Histoire
Périodes préhistoriques et médiévales
Selon des études archéologiques, la région était déjà habitée il y a 4 000 à 6 000 ans. Au cours du xiiie siècle, un certain nombre de Chinois fidèles à la cour Song du Sud fuient les envahisseurs mongols et s'installent dans la région après la bataille de Yamen qui a lieu dans l'estuaire de la rivière des Perles non loin de Macao le 12 mars 1279. Ils établirent de nouvelles colonies de peuplement dans ce qui était le district de Xiangshan dont dépendait Haojing (ancien nom de Macao). Le « vieux temple Yongfu » (dont il ne reste rien), aurait été construit à cette époque à Patane au nord de la péninsule de Macao, mais cela n'a pas été prouvé.
À la fin du xive siècle, la répression contre les familles de généraux de la dynastie Yuan vaincue par la dynastie Ming, conduit certains pêcheurs de la province de Fujian à fuir vers le sud. Un rapport écrit en 1787 par les chefs du village de Mongha, soulignant que leurs ancêtres vivaient dans ce village depuis au moins 300 ans, sert de base à l'histoire officielle qui veut que Macao était habité avant l'arrivée des Portugais.
Colonisation et essor économique du territoire
Après la découverte de la route des Indes par Vasco de Gama en 1498, les Portugais continuent leurs explorations maritimes le long de la côte de l'océan Indien. Ils « découvrent » ainsi Cochin en 1500 (fondant l’Inde portugaise en 1505), Goa en 1510, Malacca en 1511, les fameuses « îles aux épices », les Moluques, en 1512 et arrivent dans le delta de la rivière des Perles en 1513 sous le commandement de Jorge Álvares. En 1517, Fernão Pires de Andrade se rend à Canton et obtient la permission que l'ambassadeur Tomé Pires se rende à Pékin pour y rencontrer l'empereur. La construction illégale d'un fort sur ce que les portugais appellent l'île de Tamao et la supposée abduction d'enfants chinois par le frère de Fernão Pires de Andrade changent cependant l'attitude des Chinois vis-à-vis de l'ambassade portugaise. L'empereur décrète alors l'interdiction de tout commerce avec les Folangji, donné par les traducteurs musulmans à tous les étrangers). En 1521, l'Empereur Ming envoie la marine reprendre le port lors de la Bataille de Tumen.
Sous l'impulsion du roi Jean III de Portugal, et d'une diplomatie plus pragmatique et tolérante, Leonel de Sousa réussit à inverser l'édit impérial en 1554 et les marchands portugais retournent à Canton, tout en étant autorisés à s'établir sur les îles de Sancian, où François Xavier meurt en 1552) puis de Lampacao.
Cherchant un port plus proche de Canton sur le continent proprement dit, les Portugais s'établissent de manière saisonnière dans la rade de Macao entre 1553 et 1554 et demandent à rester sur la terre ferme en prétextant qu'ils doivent sécher leur cargaison. En 1557, les autorités chinoises accordent finalement l'autorisation aux Portugais de s'y établir de façon permanente, en leur donnant un degré considérable d'autonomie. En échange, les Portugais payent une sorte de loyer annuel (près de 500 taels d'argent) et certaines taxes, qui ont fait valoir que Macao faisait encore partie intégrante de l'Empire chinois. Les autorités chinoises, exprimant de la crainte et du mépris pour les étrangers, suivent de près les activités des Portugais de Macao et exercent, jusqu'au milieu du xixe siècle, une grande influence dans l'administration de leur comptoir commercial.
Depuis, Macao a été conçu comme un comptoir de type triangulaire entre la Chine, le Japon et l'Europe à un moment où les autorités chinoises ont interdit les échanges directs avec l'archipel nippon pendant plus d'une centaine d'années. Ce commerce lucratif a introduit une grande prospérité à Macao, ce qui en fit une grande ville commerciale et l'a aidée à atteindre son apogée entre la fin du xvie siècle et le début du xviie siècle.
