Description
Le palais de l'Élysée est un hôtel particulier parisien, situé au no 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris, dans le 8e arrondissement. Il s'agit du siège de la présidence de la République française et de la résidence officielle du président de la République depuis la IIe République.
Les médias utilisent, par métonymie, l'expression « l'Élysée », pour désigner les services de la présidence de la République française.
Construit par l'architecte Armand-Claude Mollet en 1720 pour Louis Henri de La Tour d'Auvergne, comte d'Évreux, le palais de l'Élysée a une histoire illustre : cadeau du roi Louis XV à sa favorite, la marquise de Pompadour, en 1753, puis palais princier de Joachim Murat, beau-frère de Napoléon Ier, qui, en 1805, en fit sa résidence impériale. Son neveu, Napoléon III, y habita également.
IIIe, IVe et Ve Républiques
La chute de Napoléon III en 1871, met fin à l'époque monarchique du palais. Le président Adolphe Thiers n'y séjourne qu'un mois en 1872 et un mois au début de l'année d'après. Le 15 juillet 1873, le nouveau président Patrice de Mac Mahon y reçoit le shah de PerseNasseredin Shah (c'est le premier souverain étranger en visite officielle dans la nouvelle République) et s'installe définitivement dans le palais à partir de septembre 1874 avec sa femme et ses quatre enfants. Mais ce n'est que par la loi du 22 janvier 1879 que l'Élysée devient officiellement la résidence des présidents de la République française.
Pour les fêtes qu'il y organise, Mac Mahon fait agrandir l'ancienne salle de bal de Napoléon III (actuel salon Napoléon III) pour en faire une salle à manger d'honneur. Elle est doublée par son successeur, Jules Grévy, d'une serre, l'actuel « jardin d'hiver ». C'est ce dernier également qui fait installer les premières lignes téléphoniques, reliant les postes de garde du palais aux casernes voisines ; son gendre Daniel Wilson se fait aménager une salle d'armes. Sadi Carnot, voulant donner de la majesté à la fonction présidentielle, fait réaliser l'actuelle salle des fêtes (exécutée pour les festivités de l’exposition universelle de 1889 par l'architecte Chancel, dont les plafonds sont peints par Guillaume Dubufe et les murs ornés de tapisseries des Gobelins représentant l'histoire de Médée), inaugurée en 1889, donnant son aspect définitif extérieur à l'édifice ainsi qu'une énorme marquise vitrée sur toute la façade du corps central du bâtiment, ce qui vaut à l'Élysée d'être surnommé « le palais des singes ». De plus, il équipe le bâtiment central d'électricité. Le président, de même que son épouse, la Première dame Cécile Carnot organisent chaque année des garden-party et deux grands bals annuels, auxquels sont conviés 10 000 personnes ; l'arbre de Noël de 1889, en faveur de cinq cents enfants pauvres de Paris se conclut par une distribution de jouets et un spectacle. Le salon de l'Hémicycle est transformé en chapelle ardente pendant quatre jours lorsque la dépouille du président assassiné à Lyon est ramenée au palais, en juin 1894. Vers 1900, l'État fait l'acquisition de la statue en marbre du sculpteur Émile Joseph Nestor Carlier : La Musique et la Danse profane. C'est le 18 février 1906 qu'a lieu la première transmission de pouvoir présidentiel sur le perron du palais. Les modifications ultérieures toucheront essentiellement le décor intérieur et la modernisation des installations (le premier ascenseur est mis en place sous Armand Fallières, quand Raymond Poincaré complète l'électrification de l'Élysée, installe les premières salles de bains et le premier calorifère, Albert Lebrun fait installer le chauffage central). Pendant la Première Guerre mondiale, Raymond Poincaré fait coller des losanges de papier sur les vitres du palais pour éviter qu'elles ne soient fissurées par les vibrations des bombardements allemands.
Le 10 juin 1940, le palais accueille le dernier Conseil des ministres parisien de l'histoire de la IIIeRépublique, lors duquel le gouvernement décide de quitter Paris. Le 14 juin 1940, à 5 h 35, les Allemands hissent sur le toit leur drapeau rouge et noir à croix gammée. Il sert du 15 au 18 juin 1940 de camp de prisonniers à des soldats français et tirailleurs sénégalais qui ont défendu Paris jusqu'à ce que les Nazis libèrent le lieu le 28 juin 1940, après avoir vidé la cave à vins pour fêter l'armistice du 22 juin 1940. Abandonné entre 1940 et 1946 (des rumeurs prétendent que Maurice Thorez va y coucher après la débâcle de 1940, l'amiral Darlan l'occupe six mois à partir du 29 avril 1942), il n’a pas été réquisitionné par les Allemands, Hitler acceptant de laisser ce lieu symbolique vacant (il reste sous la garde de son concierge Jean-Baptiste Hanotaux, ancien poilu décoré, et un personnel de service restreint tente de le maintenir en état pendant toute la guerre) mais refusant que Pétain l'investisse. Une section de gardes républicains reprend le palais le 24 août 1944 lors de la Libération de Paris. Après guerre, il n'est pas occupé par les chefs d'États du Gouvernement provisoire de la République française : par exemple, le général de Gaulle élit résidence à l'hôtel de Brienne, siège du ministère de la Guerre. Il est entièrement rénové et modernisé par Vincent Auriol et la « Première dame de France » Michelle Auriol qui reprennent possession du lieu le 16 janvier 1947 : l'horloge du fronton, installée par Jules Grévy, les fenêtres adventices du corps central et la verrière servant de vestiaire installée par Sadi Carnot le long de la façade nord du bâtiment central (donnant sur la cour d'honneur) sont supprimées (on disait par exemple que l'horloge donnait à l'hôtel « l'aspect d'une gare de province »), ce qui permet de rétablir les sculptures primitives, de reconstituer les fenêtres du rez-de-chaussée (dont certaines avaient été transformées en porte) avec leurs balcons de fer forgé et de relever le niveau de la cour d'honneur. Les réverbères en fonte de Napoléon III sont quant à eux remplacés par des lanternes en fer forgé appliquées sur les parois. Les cuisines et les vestiaires sont installés en sous-sol. Tous ces travaux furent réalisés en seulement 3 mois, ce qui est remarquable vu l'importance de la tâche.
Charles de Gaulle occupe ce lieu qu'il déteste à cause de son histoire chargée (abdication de Napoléon, logement du duc de Wellington, coup d'État de Napoléon III, mort rocambolesque de Félix Faure, etc.) et de sa situation (hôtel exigu et désuet engoncé dans un quartier huppé, « palais de la main gauche, palais à femmes » selon le général), songeant à une translation de la présidence sur un autre site avec de larges vues (Invalides, École Militaire, le Louvre et surtout château de Vincennes dont la rénovation se révèle trop coûteuse). À partir de 1959, il définira l'organisation générale de l'intérieur du palais qui perdure jusqu'à aujourd'hui : au bâtiment central et l'aile Ouest les fonctions officielles (le rez-de-chaussée et l'aile servant aux réceptions et réunions officielles d'apparat, l'étage étant réaménagé pour accueillir les bureaux du président et de ses principaux collaborateurs), à l'aile Est les appartements privés (irrégulièrement occupés par les présidents qui s'attacheront pourtant tous à en changer la décoration) et aux communs entourant la cour d'honneur les bureaux de ses conseillers techniques, chargés de mission et de certains services techniques. Le Général utilisera comme bureau l’ancienne chambre de l'impératrice Eugénie, appelée salon Doré. Ce salon situé dans l'axe central du palais, servira de bureau à tous les présidents de la Ve République, excepté Valéry Giscard d'Estaing qui choisit comme bureau une pièce située à l'angle est du bâtiment central. C'est en 2011 le bureau d'Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République. De Gaulle transforme les appartements privés du premier étage du bâtiment central en bureaux, Georges Pompidou fait aménager une salle de projection dans les sous-sols et Valéry Giscard d'Estaing installer le PC Jupiter (« du nom du dieu qui manie la foudre »), qui dirige l'arme nucléaire et est en contact sécurisé avec le Commandement de la Base aérienne 921 Taverny77. Les installations militaires et sécuritaires sont désormais capables « d'abriter le président et ses conseillers plusieurs semaines d'affilée en cas de conflit ». Les nouvelles technologies sur les codes de dissuasion font que ce PC Jupiter n'est plus utilisé, le Président de la République ne visitant ce lieu de mémoire qu'une seule fois au début de son mandat.
