Description
Ouessant [wɛsɑ̃], en breton Eusa [ˈøsa], est une commune insulaire du département du Finistère, dans la région Bretagne, constituée pour l'essentiel par l'île d'Ouessant dans l'océan Atlantique. Le bourg d'Ouessant s'appelle Lampaul. Ses habitants sont appelés les Ouessantins. Ouessant fait partie du parc naturel régional d'Armorique et du parc naturel marin d'Iroise.
Géographie
Le territoire de la commune d'Ouessant est essentiellement constitué de l'île d'Ouessant, entourée de plusieurs îlots, dont le plus gros, au nord, est l’île de Keller, parfois dénommée à tort sur certains documents « Kereller » (0,28 km ). L'îlot de Youc'h Korz est situé dans la baie de Lampaul. On compte également des rochers et autres récifs abritant pour certains des phares (Kéréon, Nividic, La Jument).
Distante de vingt kilomètres de la côte ouest du Finistère, longue de huit kilomètres et large de quatre, l'île principale est la terre la plus occidentale de la France métropolitaine si l’on excepte le rocher de An Ividic à quelques encablures de là, sur lequel est ancré le phare de Nividic.
L’île d'Ouessant est séparée de l’archipel de Molène par le passage du Fromveur, un froid et puissant courant marin (8 à 10 nœuds) résultant d’une faille locale de 60 m de profondeur.
La répartition de l'habitat
Le bourg d'Ouessant est situé à Lampaul, bourg qui s'appelait autrefois Saint-Michel .
Environnement
Environnement global
Par sa situation très pélagique, à une convergence de routes migratoires, Ouessant est une étape privilégiée pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs ou perdus en mer, y compris des espèces rares en Europe, et des espèces néarctiques. Le Centre d'études du milieu d'Ouessant accueille toute l'année les scientifiques et les observateurs amateurs. Il est situé près du phare du Creac'h. Ouessant bénéficie du label de réserve naturelle de la biosphère depuis 1988.
L'île est néanmoins la première victime des arrivées de mazout lors des marées noires. Fort heureusement, celles-ci sont relativement rares. Non loin se trouvent plusieurs dépôts de munitions immergées (dont tabun et sarin), ceci n'affectant en rien l'environnement sur l'île.
Végétation et culture
La côte sud est beaucoup plus riche en végétation que la côte nord. On y trouve énormément de bruyère et d'ajonc, ainsi que de diverses sortes de fleurs sauvages et colorées à l'abri d'un mur ou au coin d'un buisson. Les ronces poussent à profusion sur l'île, et les mûres sont réputées pour leur qualité, elles se cueillent traditionnellement afin de réaliser tartes, confitures, sirops ou autres délices sucrés.
La côte nord est en revanche beaucoup plus sauvage. On n'y trouve que de vastes parterres d'herbe. Les arbres sont assez peu nombreux à Ouessant. Aucune véritable forêt n'existe, et les seuls arbres se trouvent dans les jardins des particuliers ou dans le Stang ar glan (vallon humide situé au centre de l'île) ainsi qu'à proximité des lavoirs.
L'île d'Ouessant est une terre peu cultivée. Cependant, malgré l'exposition des sols aux vents et au sel, l'agriculture reprend petit-à-petit sa place dans l'île. Depuis quelques années, les habitants n'hésitent pas à consacrer quelques parcelles de terrain à la culture de pommes de terre, de carottes, de salades ou autres légumes de base. L'île espère d'ailleurs obtenir son label rapidement.
Faune
L'isolement dû à l'insularité, a favorisé l'émergence d'espèces endémiques, caractérisées par leur relatif nanisme. Si les chevaux nains d'Ouessant, ont disparu, l'île possède toujours, même si elle a été menacée de disparition, sa propre race ovine, le mouton d'Ouessant, la plus petite espèce de moutons au monde.
« Il existait jadis une race de moutons nains. Elle tend à disparaître, comme a disparu une race également naine de chevaux . (...) Pendant l'hiver, ils sont libres. Pendant les quelques mois de la récolte, comme on ne peut pas les parquer comme à Molène dans un îlot, on les entrave. Ce sont les gamins qui ont mission d'aller les changer de place. Seulement les gamins, ça oublie. Alors de temps en temps on retrouve un mouton étranglé. Ces moutons en liberté, comment s'y reconnaître ? Chaque famille a une marque déposée, enregistrée à la mairie, une combinaison de trous dans l'oreille, et chacun reconnaît les siens. Ceux qui n'ont pas de marque sont présentés trois fois de suite au printemps, à la sortie de la messe. Si l'on ne retrouve pas leur propriétaire, on les vend au profit du bureau de bienfaisance. L'hiver, le vent cavalcade sur la falaise. Alors, on a fabriqué des abris à moutons : à hauteur de mouton, un noyau de pierres avec trois petits murs rayonnant en étoile. Selon la direction du vent, les moutons se tassent, pour dormir sous la lune, dans l'un ou l'autre des trois crans . »
Autrefois, les moutons étaient laissés en liberté du 15 juillet au 15 mars, puis le troupeau était parqué dans la presqu'île d'Ar Lan jusqu'à la Saint-Michel, pour éviter que ces animaux ne ravagent les champs avant les récoltes. Chaque année encore, au début du mois de février, tous les moutons de l'île d'Ouessant rentrent au bercail. Deux foires aux moutons sont organisées pour que les propriétaires viennent les récupérer, l'une à Pors Gwen pour les moutons de la moitié sud de l'île, l'autre dans le nord de l'île.
