Histoire
Préhistoire
Le plus souvent la préhistoire et protohistoire du Sénégal évoquent avant tout les cercles mégalithiques de Sénégambie ou les amas coquilliers artificiels, tels ceux de l'île de Fadiouth.
Pendant la préhistoire, la présence d'un peuplement assez ancien est estimé très antérieure à l’ère chrétienne. Des bifaces en amande du paléolithique inférieur ont été découverts dans la presqu'île du Cap-Vert, ainsi que d'autres objets en pierre plus élaborés (hachereaux, racloirs) dans la région de Rufisque et au bord des rivières du Sénégal oriental.
Au néolithique, l'outillage se diversifie et la céramique fait son apparition. Les fouilles menées dans les régions côtières ont mis au jour des restes de cuisine qui témoignent d'une importante population de pêcheurs et commerçants (marigot de Khant dans le delta, embouchure du Saloum).
La métallurgie se développe à l'époque protohistorique (Ier millénaire av. J.-C.), où l'on retrouve des tombeaux en forme de tumulus. Dans le centre du pays, débordant sur l'actuelle Gambie, on trouve un ensemble de cercles de mégalithes sur un secteur de 100 km sur 250 km. On retrouve ce type d’alignement dans le nord est de la république centrafricaine.
Premiers royaumes
Les peuplements se sont progressivement consolidés pour aboutir à la création des premiers royaumes qui se forment au viie siècle, les Toucouleurs fondent le Tekrour, le Royaume du Namandirou, puis le Djolof, avec de lointaines parentés avec l'empire du Ghana. Parmi les différents royaumes, le plus puissant au xive siècle était l'empire du Djolof qui regroupait le Cayor, le Baol, les royaumes sérères du Sine et du Saloum, le Waalo, le Fouta-Toro et le Bambouk. Au sud du pays, l'État du Kaabu, puis le Fouladou.
Le Djolof était un empire fondé par Ndiadiane Ndiaye, premier bourba (roi) djolof. Il avait été élu comme chef dans ce qui allait devenir le royaume du Oualo, au nord-ouest de l'actuel Sénégal, dans la région du fleuve. Il avait réuni toutes les populations d'ethnie wolof pour fonder cet empire au xiiie siècle. L'empire s'effondra en 1549, avec la mort du dernier empereur du Djolof, Lélé Fouli Fak, tué par Amary Ngoné Sobel Fall, alors chef de la région du Cayor.
Le Djolof est resté vassal de l'empire du Mali pendant un siècle. À partir de là, les autres États allaient, tour à tour, prendre leur indépendance jusqu'à réduire le grand empire du Djolof aux dimensions d'une royauté dans la partie centrale du pays. Dans la seconde moitié du xixe siècle, les colons français annexèrent progressivement tous les royaumes du Sénégal. Le Djolof fut le dernier royaume annexé avec le départ en exil de Alboury Ndiaye, sous l'impulsion de Louis Faidherbe.
L'islam est introduit au Sénégal pour la première fois entre le viiie siècle et le ixe siècle par le biais des commerçants arabo-berbères. Ils diffusent pacifiquement cette religion et convertissent les Toucouleurs, lesquels la propageront partout au Sénégal. Plus tard, au xie siècle, les Almoravides, aidés des Toucouleurs, tentent d'islamiser les groupes de religion traditionnelle par le Djihad. C'est l'une des raisons qui entraîne la migration des Sérères vers le Sine-Saloum, des Wolofs, des Peuls et des Mandingues, qui étaient tous concentrés au Tekrour. Une légende populaire, chantée par les griots et illustrée par le poète-président Senghor, rattache d'ailleurs la filiation du premier Bourba Djolof Ndiadiane N'Diaye à la dynastie des Almoravides (fondatrice de Marrakech et responsable de l'attaque repoussée par le célèbre « Cid »). L'islam se propage très tôt dans l'empire du Djolof. Mais c'est au xixe siècle qu'il gagne véritablement l'ensemble des populations, pacifiquement, grâce aux marabouts et leurs confréries tels que El Hadji Malick Sy pour la tidjaniya ou Amadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, qui émerveillent les populations par leur érudition et leurs miracles. C'est également un moyen pour les populations de s'unir et se protéger contre les ravages que connaissent les royaumes au xixe siècle (djihads répétés, colonisation forcée).
Le xixe siècle est en effet marqué par la chute des royaumes, l'avancée des colons européens ainsi que par la résistance anticoloniale, illustrée par des personnages tels que Aline Sitoe Diatta, Sidya Ndaté Yalla Diop, El Hadj Oumar Tall, Mamadou Lamine Dramé, Bouna Alboury Ndiaye, Alpha Molo Balde, Maba Diakhou Ba, Ndeté Yalla Mbodj, Moussa Molo Balde, Djignabo Badji, Lat Dior... La religion catholique se diffuse avec les missionnaires européens à partir du xixe siècle, en particulier au Sine et en Casamance.
Colonisation
Les premiers comptoirs
La conquête coloniale commence dès la découverte de ces terres entre 1442 et 1456 par le navigateur vénitien Cadamostopour le compte du Portugal. Les Portugais se lancent alors rapidement dans la traite des Noirs, mais devront bientôt faire face à la concurrence des négriers britanniques, français et hollandais à travers le Commerce triangulaire.
Les Hollandais fondent un comptoir sur l'île de Gorée, la France établit en 1659 celui de Saint-Louis qui deviendra la première capitale du Sénégal. En 1677, les Français occupent à leur tour l'île de Gorée (un des principaux centres du commerce des esclaves avec Saint-Louis et le fort de l'île James en Gambie).