Le palais est ouvert une première fois au public le 14 juillet 1977 par Valéry Giscard d'Estaing, mais l'expérience ne put être renouvelée en raison de la forte affluence de visiteurs, ingérable pour les services de sécurité (en trois heures, près de 10 000 visiteurs ont défilé en file continue dans les salons du rez-de-chaussée). En 1978, le même président créé la garden-party de l'Élysée, qui se déroule le 14 juillet ; elle est supprimée en 2010 par Nicolas Sarkozy pour des raisons économiques. Chaque année depuis 1990, lors des journées du patrimoine, le palais de l'Élysée est ouvert au public, certaines salles des appartements de l'aile Est ayant notamment été rajoutées à la visite à partir de 2007.
Évocation d'un autre lieu du pouvoir présidentiel
Au début de sa présidence, Charles de Gaulle trouve le palais peu adapté à la fonction. Le transfert de la présidence vers un autre lieu est étudié, plus particulièrement vers les Invalides ou le château de Vincennes pour disposer de plus de place, assurer une meilleure sécurité et pouvoir y accéder par hélicoptère. Face à la forte réticence des collaborateurs du « Général » et du personnel au service de la présidence, le projet n'a pas de suite, pas plus que celui de Valéry Giscard d'Estaing qui dit avoir songé à l'École militaire en 1978 et celui de François Mitterrand qui, dès son investiture le 21 mai 1981, envisage pareil transfert aux Invalides. La question est de nouveau à l'étude début 2008, mais la crise économique de 2008-2009 rendrait peu compréhensible ce changement nécessairement coûteux.
En , le plan Escale prévoit l'évacuation du palais de l'Élysée en cas de crue centennale à Paris. La présidence aurait alors préparé dans cette éventualité un repli sur le château de Vincennes, réputé sûr, et facilement aménageable. Cependant, la présidence de la République a assuré qu'un tel changement de lieu de présidence ne serait envisageable qu'en cas de nécessité.
Architecture intérieure
Le palais compte deux entrées principales : la grande entrée est située rue du Faubourg-Saint-Honoré, l'autre, la grille du Coq, se trouve au fond du parc. La grande entrée permet de pénétrer dans la cour d'honneur, et de là dans le palais et le vestibule d'honneur. Celui-ci se décompose en un bâtiment principal (l'ancien « hôtel d'Évreux » d'origine) de trois niveaux (en comptant les combles) flanqué de deux ailes (Est et Ouest), respectivement de deux et un seul niveaux, s'enfonçant dans le parc, et de communs entourant la cour d'honneur.
Bâtiment principal
Le corps de bâtiment (ou bâtiment principal) est encore appelé « hôtel d'Évreux ».
Rez-de-chaussée
Le rez-de-chaussée du bâtiment principal a une fonction purement officielle, accueillant des salons d'apparat servant pour les réceptions et les rencontres avec les hôtes étrangers ou pour la réunion du Conseil des ministres.
Vestibule d'honneur
Le vestibule d'Honneur, pavé de marbre blanc de Carrare et rouge royal belge, est orné de pilastres doriques. Le président François Mitterrand y installe en 1984 une sculpture d'Arman, nommée À la République française et constituée de 200 drapeaux de marbre blanc à hampe de bronze doré; le président Nicolas Sarkozy installera, quant à lui, des candélabres à seize lumières bronzées réalisés par Phierre-Philippe Thomire pour la manufacture royale de Montcenis83. Il est éclairé par un lustre de bronze doré à 30 lumières.
Donnant sur la cour d'honneur, c’est dans ce vestibule que le président de la République accueille les hôtes de marque et les chefs d’État étrangers.
Escalier Murat
L'escalier Murat a été construit, comme son nom l'indique par Joachim Murat, en 1806, aucun escalier d'apparat n'existant à l'époque pour monter à l'étage. Réalisé par les architectes Barthélémy Vignon et Jean-Thomas Thibault, il s'enfonce dans le mur est du vestibule d'honneur et débouche sur l'antichambre du bureau du président de la République.
Les rampes sont ornées de palmes dorées en bois, symboles de la victoire, et sur le palier se dresse une statue de Rodin, La Défense, réalisée en 1879 et symbolisant la résistance français lors de la guerre franco-prussienne de 1870. Sur les murs de l'escalier est accrochée depuis 1811 une toile, L'Europe, de François Dubois.
Salon Cléopâtre
Le salon Cléopâtre fut l'ancien cabinet de toilette de madame de Pompadour puis de la duchesse de Bourbon et de Napoléon Ier ; il fut ensuite aménagé comme bureau pour Napoléon III, situé à l'angle nord-est du bâtiment principal, il n'est aujourd'hui qu'un lieu de passage entre les différents salons d'apparat du palais. Le gros de son décor, remontant à l'époque où il était la « chambre verte » de Nicolas Beaujon, a été entièrement rénové en 199284. Il doit son nom à la tapisserie des Gobelins du mur ouest représentant "La rencontre entre Antoine et Cléopâtre à Tarse". Elle fut réalisée par l'atelier Audran entre 1759 et 1761 d'après un carton peint en 1756 par Charles-Joseph Natoire (actuellement exposé au Musée des Beaux-Arts de Nîmes) et commandé en 1740 par Philibert Orry, Directeur des Bâtiments du Roi, dans le cadre d'une série de sept compositions illustrant la "Vie d'Antoine"
Au sol est disposé un tapis tissé en 2005 par la Manufacture nationale de la Savonnerie d'après un carton original réalisé sous le règne de Louis XVI et reprenant la composition de celui qui ornait initialement la pièce à la fin du xviiie siècle. La pièce est également décorée avec un portrait de l'archiduchesse Marie-Christine d'Autriche (la sœur aînée de la reine Marie-Antoinette), réalisé au pastel, en 1767, par un peintre anonyme.
Salon des Portraits
Salon des muses de Nicolas Beaujon, salle de musique de Madame de Pompadour puis cabinet de travail de Napoléon Ier, Napoléon III décide de dédier la pièce aux plus importants souverains de l'époque, tous représentés par un portrait en médaillon (remplaçant ainsi ceux de la famille impériale installés à l'origine par Murat) : le pape Pie IX, l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier, la reine de Grande-Bretagne et d'Irlande Victoria, le roi d'Italie Victor-Emmanuel II, le tsar de Russie Nicolas Ier, le roi de PrusseFrédéric-Guillaume IV, la reine d'Espagne Isabelle II et le roi de Wurtemberg Guillaume Ier. La pièce a conservé ses boiseries blanches et or ornées de dragons réalisées entre 1720 et 1721 pour le comte d'Évreux.
Le salon, situé à l'angle sud-est du bâtiment principal et donnant sur le jardin du palais, accueille sous les IIe et IIIe Républiques le Conseil des ministres avant de devenir entre 1947 et 2007 une petite salle à manger permettant l'accueil d'une petite dizaine de convives et enfin, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, un bureau d’été pour le chef de l'État. De ce fait, un mobilier moderne commandé par l'État aux architectes Chaix et Morel en 1997 a été installé, se fondant ainsi dans le décor général datant des xviiie siècle et xixe siècles. À cette occasion, y est également installé le tapis dit « Polylobes » (500 x 375cm), tissé en 1999 par la Manufacture de la Savonnerie d'après un dessin du décorateur d'inspiration néoclassique Emilio Terry. Son successeur, François Hollande, ne conserve pas cette transformation et un tapis d'époque Restauration réalisé à la manufacture d'Aubusson pour le duc d'Angoulême d'après les dessins de Jacques-Louis de la Hamayde de Saint-Ange s'y trouve désormais.
Salon Pompadour
Ancienne chambre de parade des différents propriétaires aux xviie siècle et xviiie siècles, du comte d'Évreux à Napoléon Ier, elle est particulièrement modifiée par Madame de Pompadour qui transforme la grande alcôve rectangulaire originale encadrant l'ancien lit en une de forme semi-circulaire. A cette occasion, elle fait également installer une paire de bras de lumière Duplessis en bronze doré et porcelaine, réalisée en 1756 à la Manufacture de Sèvres, conservée au Louvre depuis 198590. Réduite sous Murat à une simple niche pour permettre la construction du grand escalier, c'est de cette alcôve, dont ne subsistent que les colonnes et les pilastres, que la pièce tira son nom de "salon de l'Hémicycle", jusqu'à la IVe République et la disparition totale de la niche durant la présidence de Vincent Auriol afin d'y aménager un ascenseur pour les vestiaires .