L'insularité a aussi favorisé le maintien d'espèces disparues ou en voie de disparition sur le continent. Ouessant est ainsi devenu le sanctuaire de l'abeille noire (Apis mellifera mellifera): cette espèce, qui avait presque disparu de France, est bien conservée dans l'île, milieu préservé des pollutions et des pesticides et à l'abri du varroa. Cette race d'abeilles a presque disparu du continent, remplacée par l'abeille jaune . L'association "Conservatoire de l'Abeille Noire Bretonne" protège, sauvegarde et développe cette race d'abeilles et vise à la réintroduire dans tout le Grand Ouest français .
Par ailleurs, Ouessant et l'archipel de Molène abritent une colonie de phoques gris, qui est la plus méridionale d'Europe, principalement à la Pointe de Cadoran, sur la côte nord d'Ouessant, ce qui s'explique par les forts courants marins qui homogénéise la température de l'eau de mer, qui ne dépasse guère 15 degrés, les phoques gris ne supportant pas une température plus élevée.
Ouessant est aussi une terre d’accueil pour observer à l’automne les migrations des oiseaux sibériens et de nombreuses espèces exotiques, parmi lesquelles le pouillot à grands sourcils, le gobe-mouche nain, le bécasseau tacheté, la grive mauvis, le goéland à bec cerclé, le pipit de Richard, le chevalier grivelé, le phragmite des joncs, le traquet motteux, le grand gravelot, les sternes, les pétrels, les puffins et les fous de bassan .
La place de l'eau
Le lac de Merdy est situé dans le Stang ar Glan et est divisé en deux parties par un barrage. Il s'agit du seul point d'eau douce de l'île. Il alimente par ailleurs naturellement plusieurs lavoirs dont quelques spécimens anciens sont toujours en état.
Climat
L'île d'Ouessant dispose, comme beaucoup d'autres îles de Bretagne nord ou de Normandie, d'un micro-climat. Ainsi, il peut faire très mauvais sur le continent alors que le soleil règnera en maître sur l'île. Le cas inverse est plus rare mais peut également se produire. Lorsque le brouillard s'installe sur Ouessant, il peut durer quelques heures comme il peut s'installer pendant plusieurs jours.
Les averses de pluie sont généralement très violentes et peuvent paraître longues. En revanche, lorsque le soleil s'établit sur l'île, les températures peuvent grimper très vite. Ainsi, les prévisions de température faites par Météo-France sont généralement plus basses que la réalité.
Les canicules sont absentes sur l'île. En effet, Ouessant est balayée quasi-continuellement par les vents, ce qui régule significativement la température de l'air.
L'île d'Ouessant a un climat de type Cfb (Océanique) avec comme record de chaleur 29,4 °C le 2 août 1990 et comme record de froid -7,7 °C le 13 janvier 1987. La température moyenne annuelle est de 11,9 °C. Les gelées y sont très rares (4 jours par an en moyenne contre 15 jours à Brest) .
Communes limitrophes
Ouessant est une commune insulaire et ne possède pas de contact terrestre avec une autre commune. Cependant, l'Île-Molène est située à 9 km au sud-est d'Ouessant.
Voies de communication et transports
L'île d'Ouessant est accessible par avion ou par bateau :
- Compagnie aérienne Finist'air, au départ de l'aéroport de Brest Bretagne. Il faut compter une quinzaine de minutes de vol, à bord de deux Cessna 208 Caravan, d'une capacité de 9 places et 500 kg de fret.
- Compagnie maritime Penn Ar Bed, au départ de Brest, Le Conquet et Camaret-sur-Mer (en saison) : avec l'Enez Eussa 3, l'Enez Edig, et le Fromveur 2.
- Compagnie maritime Finist'mer, en juillet et aout au départ du Conquet et de Lanildut avec le St-Vincent-de-Paul et le Rose Héré.
Liaisons « taxi » à bord de zodiacs à grande vitesse (12 places).
Toponymie
Le nom de l'île est attesté sous les formes Ouxisama ou Uxisama (av. J.-C.), Axantos au i siècle, Uxantis au iv siècle, Ossa insula en 884, 1045 et vers 1330, Ossan en 1185, Exsent en 1296, Oissant en 1351, Ussent au xiv siècle, Oessant au xv siècle, Oyssant, Ayssant, Aissent en 1542 . Le nom d'Ouessant est issu sous sa forme initiale Uxisama (Oυξισαμη), utilisée par le géographe grec Strabon, du celtique continental signifiant « [l'île] la plus haute » , c'est-à-dire, par extension du sens, « l'île la plus éloignée du continent » . La forme gallo-romain uxantis désigne des "avancées (terrestres) en élévation", il s'agit d'un langage d'amers qui s'applique évidemment à l'archipel d'Ouessant, d'où la qualification préalable d'île alors que le mot breton Eusa, dérivé de Uxisama, n'en a nul besoin.
Histoire
Préhistoire et Antiquité
Ouessant est une île depuis les temps préhistoriques. À la fin de la dernière ère glaciaire, elle était déjà séparée du continent. Les éléments d'occupation les plus anciens remontent à 1 500 av. J.-C. On a découvert un village préchrétien ayant existé pendant de nombreux siècles à Ouessant, signe d'une civilisation déjà ancienne. On peut en retrouver les traces sur le site archéologique de Mez Notariou dans le centre de l'île, près de la côte Saint-Michel, étudié par l'archéologue Jean-Paul Le Bihan .
