsi que de l'échange de populations de 1923. Nombreux jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, ils sont aujourd'hui en nombre très limité en raison des retours vers la République d'Arménie.
La communauté juive grecque, présente en Grèce depuis le vie siècle av. J.-C. et encore très importante au début du xxe siècle (principalement à Salonique), a peu à peu diminué (déportation qui extermina 87 % de la population juive de Grèce, puis émigration vers Israël). Elle ne compte plus que quelques milliers de membres, principalement à Athènes et Thessalonique. Ils sont désormais victimes d'antisémitisme de la part des communautés musulmanes : il s'agit d'une retombée locale de l'antisionisme.
Les dodécathéistes olympiens sont considérés par l'église orthodoxe comme une secte d'apostats revenus au paganisme, alors qu'eux-mêmes se revendiquent comme héritiers de la religion grecque antique. Ils sont regroupés dans le mouvement Ellinaïs.
Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ce
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