Un médaillon représentant la marquise réalisé par François-Hubert Drouais en 1743 est situé entre les fenêtres donnant sur le parc, témoignant également des modifications de madame de Pompadour.
Au mur est accrochée une tapisserie du xviie siècle réalisée à Amiens d'après un carton de Simon Vouet. Ellie représente un passage de l'Ancien Testament, où Élie est enlevé au ciel sur un char de feu devant Élisée. Le tapis qui orne la pièce, commandé par le roi Louis XV pour le château de Compiègne, fut réalisé par la manufacture de la Savonnerie. Le mobilier est entièrement d'époque Louis XV et Louis XVI. Il comporte une commode en marqueterie de bois de violette réalisée par Pierre Migeon, sur laquelle est posé un buste en marbre blanc de la reine Marie-Antoinette attribué à Jean-Baptiste Pigalle91 (1759) ainsi qu'un canapé et de fauteuils à dossier violon et pieds courbé recouverts de damas bleu et or à décor de fruits exotiques. Les dessus-de-portes, peints sous Napoléon III par Charles Chaplin, représentent quatre déesses romaines, Diane, Vénus, Junon et Minerve.
Après avoir servi de manière éphémère comme l'un des lieux de réunion du Conseil des ministres sous la IVe République, le salon Pompadour sert au président pour accorder des audiences à des invités de marque et plus rarement des dîners, comme celui de François Mitterrand avec les chefs d'État européens, après la chute du mur de Berlin, le 18 novembre 1989.
Salon des Ambassadeurs
Ancien grand salon de réception de Joachim Murat puis de Napoléon III situé dans le prolongement du vestibule d'honneur et donnant sur le jardin, le président Mac Mahon a introduit la tradition pour le chef de l'État d'y recevoir les lettres de créance des ambassadeurs étrangers nommés en France, d'où son nom. La tradition du président de la République recevant en jaquette les ambassadeurs dans ce salon s'est perpétuée jusqu'à Georges Pompidou. Il peut également servir de cadre à certaines réceptions officielles, et a accueilli certaines réunions du Conseil des ministres sous la IVe République. Elle a également été le théâtre de plusieurs cérémonies d'investiture du président de la République. Depuis 2014 et la constitution du gouvernement Valls, le conseil des Ministres se tient dans cette pièce.
Son décor, d'inspiration militaire, est celui d'origine, tel que réalisé pour le comte d'Évreux par Michel Lange d'après Jules Hardouin-Mansart. Les miroirs et les dessus-de-porte furent rajoutés en 1773 par Étienne-Louis Boullée pour Nicolas Beaujon. Le mobilier de la pièce comprend plusieurs pièces remarquables: une statuette équestre en bronze de l'empereur romain Marc Aurèle d'après celle du Capitole à Rome ainsi qu'une pendule en bronze ciselé et doré reprenant le thème mythologique de la chute de Phaéton. Cette pendule, due à Romain, a la particularité d'indiquer les mois, les lunaisons et la position des signes du Zodiaque à partir de son cadran 24 heures, peint par Dubuisson et représentant un ciel étoilé. Le mobilier quant à lui est essentiellement constitué de sièges garnis de lampas bleu et crème avec pour motif les quatre parties du monde, renvoyant à la fonction diplomatique de la pièce. Ils sont estampillés Georges Jacob à l'exception de deux marquises réalisées par Jean-Baptiste Boulard. Le tapis, lui aussi tissé par la Manufacture de la Savonnerie à partir de 1994, a été installé sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Durant l'été 2011, des travaux très importants sont entrepris dans le salon des Ambassadeurs. À la suite de cette restauration le mobilier y reste inchangé, à l'exception des rideaux bleus, posés sous la présidence de Jacques Chirac, remplaçant des rideaux crèmes installés sous la présidence de François Mitterrand.
Salon des Aides de camp
Utilisé pour quelques déjeuners et dîners officiels lorsque le nombre de convives ne dépasse pas le chiffre précis de 23, le Salon des aides de camp abrite un tapis rescapé du palais des Tuileries (qui se trouvait dans la salle du trône de Napoléon Ier, d'où la présence des abeilles impériales aux quatre angles, tandis que l'aigle figurant en médaillon fut remplacé à la Restauration par des fleurs de lys et le chiffre de Louis XVIII). Ce salon reçoit son nom sous le Premier Empire en hommage aux aides de camp de Napoléon comme Claude-François de Murat, le marquis de Caulaincourt ou le général Jean-Andoche Junot.
La cheminée de la pièce est une copie de celle située au château de Versailles, dans la chambre à coucher du roi Louis XIV. Sur la cheminée se trouve une pendule à cadran tournant dite pendule du bélier du fait de sa décoration représentant une tête de bélier et une grappe de raisin. Elle ornait le bureau présidentielle durant le mandat de Valéry Giscard d'Estaing.
Le décor d'ensemble a conservé son aspect d'origine, datant du comte d'Évreux. Cette pièce en enfilade donne au sud sur le jardin, à l'est sur le salon des Ambassadeurs et à l'ouest sur le salon Murat. Encadrées de boiseries, les peintures, réalisées par Charles Landelle pour l'empereur Napoléon III, représentent des allégories des quatre éléments, de la paix et de la discorde.
Salon Murat
À l'origine grande salle de réception de Joachim Murat formée à partir d'une petite chapelle et de la salle à manger de Nicolas Beaujon à l'extrémité ouest du bâtiment principal, le salon est orné de deux toiles de Carle Vernet en l'honneur du beau-frère de Napoléon Ier et représentant respectivement le château de Benrath (situé au bord du Rhin près de Düsseldorf, résidence officielle de Murat en tant que grand-duc de Berg et de Clèves en 1806) et Murat et sa cavalerie passant le Tibre, pendant la campagne d’Italie. La vue de Rome a été réalisée par Vernet et Joseph Bidault tandis que celle de Benrath l'a été par Vernet Alexandre Dunouy.
Le décor comprend également une peinture de Dunouy représentant la colonne Trajane (qui servit de modèle à la colonne Vendôme édifiée en l'honneur des victoires des armées napoléoniennes) placée entre les deux fenêtres donnant sur le parc. La pièce mesure environ 100 m2, dimensions identiques depuis la transformation opérée par Murat. La pièce est également meublée, côté cour, par une console aux colonnes en porcelaine imitant le lapis-lazuli. Réalisée d'après les dessins d'Alexandre-Évariste Fragonard, elle fut commandée en 1821 par le roi Louis XVIII à la manufacture de Sèvres pour son château de Saint-Cloud. Elle supporte un pendule aux décors de porcelaine de Sèvres représentant les principales horloges parisiennes. Réalisée par Robin entre 1841 et 1842 pour le roi Louis-Philippe et décorée par Jean-Charles Develly, elle fut installée à l'Élysée à la fin du xixe siècle. Y sont représentés l'horloge du Palais de la Cité, le cadran solaire du Louvre ainsi que l'horloge de l'Hôtel de Ville.
Le 10 décembre 1848, le salon Murat sert de bureau de vote pour les élections présidentielles. Sous le Second Empire, il perd son rôle de salle de réception au profit d'une salle de bal construite dans son prolongement, et sert avant tout à la présentation des invités au couple impérial et présidentiel (fonction qu'il détient encore aujourd'hui lors de l'organisation de grands dîners d'État dans la salle des fêtes voisine). Sous la IVe République, il est l'un des lieux de réunion du Conseil des ministres avec le salon des Ambassadeurs et celui de l'Hémicycle (actuel salon Pompadour), puis la seule pièce du palais consacrée à cette tâche depuis Georges Pompidou, en 196994, (sous le général de Gaulle, il se tenait à l'étage, près du bureau doré). Ainsi, tous les mercredis matin, le président de la République face au Premier ministre, les ministres, le secrétaire général de l'Élysée et le secrétaire général du Gouvernement se réunissent pour gérer les affaires de l'État. La table du Conseil occupe pratiquement toute la longueur de la salle, sur laquelle est placée en son centre, entre le chef de l'État et le chef du gouvernement, une pendulette portative dite « de voyage », de cuivre jaune, en forme de coffre, afin que tous deux puissent lire l'heure en même temps. Le conseil commence généralement à 10 heures du matin, une fois le président annoncé à haute voix par un huissier (« Monsieur le président de la République ! »). Chaque ministre dispose à sa place d'un sous-main et d'un carton nominatif. En 1963 y est signé par le chancelier de la RFA Konrad Adenauer et Charles de Gaulle le traité de l'Élysée.