« Les fouilles menées depuis 1988 livrent les vestiges remarquables et spectaculaires d'un village de transition Bronze final - 1er âge du fer construit en bois et argile crue (...), des activités sporadiques de la Tène III et d'époque gallo-romaine. (...) Les 3 600 m actuellement étudiés livrent 2 500 trous de poteaux, 120 bâtiments, 120 000 tessons de céramique . »
Les restes de deux villages, habités par plusieurs centaines de personnes (une véritable agglomération pour l'époque) ont été retrouvés, attestant de l'occupation du site sur une période allant de 4 000 ans av. J.-C. jusqu'au début du vi siècle de notre ère. Le premier village (âge du bronze, entre 1 500 et 1 300 avant notre ère) est caractérisé par des fondations incluant des dalles de pierre trouées destinées à supporter des poteaux de charpente. Le second village est daté de l'âge du fer, vers 700 av. J.-C. ; les ancêtres des Ouessantins vivaient de la culture des céréales, de pêche, d'élevage ; ils pratiquaient la métallurgie, la poterie . La découverte de dizaines de milliers de patelles, des patella vulgata dénommées "berniques" en Bretagne, suggère l'existence d'un culte voué à ce coquillage. « Là, il y avait (…) une zone d'activités sacrées, un sanctuaire utilisé par tous les Ouessantins et les marins de tous horizons. Le voyage s'accompagne toujours de superstitions et de croyances. (…) Ce qui est unique, c'est que ce lieu soit resté un sanctuaire pendant 2 000 ans. (…) On a trouvé une bernique moulée en bronze . (…) Un peu comme le scarabée est un animal sacré en Égypte, il se peut que la bernique ait joué un rôle religieux » dit Jean-Paul Le Bihan . Le culte important voué à ce coquillage; qui pourrait par sa forme symboliser la féminité et la fertilité, pourrait être un culte voué à la déesse-mère. Artémidore, géographe du i siècle av. J.-C., évoque un culte à Cérès, déesse de la fertilité, dans une île proche de la Bretagne, qui est peut-être Ouessant. Par ailleurs, des milliers d'ossements d'animaux, et dans 70 % des cas, des os d'épaules droites, ont aussi été découverts près de ce sanctuaire, sans que cette particularité soit pour l'instant expliquée. « Cela renforce l'idée qu'Ouessant était, à cette époque, un passage obligé sur les routes de l'étain. L'île devait être une escale où on réparait les navires, où l'on faisait le plein de provisions et d'eau et où l'on embauchait des pilotes pour franchir la Mer d'Iroise » pense Jean-Paul Le Bihan .
L'île était un repère pour les marins de l'Antiquité (Carthaginois, puis Grecs et Romains) qui faisaient le commerce de l'étain avec les Îles Cassitérides (Cornouaille ou Sorlingues) : le géographe grec Strabon la désigne sous le nom d'Oυξισαμη (Ouxisame), Pline l'Ancien comme Axanta, mais le nom latin ou gallo-romain usuel est Uxantis.
Le cromlech de la presqu'île de Pen-ar-Lan , qui a une forme ovoïde (un "œuf mégalithique" formé de 18 blocs de 0,60 m à 1 mètre de haut, réunis par un talus, en fait un petit muret de pierres, dessinant une ellipse de 13 m dans son axe est-ouest sur 10 m dans son axe nord-sud), était peut-être un monument astronomique préhistorique ; une autre hypothèse en fait un coffre sépulcral mégalithique. Au centre se trouvaient deux menhirs qui ont disparu. Le site a été fouillé en 1988 par les archéologues Jacques Briard et Michel Le Goffic .
Paul Gruyer, dans son livre Ouessant, Enez Heussa, l'île de l'Epouvante , publié en 1899, rapporte l'ancienne tradition orale qui faisait d'Ouessant la mythique Thulé, tradition déjà rapportée un siècle plus tôt par Jacques Cambry dans son Voyage dans le Finistère... Cette hypothèse est rejetée par les historiens désormais.
Au iv siècle av. J.-C., le navigateur marseillais Pythéas, qui s'est rendu jusque dans les Îles Britanniques et la Scandinavie, suivant la route de l'étain et la route de l'ambre, découvre aussi au passage le cap Kabaïon ( = la Pointe de Penmarc'h) et Uxisama, le pays des Œstrymni ( = Ouessant) .
Origines
Pol Aurélien (saint Pol) aurait débarqué à Ouessant en 517, traversant la Manche depuis la Bretagne d'alors (Grande-Bretagne actuelle) sur un vaisseau de pierre, dit la légende ; venu convertir les insulaires, restés païens, il aurait construit un monastère à Pen-ar-Lan. Le bourg d'Ouessant porte son nom (Lampaul , "l'ermitage de Paul") et l'église paroissiale lui est dédiée.
