Description
La Réunion est une île de l'ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département et une région d'outre-merfrançais.
D'une superficie de 2 512 kilomètres carrés, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à environ 700 kilomètres à l'est de Madagascar et à 170 kilomètres au sud-ouest de l'île Maurice. Il s'agit d'une île volcanique créée, par un point chaud : culminant à 3 071 mètres au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le sud-est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
Vraisemblablement repérée par les Arabes dès le Moyen Âge, La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du xviie siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom de Mascarin, elle devient sous celui de Bourbon une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des Guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848, remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
L'île connait une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974). En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme.
D'après le dernier recensement, la population était en 2014 de 842 767 habitants4, principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya,…)
Culture et patrimoine
Présentation
L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »60. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond: ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps... et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6 viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de Handball ayant joué pour le premier et jouant toujours pour le second en équipe de France de handball.
Tradition
Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare..), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi-clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.)
Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'Abolition de l'esclavage (Fête Caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique; il connaît même un regain: des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion, on le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
Tourisme
Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
Environnement et patrimoine naturel
L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation, elles font l’objet de plans de sauvegarde.
Net-Biome est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des Pays et Territoires d’Outre-Mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
- le parc national de La Réunion ;
- le parc marin de La Réunion.
En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le Muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la Direction régionale de l'Environnement
Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010.
Flore
L’île de La Réunion a la particularité de présenter une flore très variée. En effet on recense plus de 1 000 espèces de plantes sur l’île de La Réunion, 230 espèces différentes. Les différentes migrations y ont largement contribué au fil des siècles.
Faune
La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
Récif de corail
Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants.
Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif ») peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12% du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km², sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St Gilles), St Leu, L'Étang-Salé et St Pierre.
Biodiversité marine
Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les 10 principaux « hot spots » de biodiversité mondiale. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidae), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux, plus de 1300 espèces de mollusques, plus de 500 espèces de crustacés, plus de 130 espèces d'échinodermes et plus de 1000 espèces de poissons.
Les eaux plus profondes de La Réunion accueille des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
Histoire
Bouleversements révolutionnaires
Le , pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion » en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du , et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons. Le , l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
Pendant les guerres napoléoniennes, l’île passe en 1810 sous domination britannique après la campagne de Maurice, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement pour se voir substituer la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte, par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalités liés aux événements des dix dernières années conduisent le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
Le , l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le et reste à ce poste jusqu’au . L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour remplir ses besoins en sucre. Malgré sa politique d’aménagement et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l’île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la Pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
Guerres et modernisation
La seconde moitié du xixe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du xixe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants.
La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. L’aviateur Roland Garros se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats.
Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
La Seconde Guerre mondiale est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le , un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre.
Départementalisation et occidentalisation[modifier | modifier le code]
Le , La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
Au début des années 1960, La Réunion fût envisagée comme site d'essais nucléaires.
Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
En mai 2004, la Commission de l'Union africaine émet un Plan stratégique dans lequel le continent africain désigne l'occupation étrangère de La Réunion, considérée comme africaine.
Une population colorée et métissée
La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'ouest et du sud-est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du sud de la Chine notamment de Canton et bien sûr d’Europe (les Yabs), toutes arrivées dans l’île au cours des différentes phases de la colonisation et du développement de l’île. Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
Les premiers colons, au xviie siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays (on ne peut pas encore les désigner comme esclaves). À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du xviiie siècle (37 000 esclaves en 1789. Au début du xixe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
Après l’abolition de l'esclavage, en , les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du xixe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Toutes ces communautés ont tendance à se fondre dans un creuset, dont résulte un métissage qui fait émerger un type « créole », et également une culture créole…
La période esclavagiste a constitué une époque de racisme et d’antagonisme exacerbés entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métisses.
Ce métissage précoce a probablement permis d’atténuer plus rapidement les douleurs de la période esclavagiste, qui s’est achevée le à La Réunion, une date fériée depuis 1981, commémorée localement sous l’appellation de Fête Caf' (« Fête des Cafres »).
Langues
La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre.
Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée, on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales ».
Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien
Religions
Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
Transport
La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le nord au sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
Transports routiers
L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009, permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
Transports maritimes
Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le nord-ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
Transport aérien
L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
- l’aéroport Roland-Garros, le plus grand, est situé à Sainte-Marie près de Saint-Denis, au nord de l’île ; en liaison directe avec les villes de Métropole, de Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nantes, Bordeaux, mais également des destinations internationales telles l'île Maurice, Antananarivo, Nosy Be, Johannesburg, Bangkok…
- l’aéroport de Pierrefonds situé à Saint-Pierre, dans le sud, n’a pour l’heure qu’une capacité limitée à la fonction de navette vers l’aéroport principal et d’aérogare pour les vols insulaires en direction de l’île Maurice, de Paris avec escale à l'aéroport de La Réunion Roland-Garros et à Madagascar.
Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
source https://fr.wikipedia.org/wiki/La_R%C3%A9union
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La Réunion
Réunion
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