Salon des Tapisseries
Ce salon, situé entre le Vestibule d'honneur et le Salon Murat, tire son nom des trois tapisseries des xviie et xviiie siècles, installées là par le président Félix Faure et racontant l'histoire du général romain Scipion l'Africain, qui vainquit le Carthaginois Hannibal Barca lors de la deuxième guerre punique. Ses boiseries, qui constituent l'essentiel du décor mural du salon, ont d'ailleurs été rénovées en 1991 afin de mieux mettre en valeur ces tentures et furent recouverte d'une chaude patine à base de bronze à cette occasion. Le tapis d'Aubusson en point de Savonnerie et le lustre à 36 lumières en bronze doré et cristaux de Bohême sont tous deux d'époque Restauration.
Il sert avant tout de lieu d'accueil et de passage pour les invités aux dîners d'État tenus dans la salle des Fêtes qui y attendent d'être présentés au couple présidentiel dans le salon Murat, mais aussi de salon d'attente pour les visiteurs reçus en audience dans une des autres pièces d'apparat du rez-de-chaussée. Les ministres le traversent pour se rendre au Conseil des ministres tous les mercredis matins.
Premier étage
L'accès au premier étage se fait par plusieurs escaliers, essentiellement le grand escalier Murat à partir du vestibule d'honneur pour aboutir aux deux antichambres qui desservent les bureaux du président de la République et de ses principaux collaborateurs, aménagés dans les anciens appartements de l'impératrice Eugénie de Montijo qui servent entièrement aux appartements privés présidentiels sous la IIIe République avant d'être affectés, sous le nom d'« appartements royaux » sous la IVe, aux hôtes d'État étrangers de la République.
Deux antichambres
Lieux de passage obligé avant d'accéder au Salon vert (lieu de réunion) et de ce lieu au Salon doré (bureau officiel du président de la République), ces deux pièces font suite au grand escalier Murat. Elles se situent à l'emplacement des logements privés des présidents de la IIIe République, devenus, sous la IVe République, "appartements royaux" destinés à loger les chefs d'État étrangers en visite officielle.
Dans la première se trouvent une sculpture de samouraï offerte au président Jacques Chirac ainsi qu'une galerie de portraits des présidents de la Ve République aujourd'hui décédés : celui de Charles de Gaulle est de Roger Chapelain-Midy et ceux de Georges Pompidou et François Mitterrand de Hucleux. S'y trouve également, depuis 1989, l'œuvre Lugdus d'Isabelle Waldberg, provenant du Fonds national d'Art contemporain. La seconde est ornée quant à elle d'un bureau en acajou et bronze de style Empire, de sièges en bois dorés aux garnitures bleues et accoudoir en forme de bustes ailés et ornés de lyres et de têtes de Minerve. Aux murs, sont exposées deux tapisseries des Gobelins représentant une scène de Don Quichotte. Elles font partie des trois tapisseries de la « tenture de l'histoire de Don Quichotte » d'après Charles Coypel commandées en 1749 par Louis XV pour le château de Marly, la troisième étant accrochée dans le bureau présidentiel.
Bureau du chef de cabinet
Ce petit bureau d'angle, situé au nord-ouest de l'étage, se trouve juste après la seconde antichambre.
Ancienne salle à manger ou salon d'Angle
Salle à manger privée des présidents de la République jusqu'à 1958, à l'angle sud-ouest de l'étage, Charles de Gaulle y tiendra les réunions du Conseil des ministres avant que celles-ci ne déménagent, et cela, jusqu'à nos jours, dans le salon Murat au rez-de-chaussée à partir de la présidence de Georges Pompidou. Quatre fenêtres donnent sur le parc d'une part, sur l'avenue de Marigny et le toit de la salle des fêtes de l'autre.
En 2007, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant décide d'en faire son bureau. Ses successeurs font de même et la pièce est aujourd'hui occupée par l'actuel secrétaire général de l'Élysée, Jean-Pierre Jouyet.
Salon vert
Conçu comme la salle à manger de l'impératrice Eugénie, le décor de la pièce est dû à la collaboration du peintre Jean-Louis Godon et du sculpteur Ovide Savreux, engagé par Napoléon III pour décorer le premier étage du palais. La pièce tire son nom de la couleur verte des boiseries.
C'est dans ce salon que Gaston Doumergue épouse civilement Jeanne Graves le , douze jours avant la fin de son septennat, au cours d'une cérémonie présidée par Gaston Drucker, alors maire du VIIIe arrondissement de Paris. Bureau des aides de camp sous Charles de Gaulle, contigu au sien, et passage obligé pour accéder au salon Doré depuis la seconde antichambre, un appareil y permettait éventuellement d'enregistrer les conversations téléphoniques du président avec des chefs d'État étrangers. Devenu ensuite une salle de réunion, il est affecté par François Mitterrand à son conseiller spécial Jacques Attali. Jacques Chirac en refait un lieu de réunion où il prépare notamment ses déplacements à l'étranger et ses allocutions.
Durant le mandat de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, il sert aux réunions de travail quotidiennes des principaux collaborateurs du chef de l'État, et plus généralement à toute réunion en présence de ce dernier. De même s'y tiennent le Conseil de Défense et les Conseils restreints des ministres. Une table ovale, couverte d'un tapis vert et de sous-mains fauves, y est dressée de manière permanente. La pendule posée sur la cheminée de ce salon représente la déesse romaine Minerve, déesse de la guerre et de la sagesse.
Le 2 février 2008, le président Nicolas Sarkozy épousa dans le Salon vert la chanteuse et mannequin Carla Bruni-Tedeschi, au cours d'une cérémonie civile présidée par François Lebel, maire du 8e arrondissement de Paris.
Salon doré
À l'origine grand salon de madame de Pompadour, vaste pièce située au centre du bâtiment avec vue sur le parc, le Salon doré est décoré en 1861 par Ovide Savreux (sculpture) et Jean-Louis Godon (peintures) pour l’impératrice Eugénie qui s'en sert comme chambre. Il est notamment orné de tapisseries des Gobelins, dont surtout celle des Muses et d'un lustre Second Empire à 56 lumières en bronze doré et cristaux de roche. Les dessus-de-portes représentent un "N" et un "E" entrelacés, monogramme de Napoléon III et de son épouse, l'impératrice Eugénie. A cette occasion est installé dans la pièce un lit à colonnes recouvert de damas vert de la maison lyonnaise Mathevon et Bouvard réalisée en 1867 dans le style Louis XVI. Le toit du lit est recouvert du monogramme "E" porté par deux chérubins, à l'image de ceux qu'on retrouve en dessus-de-porte dans la pièce. Haut de 4 mètres de long, il quitte le palais après le Second-Empire et est actuellement conservé au Château de Compiègne.
Charles de Gaulle, une fois devenu président de la République, choisit cette vaste pièce pour en faire son bureau et y fait notamment installer le mobilier actuel qui comprend le bureau Louis XV en bois de violette, chef-d'œuvre réalisé au xviiie siècle, vers 1750, par l'ébéniste et sculpteur Charles Cressent, trois fauteuils, un canapé, six chaises Empire issues de l'ancien salon de Joséphine de Beauharnais au palais des Tuileries, une grande table ronde en acajou et deux consoles Louis XVI et le tapis Louis XIV de la Manufacture de la Savonnerie ayant pour thème principal « L'Amour triomphant » réalisé d'après des dessins de Charles Le Brun pour orner la Grande Galerie du Louvre . Le bureau de Cressent était entré dans le mobilier du palais en 1885 à la demande du président Félix Faure qui l'avait placé dans son bureau au rez-de-chaussée de l'aile est (dans l'actuelle bibliothèque).
Le mobilier n'a connu qu'une transformation entre 1988 et 1995 à l'instigation de François Mitterrand : celui-ci confie cette tâche en décembre 1983 au designer Pierre Paulin, déjà auteur de la transformation de trois pièces du rez-de-chaussée de l'aile Est, dans les appartements privés, pour Georges Pompidou en 1971-1972. L'ensemble alors réalisé comprend 21 meubles au ton dominant bleu avec des liserés en aluminium rouge : un bureau plat et sa console technique, une table basse, un salon de six fauteuils et un canapé, un siège de travail, quatre fauteuils visiteurs, trois tables guéridons, un meuble bas d'environ trois mètres de long, un chevalet et un meuble de télévision.
Avant son départ de la présidence en 1995, François Mitterrand remet en place le mobilier d'origine et verse l'ensemble Paulin au Mobilier national
A son arrivée à l'Élysée en 2007, Nicolas Sarkozy fait installer à son bureau un fauteuil canné de style Louis XVI datant du XIXe siècle, provenant du Ministère des Affaires étrangères, que conserve son successeur François Hollande.