« C’est dans cette île que saint Paul-Aurélien vint aborder, avec douze disciples et autant de jeunes gens nobles de sa parenté. Il trouva une station sûre à la pointe extrême de l’île, dans un lieu dit Port-des-Bœufs, Pors-Boum ; mais étant débarqué, il s’établit dans un lieu appelé Arundinetum, près d’une fontaine très limpide . »
Parmi les disciples de Pol Aurélien, saint Gweltas (saint Gildas) aurait lui établi son monastère à la pointe de Pern , non loin du hameau qui porte son nom : Locqueltas (plusieurs chapelles Saint-Gweltas successives ont existé sur le même site mais la dernière, en ruine depuis fort longtemps, a été remplacée par la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Voyage construite entre 1884 et 1886 ), mais une fontaine Saint-Gildas existe toujours à proximité et saint Guénolé dans la presqu'île de Feunteun Venlen où subsistent les ruines d'une chapelle Saint-Guénolé.
Le monastère construit par saint Pol à Ouessant existait encore à la fin du x siècle, lorsque, vers 990, saint Félix, qui était à la Cour du comte de Cornouaille, à Quimper, « ayant ouï le récit de la vie que menaient les religieux du monastère de Saint-Paul de l'île d'Ouessant, il s’y en alla ». Saint Félix, décédé en 1038, fut donc ermite à Ouessant, puis réfugié à l'abbaye de Fleury (actuellement Saint-Benoît-sur-Loire), restaura l'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys en Bretagne ; célébré localement le 9 mars .
L'abbaye Saint-Melaine de Rennes possédait de nombreux biens dispersés dans six des neuf évêchés bretons, dont un prieuré à Ouessant ; son emplacement précis reste incertain, probablement au bourg de Lampaul. ce prieuré existait encore en 1781
Époque moderne
Ouessant du xvii siècle au xix siècle est l'objet de très nombreux ouvrages qui sont recensés sur un site Internet .
Le xix siècle
La tradition de la contrebande
Les privilèges fiscaux attribués aux insulaires et la tradition maritime des Ouessantais expliquent l'importance traditionnelle de la contrebande, en particulier avec les Îles britanniques (les contrebandiers étaient appelés les "smogleurs", par déformation du mot anglais smuggler, qui signifie "contrebandier") en raison de la situation géographique de l'île. L'exemple le plus connu est celui de Les Cinq Sœurs :
« Le 2 août 1818, le sloop Les Cinq Sœurs, qui appartient à Bienaimé Labbé Blanchard, du Conquet, vient mouiller dans le port de Porspaul. Habituellement, il navigue entre les îles et le continent avec comme fret principal les cendres provenant de la combustion du goémon dans les îles de l'archipel de Molène ou Ouessant ; mais cette fois-ci ce bateau est allé charger clandestinement à Guernesey du tabac et des marchandises diverses, que l'équipage débarque nuitamment, mais il est surpris par le garde-champêtre. Le propriétaire du bateau, ainsi que Charles Balanger , négociant et ancien maire d'Ouessant, syndic des gens de mer d'Ouessant, furent condamnés par le tribunal de Brest chacun à une amende de 500 francs, le bateau et les marchandises furent confisqués . »
La première moitié du xix siècle : les moulins de l'île
Dans une lettre datée du 21 mars 1822, l'administrateur du Conquet évoque encore les plaintes des Ouessantins à propos des contributions qu'ils doivent payer désormais et qui seraient désormais « d'un tiers plus élevées que ne l'étaient les quatre autres ensemble » (c'est-à-dire les anciens impôts payés sous l'Ancien Régime comme la dîme, le vingtième, l'affouage, ..) et qu'« à cette surtaxe, il faut encore ajouter les droits de mutation et d'enregistrement imposés depuis peu ».
Le cadastre de 1844 indique 9 grands moulins dans l'île ; ils ont cessé de fonctionner entre 1850 et 1870 pour la plupart, le dernier en 1918, même s'il a subsisté plus longtemps de nombreux petits moulins familiaux pour moudre l'orge. Paul Gruyer, qui a visité l'île en 1898, écrit : « Une quantité de moulins à vent parsèment les champs ; non pas de grands moulins majestueux comme ceux de la Hollande, (…) mais de tous petits, très humbles. Quelques-uns même sont tellement minuscules, qu'à peine un homme peut s'y tenir debout ; un simple emboîtement de roues à engrenage, et une meule de pierre plus ou moins polie, y font une farine très primitive » . Des photographies d'un des moulins de l'île (moulin-pivot, dit aussi moulin chandelier), prises par Thierry Prat, sont consultables , aussi bien des vues extérieures du moulin que des vues de ses mécanismes intérieurs, en particulier de ses engrenages.
Gustave de Penmarch décrit ainsi la moisson faite par les femmes en 1840 : « Armées de leur courte faucille recourbée, elles sciaient les blés dorés, les liaient sur le sillon, et en chargeaient leurs petits chevaux, ardents et sauvages comme elles, mais dont la race commence quelque peu à s'abâtardir ; on les guide, sans mors ni fers, par une simple pince de bois qui leur serre les naseaux » .
Description d'Ouessant à la fin du xix siècle
Victor-Eugène Ardouin-Dumazet a décrit Ouessant qu'il a visité en septembre 1894. De larges extraits de sa description sont consultables sur un site Internet .
Le xx siècle
Avant la Première guerre mondiale
La station radiotélégraphique d'Ouessant, destinée aux échanges de correspondance privée avec les navires en mer, ouvre en 1904 .
Un testament de Charles-Eugène Potron daté du 9 janvier 1904 lègue une somme de 400 000 francs pour l'érection d'un phare « dans un des parages dangereux du littoral de l'Atlantique, comme ceux de l'île d'Ouessant ». La décision est alors prise le 18 novembre 1904 par le ministre des travaux publics de construire grâce au legs Potron le phare de la Jument .