En plus d'être un comptoir commercial, Macao a également joué un rôle actif et central dans la propagation du catholicisme à l'étranger, jusqu'à devenir un haut lieu de formation de missionnaires catholiques de différents pays de l'Extrême-Orient, principalement pour la Chine. Pour cette raison, le pape Grégoire XIII crée en 1576 le diocèse de Macao. Ces missionnaires ont également joué un rôle important dans l'échange culturel, scientifique et technique entre la Chine et l'Occident, et le développement de la culture et de l'éducation à Macao.
En 1583 fut créé le Leal Senado, le siège et le symbole du pouvoir et du gouvernement local, par des résidents portugais et plus précisément par les commerçants de Macao. Cet organe politique, considéré comme le premier conseil municipal de Macao, fut fondé dans le but de protéger le commerce contrôlé par Macao, d'établir l'ordre et la sécurité de cette ville et de résoudre les questions et les problèmes quotidiens. Bien qu'en 1623 Macao se dote d'un gouverneur portugais
, le Leal Senado a continué à maintenir une grande autonomie et un rôle clé dans l'administration de la ville jusqu'à la première moitié du xixe siècle.
En raison de sa prospérité, Macao a souvent été attaqué par les Néerlandais au cours de la première moitié du xviie siècle. La plus célèbre attaque a eu lieu le , où près de 800 soldats néerlandais débarquent dans une tentative de conquérir la ville. Après deux jours de combat, le 24 juin les envahisseurs sont vaincus. Le bilan des victimes est élevé, environ 350 morts. Cependant, seulement une dizaine de soldats portugais sont tués. Pour Macao, non préparé, cette victoire a été considérée comme un miracle.
De 1638 à 1853, le commerce portugais avec le Japon a pris fin en raison de la politique d'isolement (Sakoku), menées par l'ancien Shogun japonais, Ieyasu Tokugawa. Cette décision a gravement affecté l'économie de Macao, qui déclina rapidement.
Le , Jean-François de La Pérouse y débarque dans le cadre de son expédition, comptant y vendre ses fourrures achetées en Alaska. Il décrit la dureté de l'administration portugaise.
Déclin
Dans le contexte de la Guerre péninsulaire, en septembre 1808, le territoire est occupé par les troupes de la force expéditionnaire sous le commandement de l'amiral William O'Brien Drury, commandant en chef des forces navales britanniques dans les mers asiatiques, prétextant une protection contre la menace française. Cet effectif fut finalement rappelé à la fin de cette même année, en raison de la présence d'environ 80 000 hommes de l'armée chinoise aux portes de la ville.
Depuis le milieu du xviie siècle, Macao, même en ayant perdu de nombreux marchés commerciaux à partir de la fin des échanges avec le Japon et vivant avec une certaine fréquence dans la pauvreté et la misère, a tout de même réussi à conserver son importance économique et stratégique en tant que port européen en Chine. Toutefois, cette importance a été fortement réduite avec la Première guerre de l'opium en 1841 lorsque Hong Kong est devenu le port le plus important de l'Ouest de la Chine.
En 1844, par le biais d'un décret royal, Macao a finalement été intégré dans le système ultramarin portugais. Toutefois, le décret n'a pas été reconnu par la Chine. Cet acte a par ailleurs redéfini le pouvoir à Macao affirmant que le gouverneur est le principal organe politique et administratif, et non plus le Leal Senado, qui avait perdu son importance et son influence politique depuis 1834.
En 1845, le Portugal déclare la ville port franc. Le gouverneur João Ferreira do Amaral, en fonction de 1846 à 1849, ordonne la fin du loyer annuel et des taxes chinoises, l'expulsion des mandarins de Macao et l'abolition, en 1849, de la douane chinoise (le Ho-pu).