Tous les présidents de la Ve République, à l'exception de Valéry Giscard d'Estaing qui lui préféra l'ancienne « chambre de la Reine », jusque-là dévolue au directeur de cabinet, située à l'angle sud-est de l'étage, et qui se servit du Salon doré comme lieu de réunion avec ses collaborateurs, ont fait de ce salon leur bureau officiel.
Ancienne « chambre du Roi »
Ancienne chambre des chefs d'État hôtes de la présidence de la République jusqu'en 1958,elle est aménagée en 1949 par le décorateur André Arbus. Elle a servi depuis lors traditionnellement de bureau au secrétaire général de l'Élysée, jusqu'en 2007, date à laquelle Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée décida de s'installer au salon d'Angle. La pièce accueille actuellement le secrétariat du Président de la République.
Ancienne « chambre de la Reine »
Bureau situé à l'angle sud-est de l'étage, il est affecté depuis 1958 au directeur de cabinet du président, à l'exception de 1974 à 1981 où Valéry Giscard d'Estaing l'occupe lui-même, et depuis 2007 où il est affecté au conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. Cette pièce sert ensuite de bureau à Aquilino Morelle, conseiller politique de François Hollande, de 2012 à avril 2014. Tendue de damas vert sur lequel se détache une tapisserie Louis XV portant sur la chasse, la pièce est dotée d'un bureau Louis XVI réalisé par l'ébéniste de la Couronne Jean-Henri Riesener.
Salle de bain Eugénie
À l'origine salle de bains privée de l'impératrice Eugénie de Montijo, cette pièce n'a pas perdu son décor d'origine du Second Empire (notamment ses nombreux miroirs) et sa baignoire a simplement été recouverte d'une banquette. Inspiré d'une salle-de-bain du château de Fontainebleau, ce décor fut réalisé en 1861 par Charles Chaplin qui est l'auteur des peintures sur glace des panneaux muraux et des dessus-de-portes sur le thème du bain, des fleurs, des fruits ou du patinage. Son collaborateur, le peintre Jean-Louis Godon y réalisa la peinture décorative
. Transformée en boudoir servant, à partir de Charles de Gaulle, d'antichambre aux appartements privés, il est affecté en 2007 à Catherine Pégard, conseillère du président de la République chargé du « pôle politique ». À l'angle nord-est de l'étage, il est situé entre l'ancienne « chambre de la Reine » et l'accès aux appartements privés.
Combles
Les combles ont été une première fois aménagés en appartements privés pour le roi de Rome à la fin du Premier Empire. Ils sont restaurés et retravaillés par l'architecte d'intérieur Alberto Pinto à la demande de Bernadette Chirac pour en faire un espace privatif de 130 m2 servant de nouveau lieu de vie (en remplacement du premier étage de l'aile Est) au couple présidentiel, également occupé de manière ponctuelle par leur fille Claude Chirac et son fils Martin. Nicolas Sarkozy a également repris à son compte, à celui de ses épouses Cécilia puis Carla Bruni-Sarkozy, et de son dernier fils Louis, les « appartements du roi de Rome » lorsqu'il séjourne au palais (généralement les week-ends).
Aile Est
L'aile orientale du palais, en L et encadrant le petit jardin à la française ou Jardin privé du président, est traditionnellement dévolue aux appartements privés du couple présidentiel, avec au rez-de-chaussée des pièces avant tout de réception ou à fonction semi-officielle, et à l'étage les lieux servant à la résidence du couple présidentiel à proprement parler.
Rez-de-chaussée
Chapelle
En partant du « salon Cléopâtre », au nord donnant sur la cour d'honneur, se trouve la chapelle. Celle-ci a été aménagée sous Napoléon III par l'architecte Lacroix. Elle fut décorée en 1864 par le peintre Sébastien-Melchior Cornu dans le style néo-byzantin pour un devis de 20 000 francs. Ce dernier y réalisa un médaillon représentant la tête du Christ, placé au dessus de l'autel, deux figures d'anges portant les sacrements (l'un tenant une hostie, l'autre un calice) servant de dessus-de-porte ainsi que douze figures en pied représentant les principaux fondateurs du christianisme en Gaule puis en France (dont Saint Martin de Tours, Saint Pothin, Saint Symphorien, Sainte Geneviève, Saint Louis, Saint Denis, Saint Remy,Sainte Blandine et Saint Charlemagne) placé au fond de niche.Les vitraux furent réalisées par l'atelier Laurent et Gsell et la sculpture décorative par Ovide Savreux.
Cette chapelle fut remaniée en 1950111 à la demande du président Vincent Auriol afin de dégager de nouveaux espaces pour des bureaux. De taille beaucoup plus réduite que celle réalisée en 1860 (elle ne mesure plus que 15 m²), les œuvres de Cornu y furent alors retirées pour être transférées au Musée du Louvre . La pièce est éclairée par une fenêtre donnant sur la cour d'honneur du palais. En 1959, le général de Gaulle la fit meubler à ses frais avec un autel, cinq chaises, cinq prie-Dieu, une armoire, un tableau représentant la tête du Christ, une allégorie de la Vierge et d’une plaque de bronze représentant la Vierge noire de Czestochowa, offerte par les évêques polonais lors de la visite de De Gaulle dans leur pays. Après son départ de l'Élysée, en 1969, il récupéra ce mobilier qui lui appartenait et l'offrit à son neveu, le père François de Gaulle. La pièce fut restaurée par Bernadette Chirac en 1997, en prévision de la visite du pape Jean-Paul II qui n'eut toutefois pas le temps de venir s'y recueillir. Depuis 2007, la pièce sert de salle d'attente pour les visiteurs ayant rendez-vous avec la première dame.
Se suivent ensuite, de l'ouest vers l'est puis du nord au sud :
Salon des Cartes
Premier salon privé de Napoléon III, appelé salon des Cartes ou "salon de cartographie", car décoré de trois tentures représentant une carte de la forêt de Compiègne. Il sert de bureau à certains collaborateurs du président jusqu'en 1958, puis est intégré aux appartements privés en tant que petit salon, ou « antichambre » dans le projet de réaménagement des appartements entrepris par le couple Pompidou à partir de 1971. La transformation de cette pièce est confiée au plasticien Yaacov Agam qui y applique les principes de l'art cinétique, notamment à travers le tapis tissé spécialement à la Manufacture de la Savonnerie d'après un de ses cartons et réalise ce qui est appelé le salon Agam. L'ensemble des transformations contemporaines d'Agam ainsi que les tableaux de Max Ernst et les meubles design seront ensuite envoyées par le successeur de Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing, au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou et la pièce retrouve son aspect original. Durant la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, le salon était décoré de cartes de l'Afrique et du Moyen-Orient. Le meuble d'appui qui s'y trouve actuellement est d'époque Louis XVI, réalisé par Jean-Henri Reisener et provenant de l'Hôtel de la Marine.
Salon Bleu
Deuxième salon privé de Napoléon III, le salon sert jusqu'en 1954 au chef de la maison militaire de la présidence de la République, avant d'être utilisé comme bureau par René Coty en remplacement de la bibliothèque voisine. Il se situe face au petit jardin à la française du palais.
En 1971, il est, sous le nom de « salon des Tableaux », confié par le couple Pompidou pour être entièrement redécoré par le designer Pierre Paulin. Comme son nom l'indique, il doit servir avant tout à exposer des toiles d'art moderne et contemporain spécialement choisies par Georges et Claude Pompidou : un Robert Delaunay entouré par deux Kupka pris au Musée national d'art moderne, placés sur le mur du fond et éclairés par des projecteurs encastrés dans le plafond. Les autres murs sont tendus de pièces de tissus décorés par des planches de Henri Matisse, Roger de La Fresnaye et Albert Marquet. Le mobilier comprend quatre fauteuils et quatre canapés (deux à deux places et deux à trois places) à structures métalliques et garnis de cuir retourné et deux sortes de tables basses à plateau de verre trempé transparent et fumé reposant sur un piétinement d'aluminium recouvert de « nextel » (peinture projetée à base de microbilles de polyester notamment utilisée pour les cabines du programme Apollo) chamois clair.