En septembre 1903, le commissaire brestois venu pour expulser les Sœurs de la Sagesse en vertu de loi du 1 juillet 1901, qui tenaient une école dans l'île, est accueilli sous les huées des habitants . La querelle des inventaires a aussi concerné Ouessant : le journal Le Figaro du 8 décembre 1906 écrit :
« Le percepteur du Conquet a essayé d'inventorier l'église de l'île d'Ouessant. Sur la place, des femmes s'étaient rassemblées. Un colloque s'est établi entre le percepteur et le curé, en face de l'église qui était fermée. Le curé a refusé d'ouvrir les portes et a dit qu'il n'obéirait qu'à la force. Le percepteur s'est retiré et est retourné au Conquet . »
Le 11 décembre 1906, il est enfin procédé à l'inventaire :
« Pour la troisième fois , le gouvernement a mobilisé un régiment et des troupes pour aller inventorier l'église d'Ouessant. Comme l'on s'attendait à une réception plutôt fraîche, 3 à 400 hommes d'infanterie coloniale casernés dans l'île avaient été mobilisés pour garder les quais et les rues conduisant à l'église. Dès que le Titan a été aperçu, le tocsin sonne lugubrement. Le sous-préfet de Brest gagne l'église devant laquelle une foule énorme est tenue à distance. Dès qu'apparaissent les autorités, une clameur énorme s'élève : « À bas les francs-maçons ! À bas les voleurs ! ». Le sous-préfet s'avance vers le recteur, M. Salaun, entouré de ses vicaires, et lui demande de faire ouvrir la porte. « Mes paroissiens m'en voudraient de livrer la maison de Dieu ». « Vos paroissiens », réplique le sous-préfet, « ne peuvent vous en vouloir d'obéir à la loi ». « Il y a une loi supérieure à la loi des hommes, c'est la loi de Dieu », conclut le recteur. Il n'y a plus qu'à faire les sommations et procéder à la fracture des portes. Dès que résonnent les premiers coups de hache, il se produit comme une décharge électrique parmi la foule qui pousse une formidable clameur. Bientôt la porte est entièrement hachée ; derrière se trouve un amas de tables, de bancs, de chaises, qu'il faut retirer. Dans l'église, une foule de femmes chantent pendant que s'opère l'inventaire. Il faut enfoncer également la porte de la sacristie et le coffre-fort, dans lequel il n'y a rien d'ailleurs. À 5 heures, tout était terminé. (...) À leur départ d'Ouessant, les commissaires de police et les agents du fisc ont été sifflés. Quand le remorqueur qui les transportait a quitté l'île, plusieurs feux de joie ont été allumés et la population a dansé autour . »
Les feux de la Saint-Jean en 1910
Un témoin décrit les feux de la Saint-Jean à Ouessant en 1910 :
« Un grand bûcher pyramidal, composé surtout d'ajoncs, seul bois qui pousse dans l'île, est dressé sur la pointe qui domine le port et qui fait face à la grande mer. À huit heures et demie, le clergé, en habit de chœur, précédé de la croix et accompagné d'un assez grand groupe de fidèles, s'y rand processionnellement en chantant l'hymne de la Saint-Jean. Puis il y met le feu et entonne le Te Deum. En un instant, grâce à une assez forte brise du large,ce n'est qu'un immense brasier d'où jaillissent des milliers de flammèches. Quand la combustion est bien avancée, la procession, notablement diminuée, rentre à l'église et on se disperse. Dans la plupart des hameaux, il y a des feux de proportions plus modestes. Chacun y contribue et apporte, qui des ajoncs, qui des morceaux de bois hors d'usage. Autour de ces feux, tout le quartier se donne rendez-vous. Les grandes personnes devisent entre elles ; les jeunes gens et les enfants s'amusent. Lorsque le feu est un peu tombé, on saute par-dessus. Parfois un maladroit ou un présomptueux manque son élan et tombe dans le brasier, d'où il se retire avec plus de peur que de mal. Je n'ai jamais vu d'accident sérieux. Un autre jeu consiste à soutenir quelqu'un par les aisselles et, par les pieds, à le balancer au-dessus du feu en comptant un, deux, ... neuf. Alors on le baisse jusqu'à toucher le brasier, à la grande terreur de ceux qui n'y sont pas habitués. Mais le plus pittoresque de la fête, ce sont les bispoun : on appelle ainsi des torches faites de toile goudronnée, d'étoupe, de cordages effilés, de brai et autres substances inflammables. Ces torches sont solidement fixées au bout d'un bâton. Les enfants et les jeunes gens se poursuivent, vont en courant d'un hameau à l'autre, en faisant tourner ces torches au-dessus de leurs têtes. L'effet est magique . Le même cérémonial et les mêmes amusements se reproduisent le 28 juin,à la veille de la fête de la Saint-Pierre . »
En 1911, Lionel Radiguet, né en 1857 à Landerneau, qui a pris le nom de Lionel O'Dogherty Radiguet, prônant un panceltisme intégral, se prétend "archidruide d'Ouessant" et rêve de créer un "collège des druidesses d'Atlantis" .
Émile Vedel publie en 1912 Île d'épouvante, roman dans lequel il décrit l'île d'Ouessant .