Au cours du xixe siècle, les Portugais occupèrent la partie Nord de la péninsule de Macao (alors occupée par les Chinois), les îles de Taipa (en 1851) et Coloane (en 1864). Ils ont également commencé à étendre leur influence sur les îles voisines de Lapa, Dom João e Montanha.
En 1887, le Portugal organisa avec le faible gouvernement chinois de l'époque le Traité d'amitié et de commerce sino-portugais, qui reconnaît et légitime l'occupation perpétuelle de Macao et de ses dépendances par le Portugal.
Développement du Jeu et rétrocession à la Chine
Le gouvernement de Macao, souhaitant créer sa propre monnaie officielle, autorise, en 1901, la Banco Nacional Ultramarino (BNU) à émettre des billets sous le nom de patacas. Les premiers billets imprimés pour distribution sont créés en 1906 et 1907.
Le Portugal n'a pas officiellement participé à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), Macao devint alors l'un des seuls endroits en Asie à rester neutre durant le conflit mondial. Pour cette raison, un grand nombre de réfugiés chinois fuyant l'occupation japonaise se sont réfugiés provisoirement à Macao, ce qui a doublé sa population durant cette période. Cet afflux de réfugiés a causé de nombreux problèmes, en particulier ceux relatifs à la surpopulation et au manque de nourriture.
Le Japon respecta la neutralité du Portugal, et donc celle de Macao. Cependant, même en n'occupant pas le territoire, les forces japonaises exercèrent une énorme pression sur le gouvernement de Macao, le menaçant à plusieurs reprises. Par exemple, en 1941 les îles de Lapa, Dom João e Montanha, officiellement occupées par les Portugais en 1938, ont été abandonnées en raison d'une menace émise par l'armée japonaise. En conséquence, les Japonais les occupèrent, mais avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, les rendirent à la Chine en raison de l'incapacité des Portugais à les réoccuper.
1949 marque la fondation de la République populaire de Chine (RPC) à caractère communiste et anticolonialiste. La nouvelle République lista le Traité de l'amitié et du commerce sino-portugais parmi les nombreux traités inégaux imposés par les puissances européennes à la Chine et déclarés invalides en conséquence. Mais le nouveau régime n'étant pas encore prêt à aborder la question historique de ces traités, le statu quo de Macao fut provisoirement maintenu.
Le , la célèbre révolte dite émeute 1-2-3 éclate. Elle est le fait de Chinois pro-communistes insatisfaits et fortement influencés par la Révolution culturelle chinoise de Mao Zedong. Lors de cette journée de protestation, 11 personnes sont tuées et environ 200 autres blessées. Ces évènements exigèrent la mobilisation de soldats pour contrôler la situation. L'émeute généra la tension et la terreur à Macao jusqu'à sa résolution le avec une demande d'excuses humiliantes faites par le gouvernement de Macao à la communauté chinoise. Cette émeute a également causé la renonciation du Portugal à l'occupation perpétuelle de Macao et fit reconnaître la puissance et le contrôle de facto des Chinois de Macao aux Portugais, marquant le début de la fin de la période coloniale de la ville.
Après la Révolution des Œillets, en 1974, le Portugal déclara l'indépendance immédiate de toutes ses provinces ultramarines. Mais la Chine rejeta une fois de plus ce transfert immédiat et appela à la mise en place de négociations visant à permettre un transfert sans heurt.
Au cours des négociations, le statut de Macao fut changé pour Territoire chinois sous administration portugaise et le transfert de souveraineté de Macao à la Chine fut prévu pour le par la Déclaration commune sino-portugaise sur la question de Macao. Ce projet bilatéral et international, signé le , établit une série d'engagements et de garanties conclues entre le Portugal et la Chine qui accorde à Macao un haut degré d'autonomie et la conservation de ses caractéristiques uniques, y compris son mode de vie et son système économique capitaliste jusqu'en 2049.
Le territoire redevient finalement chinois le , sans susciter d'émotion au sein du peuple portugais, qui en avait une assez mauvaise image.
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Macao