Là encore, l'arrivée de Valéry Giscard d'Estaing à l'Élysée en 1974 va mettre un terme à cette transformation : le décor est démonté et envoyé au château de Pierrefonds. Les toiles abstraites sont plutôt remplacées par des œuvres impressionnistes, symbolistes ou décoratives, les Giscard d'Estaing retenant notamment un Picasso de la période rose, une aquarelle de Gustav Klimt ou un Caillebotte. De nos jours, aussi connu sous le nom de « salon des Fougères » du fait de ses tentures fleuries, il abrite trois toiles d'Hubert Robert (un peintre du xviiie siècle) qui ornaient auparavant la chambre de François Mitterrand. Il s'agit de Vue d'un parc. Le jet d'eau, Intérieur de parc romain et Paysage. La Cascade, arrivé au palais respectivement en 1979, 1993 et 1998. La pièce est également décorée d'un portrait de Louis XV par Louis Michel Van Loo.
En , la nouvelle Première dame de France, Cécilia Sarkozy, épouse de Nicolas Sarkozy, décida de faire du salon Bleu son bureau. Après le remariage, en 2008, du président Sarkozy avec Carla Bruni, cette dernière garda le salon Bleu comme lieu de travail, jusqu'en mai 2012, fin du mandat du président Sarkozy. La compagne de François Hollande, la journaliste Valérie Trierweiler, l'occupait jusqu'en 2014l. À noter que Bernadette Chirac occupait une autre pièce, donnant sur le Faubourg Saint-Honoré.
Bibliothèque
Dite aussi « ancienne chambre Beaujon » pour avoir été la chambre à coucher (d'où la forme en hémicycle héritée de l'ancienne alcôve) de Nicolas Beaujon puis de la duchesse de Bourbon, de Caroline Murat, de Napoléon Ier, du duc de Berry et enfin de Napoléon III. Tout juste installé à l'Élysée comme prince-président, ce dernier fait accrocher dans sa chambre le tableau "Venise, vue du Grand Canal et de la Salute réalisée en 1849 par le peintre Jules Romain Joyant (actuellement conservé au Musée Paul Dini, à Villefranche-sur-Saône). Devenu empereur et ayant quitté le Palais de l'Élysée pour celui des Tuileries, il fait réaménager la pièce en bibliothèque en 1860 et y installe la bibliothèque de sa mère, la reine Hortense. Cette pièce servira ensuite de bureau à tous les présidents de la République de Patrice de Mac Mahon (à partir de 1874) à Vincent Auriol (jusqu'en 1954).
Félix Faure, qui a fait enlever la bibliothèque semi-circulaire Second Empire pour la remplacer par une tenture Louis XIV (les Quatre éléments, modification vite annulée par ses successeurs) et remplacer les sièges de damas rouge par des sièges garnis de tapisserie de Beauvais provenant du château de Compiègne, y décédera le 18 février 1899 des suites d'une congestion cérébrale.
En 1971, à l'instar du salon Bleu et de la salle à manger voisins, le changement de décor est confié à Pierre Paulin afin d'en faire le fumoir des appartements privés modernisés voulus par le couple Pompidou. Le mobilier ainsi dessiné comprend des sièges demi-lune épousant la forme de l'hémicycle de l'emplacement de la bibliothèque, quatre poufs à dossier placés au centre de la pièce ainsi qu'une réserve de sept fauteuils (tous recouverts de toile grège reprenant ainsi la couleur des murs de la structure en croisée d'ogives, avec des socles également recouverts de « Nextel » chamois clair), une table basse centrale en forme de grande fleur aux pétales d'Altuglas blanc opalescent entourant un cœur lumineux et surmontée d'un plateau de verre fumé circulaire, une bibliothèque (installée entre le fumoir et le couloir) de 19 caissons, en verre Altulor transparent teinté en brun, montés en quinconce sur un socle, un meuble pour sonorisation et des lampadaires mobiles placés du côté des fenêtres et venant renforcer l'éclairage obtenu par des appliques, à lumière directe ou indirecte et à intensité variable, encastrées dans la structure en hémicycle. Et, comme pour le « salon des tableaux », le fumoir Paulin est démonté en 1974 par Valéry Giscard d'Estaing, qui rend à la bibliothèque sa fonction et son décor datant de Napoléon III, et envoyé au château de Pierrefonds.
À partir de 1995, le président Chirac en fit un salon privé, composé d'une salle à manger avec télévision, jusqu'en 2007.
Quatre des six présidents de la Ve République ont fait réaliser leur photographie officielle dans cette pièce, devant la bibliothèque : Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Nicolas Sarkozy debout, François Mitterrand assis en train de feuilleter un exemplaire des Essais de Montaigne.
Salle à manger Paulin
À l'emplacement de l'ancienne chambre qu'occupait Napoléon III, donnant sur l'angle nord-est des jardins privés, la salle à manger est le seul témoignage restant des aménagements modernes du palais - réalisés en 1971 et 1972 par Pierre Paulin, qui lui a donné son nom, pour le président Georges Pompidou et son épouse Claude.
La structure murale démontable est constituée de 22 éléments en polyester moulé réunis par des nervures pour former une véritable nef ornée d'un lustre monumental de 9 000 tiges et billes de verre suspendues à une grille sous un « plafond réflecteur en aluminium anodisé rose tyrien ». Le mobilier comprend surtout deux tables rondes de 12 couverts chacune à large plateau de verre fumé et dont le piètement est constitué de 4 éléments s'évasant vers le bas et le haut en quadrilobe, celui des 24 chaises étant quant à lui trilobé et tous recouverts de « Nextel ». À ceci s'ajoutent deux dessertes à 4 plateaux circulaires superposés ainsi que 20 fauteuils et 6 chaises de supplément114. Le mobilier comporte également la sculpture "Les autruches" de François-Xavier Lalanne, première œuvre en biscuit de porcelaine issu de la collaboration entre le sculpteur et la manufacture de Sèvres en 1964. Les ailes des autruches cachent des rafraîchissoirs destinés à accueillir des bouteilles.
Ancienne salle de bains Empire
Située au rez-de-chaussée et donnant sur la rue de l'Élysée, elle a été affectée à Anne-Aymone Giscard d'Estaing et sert depuis de cabinet de travail aux épouses des présidents de la République française pour leurs fonctions officielles.
L'épouse du président Giscard d'Estaing y a fait installer des tissus abricot pour recouvrir les murs, une simple table d'acajou Directoire recouverte d'un nécessaire à correspondance et d'une lampe Empire et placée devant la cheminée de marbre, ainsi qu'une moquette gris-bleu ornée d'un tapis bordeaux. Danielle Mitterrand le remanie entièrement sous la conduite de l'architecte d'intérieur Isabelle Hebey : les murs sont écartés (pour s'étendre pratiquement sur toute la largeur de l'aile, empiétant ainsi sur le couloir reliant auparavant la salle à manger au salon d'argent) et prennent une couleur gris clair, les moulures d'époque sont masquées par des doublages, les fenêtres sont dotées de stores blancs bleutés, le bureau Directoire est remplacé par trois tables de travail identiques en frêne décoloré, la moquette devient gris acier et les portes sont dotées de poignées en acier patiné gris et noir.
Salon d'Argent
Le salon d'Argent termine l'aile, à son extrémité sud, donnant sur le jardin privé à l'ouest et sur le parc au sud. Il est créé en 1807 pour Caroline Murat et a conservé depuis lors son décor d'origine, seule la couleur du textile y ayant été changée en 1813. C'est Jacob Desmalter qui créé les boiseries et le mobilier, dont l'argent est la couleur dominante. Les bronzes sont d'André-Antoine Ravrio. La pendule posé sur la cheminée représente le Char de la Fidélité conduit par l'Amour.
Cette pièce a accueilli plusieurs évènements de l'Histoire de France ou de la présidence de la République : Napoléon Ier y dicte à son frère Lucien et signe le 22 juin 1815 son abdication (une copie de l'acte original étant toujours conservé dans ce boudoir), quatre jours après la défaite de Waterloo ; le premier président de la République Louis-Napoléon Bonaparte, y conçoit en 1851 son coup d'État qui le fait devenir Napoléon III ; le président Félix Faure y reçoit régulièrement sa maîtresse Marguerite Steinheil, notamment la nuit de son décès le 16 février 1899, ce qui fait que Charles de Gaulle voit dans cette pièce un vestige de « lupanar » : Félix Faure reste à ce jour le seul président à être décédé au palais en cours de mandat (un autre homme important mourra à l'Élysée en 1994, François de Grossouvre) ; c'est enfin la dernière pièce traversée par Charles de Gaulle le jour de sa démission de la présidence de la République et jour de son départ définitif du palais, le 28 avril 1969, après l'échec du référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation.