L'Entre-deux-guerres
Le Lichen caragheen était récolté dans les premières décennies du xx siècle : en 1915, Ouessant en produisit 80 tonnes, devance seulement par Plouguerneau (150 tonnes), Kerlouan et Plouescat (100 tonnes chacun) .
Les stations de sauvetage en mer
La station de sauvetage du Stiff a fonctionné de 1878 à 1953 ; celle de Lampaul fonctionne depuis 1866. Le premier canot de sauvetage à Ouessant est l'Anaïs, une petite baleinière à rames de 9,78 m de long, propulsée par 10 avirons, remisée au fond du port de Lampaul et mise à l'eau au moyen d’un chariot. La première maison-abri (13,25 m × 6,60 m) construite à Lampaul pouvait contenir ce canot d’une dizaine de mètres .
En 1938, deux nouveaux canots de sauvetage à moteur sont inaugurés : le Amiral Rigault de Genouilly, basé dans le port de Lampaul, et le Ville-de-Paris, basé dans le port du Stiff. Dans son discours, le commandant Cogniet, chef du service de l'inspection de la Société centrale de sauvetage des naufragés, dit que depuis sa fondation en 1886, la station de Lampaul a effectué 86 sorties de sauvetage au cours desquelles 140 personnes ont été sauvées et la station du Stiff, depuis sa fondation en 1884, 41 sorties de sauvetage au cours desquelles 60 personnes ont été sauvées . Il cite ensuite un certain nombre d'exemples de sauvetages (voir la partie ci-dessous consacrée aux « naufrages dans les parages d'Ouessant ») .
Les guerres du xx siècle
Le monument aux morts d'Ouessant porte les noms de 130 personnes mortes pour la France pendant les guerres du xx siècle, dont 84 pendant la Première Guerre mondiale, 38 pendant la Deuxième Guerre mondiale, 6 pendant la guerre d'Indochine, deux en 1949 à Brest dans des circonstances non précisées. La mention péri en mer apparaît 21 fois .
Le 10 mars 1937, dans les eaux territoriales françaises proches d'Ouessant, le pétrolier espagnol Conde-de-Zutersa, pétrolier gouvernemental, est canonné par un chalutier nationaliste espagnol. Touché par un obus, le canot de sauvetage d'Ouessant lui porte secours et le pétrolier se réfugie à Brest .
La Seconde Guerre mondiale
Aux yeux des Allemands, Ouessant, sentinelle avancée du continent, avait une importance capitale pour surveiller les trafics entrant ou sortant de Manche ainsi que pour la défense du port de guerre de Brest. Dès le lendemain de leur arrivée à Brest, les Allemands occupaient Ouessant (le 18 juillet 1940), leur garnison atteignant environ 300 hommes. Ils installèrent rapidement une station importante de surveillance maritime et aérienne au voisinage du phare du Stiff, station qui fut l'objet de quelques bombardements anglais, mais les dégâts furent limités. Les Allemands utilisèrent les cales du Stiff et de Lampaul pour acheminer le matériel et leur ravitaillement.
En 1944, les Allemands, avant de tenter de fuir l'île (ils quittèrent l'île sur la Ouessantine, mais une panne de moteur les contraignit finalement à regagner Lampaul et à se rendre aux résistants à Ouessant même), firent sauter le fort Saint-Michel ainsi que les installations électriques du phare du Creac'h, mais sans détruire le phare lui-même. Le phare du Stiff fut miné, mais un déserteur permit aux gardiens du phare d'éviter sa destruction. Des détachements de F.F.I. venus en barques de pêche se répandirent dans l'île .
Le 8 juin 1944, l'équipage du chalutier Joannes Baptista recueille 47 marins allemands dont le sous-marin venait d'être coulé par un bombardier américain .
La seconde moitié du xx siècle
Le peintre Jacques Burel arrive à Ouessant pour la première fois en juillet 1945 :
« L'île, alors, semble hors du temps. A 11 milles du continent, loin des innovations, on y a préservé des pratiques agricoles, techniques et sociales basées sur la solidarité : culture de la terre à la bêche, moissons à la faucille, battages au fléau ... « Tout donc me paraissait beau, à la fois nouveau et antique, en tout cas précieux et à noter de toute urgence comme tout ce qui est menacé » ... Rassemblés, ses dessins composent le portrait riche et nuancé d'une île éternelle : vastes espaces de champs ouverts, jardins bordés de murs de pierres sèches où poussent timidement quelques arbres, scènes de pêche à bord du Vive-Jaurès, atmosphère admirablement restituée du passage à bord du courrier où se côtoient les hommes et les bêtes . »
Le canot de sauvetage Patron François Morin, construit par le chantier Lemaistre à Fécamp, est mis en service en 1960 . Doté d'une double coque aux bordées croisées en acajou, insubmersible, autovidant, ce canot tout temps est un chef-d'œuvre de construction maritime en bois. Ce bateau a été rénové en 2009 par le chantier du Guip et est reconnu "Bateau d'intérêt patrimonial" et inscrit en septembre 2010 au titre des Monuments Historiques. En 35 ans d'activité, ce bateau fit 198 sorties de sauvetage .
À partir de 1961, Sein, Ouessant et Molène reçoivent deux fois par semaine leur courrier en hélicoptère .