Le XVIIIe et le xixe siècles voient l'apogée des signares, de riches commerçantes métisses, centrées sur Gorée et Saint-Louis, qui restent extérieures au commerce des esclaves.
La seconde République de 1848 crée un mandat de député pour Saint Louis. L'ordre colonial s'impose avec Faidherbe, gouverneur du Sénégal (territoire des Quatre Communes) de 1854 à 1861 et de 1863 à 1865, qui jette les bases de la future Afrique-Occidentale française (AOF). Respectueux des coutumes indigènes, il étend l'influence française très au-delà du Sénégal, travaille à développer l'économie locale et créé le port de Dakar. La troisième République consacre le statut des quatre communes à Saint-Louis, Gorée, Dakar et Rufisque.
Après la conférence de Berlin
La conférence de Berlin s'achève le 26 février 1885, les puissances européennes se partagent alors l'Afrique et annexent désormais les royaumes situés à l'intérieur des terres. La colonisation de l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest s'achève quelques années plus tard. L'Afrique-Occidentale française (AOF) est créée en 1895. Deux statuts vont alors cohabiter au sein de la population, les habitants des quatre communes sont citoyens Français de plein droit tandis que les populations des territoires nouvellement colonisés seront soumis à l'indigénat. Sous l'influence du député noir Blaise Diagne, un statut particulier peut être choisi par les habitants des quatre communes à partir de 1916. Ces dernières envoient des conscrits pendant les deux conflits mondiaux. En 1919, certains troubles agitent Dakar. Le tirailleur Cheikou Cissé, né au Soudan français et blessé pendant la guerre, est condamné à la peine de déportation perpétuelle et envoyé au bagne de Nouvelle-Calédonie. Mort en 1933, il a fait l'objet d'une lutte de la part des milieux anticolonialistes français (dont le Secours rouge international et la SFIC communiste).
Après Saint-Louis, Dakar devient, en 1902, la capitale de l'Afrique-Occidentale française, l'une des colonies françaises.
En avril 1959, la République soudanaise (actuel Mali) et le Sénégal fusionnent pour former la Fédération du Mali. Le la fédération devient indépendante suite aux transferts de pouvoirs convenus dans l'accord signé en France le . Cette date est considérée comme le jour officiel d'accession du Sénégal à l'indépendance.
Indépendance
Le , le Sénégal se retire de la fédération du Mali et proclame son indépendance.
Alors que le Président du Conseil, Mamadou Dia, incarne le sommet de l’État dans un système parlementaire bicéphale de type quatrième République (la politique économique et intérieure pour lui, la politique extérieure pour Senghor), ses relations avec le Président de la République s’enveniment peu à peu. Il est arrêté et accusé de « tentative de coup d’État » avec quatre autres ministres, Valdiodio N'diaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall. Alors que le procureur général ne requiert aucune peine, ils sont condamnés à 20 ans d'emprisonnement au centre spécial de détention de Kédougou.
Le procureur général de l'époque, Ousmane Camara, revient sur le déroulement du procès dans une autobiographie publiée en 2010 : « Je sais que cette haute cour de justice, par essence et par sa composition, (ndlr : on y retrouve des députés ayant voté la motion de censure), a déjà prononcé sa sentence, avant même l’ouverture du procès (...) La participation de magistrats que sont le Président (Ousmane Goundiam), le juge d’instruction (Abdoulaye Diop) et le procureur général ne sert qu’à couvrir du manteau de la légalité une exécution sommaire déjà programmée ».
De nombreuses personnalités comme Jean-Paul Sartre, le pape Jean XXIII ou encore François Mitterrand demandent leur libération mais Senghor ne décide de les gracier et de les libérer qu'en mars 1974 ; ils sont amnistiés en , un mois avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal. Malgré l'annonce de la révision du procès de Mamadou Dia et de ses acolytes par Abdoulaye Wadeau début de son premier mandat présidentiel, cet épisode dramatique de l'Histoire du Sénégal reste un sujet délicat car de nombreux politologues et historiens considèrent cet événement comme la première véritable dérive politicienne de la part de Senghor.
À la suite de cet événement, Léopold Sédar Senghor met en place le 7 mars 1963 un régime présidentiel fort.
En 1966, l'UPS devient le seul parti autorisé. Il faudra attendre une dizaine d'année avant le rétablissement du multipartisme au Sénégal en mai 1976.
Le Sénégal et la Gambie s'unissent en 1982 pour former la Confédération de Sénégambie, mais celle-ci ne fut que théorique et n'a jamais été mise en application. Elle est finalement dissoute en 1989.
Des affrontements ont lieu depuis 1982 de manière intermittente entre les séparatistes installés dans le Sud de la Casamance et les forces gouvernementales. Après plusieurs tentatives infructueuses, un nouvel accord a été signé à Ziguinchor le entre le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom et l'abbé Augustin Diamacoune Senghor, chef de la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
Un autre foyer de conflit entre des Casamançais et la Guinée-Bissau s'est développé en avril 2007.
En 1989, la Mauritanie et le Sénégal ont rejeté violemment et respectivement les communautés du pays voisin alors que la plupart étaient nés depuis longtemps dans leur nouveau pays d'adoption et s'étaient bien implantés dans le tissu social et économique. Selon le HCR, des réfugiés sont toujours établis le long du fleuve Sénégal. En 2007, le président de la Mauritanie a déclaré lors de sa campagne, être en faveur du retour de ses compatriotes vivant au Sénégal et au Mali contre leur gré.