Faisant partie généralement des appartements privés (à l'exception de Vincent Auriol qui y installe son bureau présidentiel), les Premières dames Danielle Mitterrand et Bernadette Chirac ont fait du salon d'Argent leur bureau.
Cuisine privée
Installée par Georges Pompidou à côté du salon d'Argent à l'angle sud-est de l'aile, elle sert de cuisine d'appoint au président de la République pour ses repas pris dans ses appartements privés, notamment dans la salle à manger Paulin. Un escalier rejoint les chambres du premier étage.
Y travaille Vincent Poussard comme cuisinier sous François Mitterrand, originaire de Niort au détriment de la cuisine centrale.
Premier étage
Il accueille six pièces et une salle de bain, pour une surface totale d'environ 300 m2, et sert de lieu de vie au couple présidentiel lorsque celui-ci réside au palais, ce qui s'est fait de manière irrégulière selon les époques:
- Charles de Gaulle et son épouse Yvonne y résidaient la semaine. Peu intéressé par la décoration, le général de Gaulle ne modifia rien au décor d'origine, la seule adaptation venant de son épouse et concernant le lit présidentiel pour le faire correspondre à la grande taille du chef de l'État (les deux lits Empire en acajou présents dans la chambre du couple sont ainsi remplacés par deux lits-divans longs de 2,10 m). L'agencement des pièces était la suivante, en partant du bâtiment principal et donc de la salle de bain Eugénie : deux chambres d'amis (l'une d'entre elles servant de salle à manger au début du septennat, les de Gaulle n'y logeront qu'un chef d'État étranger, en l'occurrence le chancelier allemand Konrad Adenauer), le Salon jaune (salle de séjour où le couple passe ses soirées), doté notamment d'un poste de télévision), un petit salon (servant de bureau privé au général) communiquant à une petite chambre à coucher et enfin la chambre du couple, à l'extrémité sud-est de l'aile, avec vue tant sur le jardin privé que sur le parc. Le couple de Gaulle quitta définitivement le palais après le référendum d'avril 1969 portant sur la réforme du Sénat et la régionalisation, et retourna à La Boisserie, sa demeure personnelle située à Colombey-les-Deux-Églises, dans l'est de la France.
- Georges Pompidou et son épouse Claude s'y installèrent tout en continuant de recevoir dans leur appartement personnel, situé quai de Béthune, dans le IVe arrondissement de Paris, dans lequel ils retourneront définitivement lorsque la maladie du président Pompidou prendra un aspect critique, en 1973, soit un an avant son décès. Le décor est alors profondément transformé par l'épouse du chef de l'État et l'agencement est lui aussi modifié : les deux chambres d'amis sont utilisées par les Pompidou qui font chambre à part. La chambre du président est meublée en style Louis XVI relevé d'une toile d'Odilon Redon, tandis que Claude Pompidou place dans la sienne une commode, une table et une armoire Empire, des chaises Restauration et un bureau à cylindre voisin d'une table moderne. Les quatre autres pièces servent de salle de bains, de chambre d'amis, de bureau privé au Président et de salon.
- Valéry Giscard d'Estaing et son épouse Anne-Aymone, ayant de jeunes enfants à charge (les quatre au début du septennat, l'aînée Valérie-Anne ayant 20 ans lorsque son père entre à l'Élysée en 1974, et la dernière, Jacinte, tout juste 21 ans lorsqu'il le quitte, en 1981), ne sont pas installés dans les appartements privés du palais présidentiel, conservant l'usage de leur appartement personnel, situé rue Benouville, dans le 16e arrondissement de Paris. Cependant, le président Giscard d'Estaing y avait fait aménager une chambre et une salle de bains à usage occasionnel. De même, Anne-Aymone Giscard d'Estaing s'y fait aménager un petit bureau, dans lequel elle travaillait régulièrement.
- François Mitterrand et son épouse Danielle, qui y avaient aménagé des appartements privés dans lesquels ils ne résidèrent que très rarement, préféraient vivre de façon traditionnelle dans leur appartement personnel, situé rue de Bièvre, dans le Ve arrondissement de Paris, dit, de façon caricaturale, « L'Élysée bis ». Malgré cela, ils changèrent à leur tour le décor et mobilier en faisant appel à un groupe de cinq créateurs choisis par le ministère de la Culture. Annie Tribel prend en charge la chambre d'amis (utilisation de boiseries en frêne naturel avec des incrustations de filets d'ébène, le tout doté de miroirs, consoles, éclairages, tableaux et une table écritoire-maquillage avec miroir et lumières faisant penser à une loge d'artiste), Marc Held le grand salon (il utilise le décor d'origine en le faisant ressortir, laquant de blanc moulures, chapiteaux et colonnes, ou en reconstituant la cheminée et le parquet, afin d'en faire un lieu décontracté, il crée spécialement pour la pièce un secrétaire à quarante-trois tiroirs), Philippe Starck la chambre de Danielle Mitterrand (le plafond et une frise dans la partie murale haute est peinte par Gérard Garouste évoquant l'évasion avec des personnages et animaux fabuleux, tandis que la partie basse, extrêmement simple et aux murs épais, renvoie à la « fermeté du conscient »), Ronald-Cecil Sportes le petit salon noir (pièce du soir pour regarder la télévision avec un « tabernacle de l'information », mini-régie permettant de capter par satellite des chaînes étrangères, elle dispose au sol d'un tatami bordé de gaines de cuir surmonté d'une table basse à plateau de verre partiellement dépoli posé sur des blocs de pierre, entourée d'un canapé en cuir et lamelles de frêne et de meubles à géométrie variable, l'éclairage étant assuré par des lampes télescopiques) et Jean-Michel Wilmotte la chambre du président, la galerie et le petit bureau de la Première dame (ensemble à l'aspect austère utilisant bois blanchi, pierre grattée et granit blanc, le tout uniquement relevé de boiseries contemporaines dans le petit bureau, d'une toile de Matisse et d'une autre de Le Gac). Dans la salle de bain, un lavabo moderne commandé par un rayon laser est installé.
- Jacques Chirac et son épouse Bernadette furent les premiers à totalement s'installer au palais, même les fins de semaine. Les décors et mobiliers Second Empire remplacent, sous la conduite de l'architecte d'intérieur Alberto Pinto (en), les meubles modernes des Mitterrand, à l'exception du petit bureau et de la chambre présidentielle de Jean-Michel Wilmotte99. Mais le couple présidentiel ne séjourna pas à cet étage, où se trouvaient alors les appartements présidentiels ; Bernadette Chirac confia également à Pinto l'aménagement de nouvelles pièces privatives dans les combles (150 m2 rénovés pour un budget de 150 000 €), dans l'ancien appartement du roi de Rome, où le couple présidentiel s'installera.
- Nicolas Sarkozy et son épouse Cécilia avaient prévu de résider à plein temps au palais présidentiel. Après son divorce, puis son remariage avec la chanteuse Carla Bruni, le chef de l'État prit finalement la décision de résider en permanence dans l'hôtel particulier de son épouse, situé dans la Villa Montmorency, dans le 16e arrondissement de Paris. Cependant, le couple Sarkozy vit parfois à l'Élysée, essentiellement le week-end, dans les « appartements du roi de Rome » situés sous les combles. Le palais de l'Élysée est par ailleurs un lieu important pour le président Sarkozy et son épouse puisque c'est dans le Salon vert du palais que se déroula, le 2 février 2008, leur mariage. La même année, la Première dame pose sur les toits du palais devant l'objectif de la photographe américaine Annie Leibovitz, pour le magazine Vanity Fair.
Aile ouest
Dans le prolongement du salon Murat, l'aile Ouest sert essentiellement aux grandes réceptions d'État.
Salon Napoléon III
Construit à l'emplacement de l'ancienne orangeraie de la duchesse de Berry, commencé en 1860 sous le règne de Napoléon III par Joseph-Eugène Lacroix pour en faire la première salle de bal du palais, agrandi et transformé sous la présidence de Patrice de Mac-Mahon pour en faire une grande salle à manger d'honneur, le salon Napoléon III conserve encore, comme le laisse supposer son nom, des signes du Second Empire comme les moules d'aigles impériaux ornant les angles des plafonds, le monogramme « RF » entouré de branches d'olivier et de chêne n'ayant été rajoutés qu'ultérieurement pour donner une touche plus républicaine à la salle. Le décor est d'origine, essentiellement composé de colonnes et pilastres chargés d'or. Les trois lustres monumentaux de cristal datent de la fin du xixe siècle et sont identiques à ceux de la salle des fêtes et du jardin d'hiver. Le salon est meublé de 8 consoles Second Empire de style Louis XVI. Jusqu'à la construction du jardin d'hiver, la salle donnait sur le parc par une série de baies vitrées masquées par des doubles rideaux de velours de laine frappé rouge, derrière lesquelles le personnel de service s'active lors des grands dîners d'État.