Population et société
Démographie
Ouessant, selon un mémoire de 1685, était alors peuplée de 1285 personnes, regroupées en 296 feux et compte alors 250 hommes au plus en état de porter des armes. En 1759, selon un autre rapport, la population est regroupée en 315 feux ne donnant que 260 hommes en état de porter des armes (mais une douzaine sont alors prisonniers en Angleterre, 16 sont sur les bâtiments du Roi, de 27 à 30 sont occupés par le cabotage, de sorte qu'il ne reste que 200 hommes disponibles pour la défense de l'île) ; en 1772, un autre rapport cite 1950 habitants .
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du début des années 2000, les populations légales des communes sont publiées annuellement. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation . Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005 .
En 2014, la commune comptait 862 habitants, en diminution de -0,12 % par rapport à 2009 (Finistère : 1,32 % , France hors Mayotte : 2,49 %)
Culture locale et patrimoine
Patrimoine religieux
- Ouessant, « l'île du bout du monde », compte une église, deux chapelles, et pas moins de dix-huit calvaires, sur une superficie totale de 1 500 ha. Ces nombreuses croix s'inscrivaient sur le passage des processions.
- L'église Saint-Pol-Aurélien, construite entre 1860 et 1863 par l'architecte Joseph Bigot pour remplacer l'ancienne église en ruine, possède une nef avec bas-côtés de cinq travées, un transept et un chœur de deux travées accosté de deux chapelles. Son clocher fut construit en 1897 seulement, d'après des plans de Jean-Marie Abgrall, grâce à des dons anglais offerts en reconnaissance après le naufrage du Drummond Castle. L'église abrite les statues de Notre-Dame-d'Ouessant (la "Vierge au mouton"), la Vierge-Mère (datant du xvii siècle), sainte Anne, saint Pol Aurélien, saint Nicolas, saint Michel, saint Hilarion, saint Pierre, sainte Barbe ainsi qu'une proëlla du xix siècle en bois polychrome.
- La chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Espérance , dite aussi chapelle de Kerber, reconstruite en 1854.
- La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Voyage , dite aussi chapelle Saint-Gildas. Reconstruite en 1884 et restaurée en 1886 , sa fontaine était le but d'un pardon.
- D'autres chapelles ont disparu : chapelle Saint-Michel (située au centre de l'île), chapelle Saint-Guénolé (quelques ruines subsistent près de la pointe de Feunteun-Velen), chapelle Saint-Hilarion (à Pen-ar-Lan), chapelle Saint-Nicolas (à Lampaul), chapelle Saint-Félix (au nord-est du bourg de Lampaul), chapelle Saint-Evennec (près de Kerniguez), chapelle Saint-Annaëc. L'ancienne église paroissiale Saint-Paul a aussi disparu, l'actuelle église paroissiale se trouve à l'emplacement de l'ancienne église Notre-Dame.
- La plus vieille des croix de l'île est celle de saint Pol (1704). Surplombant la pointe de Pen Ar Lan, elle se dresse face à l'archipel de Molène. C'est là que saint Pol aurait débarqué et longtemps, un important pèlerinage a commémoré l'importance du lieu. Tout près de la croix, se trouve une pierre plate trouée de sillons, qui, selon la légende, auraient été tracés par les griffes du diable ; à l'extrémité de l'imposant bloc de pierre, située en contrebas, on devine l'empreinte des genoux de saint Pol.
- Dans le cimetière attenant à l'église Saint-Pol-Aurélien, se trouve le monument de la Proella, qui rappelle le lourd tribut payé à la mer par les Ouessantins. Le marin ayant péri en mer ne pouvant être inhumé en terre chrétienne, une petite croix de cire symbolisait son corps. On l'appelait la Proella, terme désignant à la fois la symbolique petite croix, et la cérémonie en elle-même. On veillait la croix avant de la porter en procession à l'église. Après l'office du défunt, on plaçait la Proella dans une urne de bois, et on ne la portait au cimetière qu'à l'occasion d'une visite de l'évêque ou d'une mission.
- La messe de l'Assomption est célébrée à la croix de Saint-Nicolas, patron des marins, faisant face à la baie de Lampaul, chaque 15 août. Elle est suivie de la bénédiction de la mer, dans la baie de Lampaul.
- La procession du Saint Sacrement existe toujours. En 1857, Jean-Marie Picart, alors recteur d'Ouessant, la décrivait ainsi : « Le lundi après l’octave du Saint-Sacrement, tous les ans, sous le nom de jubilé du Sacré-Cœur, commence un exercice spirituel qui consiste à faire tous les jours, pendant dix-neuf jours, sans compter les dimanches et fêtes, la procession à l’intérieur de l’église, en chantant les litanies du saint Nom de Jésus, et à dire la messe basse pour les paroissiens ». Elle se déroule le jour de la Fête-Dieu, la plupart du temps dans le haut ou le bas du bourg. Pour l'occasion, la population décore le parcours que suivra le cortège de dessins réalisés avec des pétales de fleurs.
Phares et feux
Ouessant compte deux phares sur ses terres, et trois phares en mer immédiate .
- Le Phare du Créac'h. Allumé en 1863, électrifié en 1888, ce phare, identifiable par ses bandes noires et blanches est le 2 phare le plus puissant du monde (voir Phare du Créac'h}. Situé sur la côte Ouest de l'île, il guide les navires dans le rail d'Ouessant, et signale l'entrée dans la Manche. À proximité se trouve sur un éperon rocheux une corne de brume installée en 1867: actionné depuis le phare, un dispositif achemine l'air jusqu'à la corne d'où il sort en émettant un son extrêmement puissant (d'une durée de 2 secondes toutes les 10 secondes) ; elle est surnommée vache à gibois tant son son rappelle un meuglement de ruminant; son son, par temps de brume, retentit dans toute l'île. Le phare du Creac'h abrite à ses pieds un musée des phares et balises.
Tous les phares de l'île sont télécontrôlés à partir du Créac'h.
- Le phare du Stiff est construit en 1695 sous Vauban, sur la côte nord-est de l'île. Il est allumé en 1700. Il surplombe l'île dans sa partie la plus haute, avec la Tour radar.
- Le phare de Nividic. Construit entre 1912 et 1936 à la pointe de Pern, arrêté 5 ans plus tard, il fut réhabilité et automatisé en 1959. C'est le Créac'h qui l'alimenta en électricité jusqu'en 1972, par le biais de pylones en béton (toujours présents), qui supportaient le téléphérique reliant le phare à la terre. À cette date, une plate-forme fut construite pour permettre aux hélicoptères de le ravitailler en carburant.
- Le phare de la Jument. Construit en 1904, au large de la pointe de Porz Doun, ce phare est classé dans la catégorie des enfers.
- Le phare de Kéréon. Ce phare a été bâti sur le rocher de Men Tensel (pierre hargneuse), en 1907. Surnommé le Palace en raison de ses planchers en marqueterie, ses lambris de chêne de Hongrie et son mobilier de valeur, Kéréon fut le dernier phare monument érigé en mer.
Autres amers et équipements :
- "Men Korn" est une balise cardinale Est marquant l'extrémité est de l'île. La première balise fut mise en place en 1856, mais elle fut reconstruite à plusieurs reprises. La tourelle actuelle, achevée en 1926 et haute de 29 mètres reçut un feu en 1953. Sa portée est de 8 Milles.
- La tour du Stiff, équipée d'un feu clignotant, a été construite en 1982, à la suite des naufrages successifs de l'Olympic Bravery et de l'Amoco Cadiz. Elle surplombe la mer de 136 mètres, et est équipée d'une antenne radar balayant le rail d'Ouessant situé à 50 kilomètres de là. Il s'agit d'un établissement du CROSS Corsen.
- La cloche sous-marine d'Ouessant fut construite à partir de 1909. Elle était située sur un rocher proche du phare du Creac'h, la "Roche-à-pic" . Une poutre métallique haubannée de 30 mètres de porte-à-faux permettait, par temps de brume, l'immersion d'une cloche électrique dont les sons étaient captés par la coque des navires croisant au large équipés d'hydrophones. La cloche fut supprimée en 1919 .
Bateau classé monument historique
Depuis 2010, l'ancien canot de sauvetage de l'île d'Ouessant le Patron François Morin, géré depuis 2006 par l'Association éponyme a fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 12 septembre 2010 .
Il avait obtenu préalablement le label BIP (Bateau d'Intérêt Patrimonial) de la Fondation du patrimoine maritime et fluvial depuis 2008.
Musées
Ouessant compte deux musées :
- L'écomusée de Niou-Huella présente les traditions ouessantines ;
- Le musée des phares et balises, situé au phare de Créac'h, retrace les évolutions technologiques de la signalisation maritime et présente l'histoire de la construction des phares .
Gastronomie
Le plat traditionnel d'Ouessant est le ragoût d'agneau sous la motte. Composé d'agneau, de carottes, de pommes de terre, d'oignons et d'ail, il cuit pendant quatre ou cinq heures dans une cocotte de fonte enfouie sous des mottes de tourbe incandescente . D'autres traditions ayant recours à ce mode de cuisson se perpétuent, comme le riz au lait dans les mottes, le farz oaled (pommes de terre, lait, farine, lard, pruneaux, raisins secs) et la chiljik (saucisse) fumée dans les mottes .
Équipements culturels
- Tour de l'île sur un ancien canot de sauvetage le "Patron François Morin"
- Balade en mer sur le gréement traditionnel Leier Eusa
- Conservatoire de l'Abeille Noire Bretonne Kevredigezh gwenan du Breizh :
- Au phare du Stiff se tient une exposition sur l'historique de l'association conservatrice de la dernière lignée génétique pure de l'Abeille noire bretonne.
- En 1988, l'ancienne salle des machines du Créa'ch a été reconvertie en salle d'exposition. On y admirera surtout la collection d'optiques monumentales.
- Depuis 2010, l'île s'est doté d'un tartan de kilt, officiellement enregistré auprès du Scottish Tartan Authority sous le nom de Eusa . Il est constitué des couleurs de l'île (jaune, rouge et noir) ainsi que de celles de la Bretagne (blanc, noir ainsi que bleu pour l'Armor et vert pour l'Argoat). Ce tartan est principalement porté lors du Salon du livre insulaire, et a donné naissance à l'association des porteurs de kilt ouessantins, Bro Ar Ruz Heol .
Salon et festival
Depuis 1999 se tient tous les ans à Ouessant un Salon du livre insulaire au mois d'août . La 18 édition se déroulera du 17 au 20 août 2016 sur le thème de l'Utopie. Le salon est gratuit.
Aussi, depuis 2008, un festival musical, nommé festival de l'ilophone, est organisé chaque année début septembre.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ouessant
Adresse
Ouessant
France
Lat: 48.455101013 - Lng: -5.097626209