Il sert de nos jours, comme la salle des fêtes et le jardin d'hiver voisins, aux réceptions officielles, aux conférences bilatérales (notamment avec les principaux partenaires européens de la France), mais aussi aux conférences de presse du président de la République.
Jardin d'hiver
Cette ancienne serre, qui abritait à l'origine des plantes exotiques et dont les murs étaient recouverts de treillage, est construite en 1881, sous la présidence de Jules Grévy qui y organise un bal le 22 octobre 1881 pour le mariage de sa fille Alice Grévy avec l'escroc Daniel Wilson qui sera à l'origine du scandale des décorations au sein même de l'Élysée. Il est éclairé par trois lustres de cristal datant du xixe siècle (les mêmes que ceux de la salle des fêtes et du salon Napoléon III). Sur un mur est accrochée une tapisserie évoquant un épisode de la Bible, à savoir Héliodore chassé du Temple par les Anges après avoir volé son trésor. Reproduisant le tableau Héliodore chassé du temple de Raphaël, elle date de 1738 et fut tisée aux Gobelins.
Entièrement rénové par l'architecte Guy Nicot en deux vagues successives, respectivement en 1976 et 1984, il a perdu totalement son rôle original, sa verrière et deux orangers provenant du domaine national de Versailles rappellent toutefois cette époque. Servant en partie de prolongement à la salle des fêtes et de lieu de passage obligé pour accéder à celle-ci, c'est aujourd'hui un lieu de réception pouvant également servir à certaines conférences de presse et à des réunions de travail, voire à la cérémonie des vœux de début d'année et des remises de médailles lorsqu'il n'y a qu'un récipiendaire.
Salle des fêtes
La Salle des fêtes est le principal lieu de réception du palais, notamment pour la cérémonie d'investiture du président de la République, les grands dîners officiels en l'honneur de chefs d'État ou de gouvernement étrangers, les remises de décoration, l'installation et la cérémonie du traditionnel arbre de Noël de l'Élysée, certaines conférences internationales ou encore les conférences de presse.
Elle est construite par l'architecte Adrien Chancel sur les plans d'Eugène Debressenne à la demande du président Sadi Carnot, préoccupé par le lustre de la fonction présidentielle, à partir de 1888 et inaugurée le 25 mai 1889 (lors d'une fête réunissant 8 000 invités, et cela même si sa décoration, alors inachevée, dut se poursuivre jusqu'en 1950) dans le cadre de l'exposition universelle se tenant cette année-là à Paris. Décorée dans des nuances de ton rouge, elle est ornée de lourds plafonds à caissons peints en 1896 par l'artiste Guillaume Dubufe (qui y représente la République sauvegardant la Paix, encadrée des allégories de l’Art et de la Science), de boiseries surchargées de dorures, de colonnes en stuc (flanquées de lourds doubles rideaux rouges), de nymphes (réalisées par Jean-Baptiste Lavastre, Camille Lefèvre et Édouard Pépin), de sculptures décoratives (de Florian Kulikowski, Hamel et Bouet) et d'une petite scène de théâtre, entourée de coulisses et loges d'artiste de part et d'autre et en sous-sol, aménagée dans le mur ouest (en effet, jusque dans les années 1970, un spectacle était proposé aux invités après le dîner, et Louis de Funès y joua notamment pour Charles de Gaulle). Les murs sont recouverts de six tapisseries des Gobelins du xviiie siècle. Il s'agit de quatre pièces de la suite de "L'Histoire d'Esther" d'après Jean-François de Troy, d'une tapisserie représentant le mois de décembre issue des "Mois de Lucas" réalisés en 1770 d'après Lucas de Leyde, et d'une tapisserie appartenant à la suite des "Nouvelles portières de Diane" réalisée entre 1728 et 1734 d'après Pierre-Josse Perrot pour Stanislas Leszczynski beau-père du roi Louis XV. À l'origine, la salle était cloisonnée sur ses deux longueurs, jusqu'à ce que le président François Mitterrand fasse percer dix portes-fenêtres dans les murs Sud et Est donnant sur le parc.
Afin de mettre les invités à l'abri des intempéries et aménager un vestiaire, Sadi Carnot fit également édifier une verrière le long de la façade nord du bâtiment principal, donnant sur la cour d'honneur, baptisée sous la IIIe République la « Cage aux singes », car c'est là que se réalisaient les photographies de famille des gouvernements lors de leur mise en place. Elle est entièrement détruite en 1947 par Vincent Auriol qui à la place fait installer les actuels vestiaires au sous-sol, étant reliés au vestibule par des monte-charge.
Communs
Dans les deux ailes entourant la cour d'honneur du palais (chacune étant centrée à son tour sur une cour mineure, la cour de l'Ouest et la cour de l'Est, empruntées par les véhicules du président de la République et de ses collaborateurs), se situent des bureaux utilisés par les principaux collaborateurs du président. L'aile Ouest abritait les premiers garages de la présidence de la République jusqu'en 1958. Cette même aile accueille de nos jours une salle de presse dotée d'équipements informatiques, téléphoniques et multimédias, utilisés par les presses française et étrangères, « afin de leur permettre de réaliser et d'envoyer sur place, articles, photos ou vidéos »77.
Sous-sols
Un abri anti-aérien fut construit pour le président Albert Lebrun sous les appartements privés de l'aile Est en 1940, durant la Drôle de guerre. Valéry Giscard d'Estaing y installe en 1978 le « Poste de commandement Jupiter » ou « PC Jupiter », nom du poste de commandement de la force de dissuasion nucléaire française. Il comprend plusieurs bureaux (dont un pour le président), une salle de réunion et le système de déclenchement de la force nucléaire. Le PC fait « cage de Faraday » : les discussions qui y ont lieu ne sont donc pas interceptables ; il est en outre conçu pour « résister à une éventuelle frappe » sur le palais.
D'autres espaces ont été aménagés en sous-sol, notamment par Vincent Auriol qui y installe les cuisines en dessous de l'aile Ouest, et les vestiaires pour les invités des grandes réceptions d'État sous le vestibule. Le parc automobile et les ateliers mécaniques de réparation de la présidence de la République s'y trouvent également (sous l'aile Ouest).
Le palais de l'Élysée compte une salle de cinéma au sous-sol du jardin d'hiver. Créée en 1972 sous Georges Pompidou, sous l'emplacement du jardin d'hiver, elle est dotée depuis 2008 du Dolby Stéréo. Elle est pourvue de vingt-et-un fauteuils à coque blanche dessinés par Philippe Starck mais elle fut réaménagée sous la présidence de Nicolas Sarkozy de manière à pouvoir accueillir une quarantaine de personnes.
Pompidou y visionnait des films d'auteur, Valéry Giscard d'Estaing conviait souvent des acteurs pour assister aux avant-premières, François Mitterrand invitait ses proches à une séance mensuelle. Nicolas Sarkozy y organisait traditionnellement des projections privées de blockbusters, parfois aussi en présence des acteurs et réalisateurs, notamment Home de Yann Arthus-Bertrand, La Grande Vadrouille, Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain ou encore Bienvenue chez les Ch'tis.
Bâtiments annexes de la rue de l'Élysée
D'autres bâtiments annexes ont été progressivement acquis par l'État dans la rue de l'Élysée afin de répondre au fort accroissement du nombre de services et personnes travaillant pour la présidence de la République, il s'agit surtout de :
- l'hôtel de Hirsch au no 2, acquis en 1967 pour accueillir initialement le secrétariat aux Affaires africaines et malgaches et servant aujourd'hui de siège à certains services dont principalement la cellule diplomatique,
- le no 4, acquis en 1984, abrite avec le no 2 le mess (réservé aux collaborateurs du président) et la cantine ainsi que des bureaux,
- l'hôtel de Persigny au no 14, acquis en 1960 pour le secrétariat et l'état-major particulier et une partie du service du courrier, la crèche (à la disposition des enfants des collaborateurs) y a été installée par Danielle Mitterrand le 28 octobre 1985
source https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_l%27%C3%89lys%C3%A9e
Adresse
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