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Histoire

La période romaine

La période de domination romaine en Grèce s'étend conventionnellement de 146 av. J.-C. après le sac de Corinthe jusqu'à la reconstruction de Byzance par Constantin Ier et sa proclamation en tant que seconde capitale de l'Empire romain en 330 apr. J.-C. Durant cette période la Grèce était alors divisée en plusieurs provinces romaines distinctes.

Empire byzantin

En 395, à la mort de Théodose Ier, l’Empire romain est partagé en deux parties : l’Empire romain d'Occident qui disparaît en 476, et l’Empire romain d’Orient qui dura jusqu'en 1453 à Constantinople, jusqu’en 1461 à Trébizonde et Mistra et jusqu’en 1475 en Crimée grecque. Le terme byzantin vient de Byzance, l’ancien nom de la capitale Constantinople, mais l’appellation « Empire byzantin » apparaît seulement au xvie siècle, en 1557, sous la plume de l’historien allemand Hieronymus Wolf, pour définir l’histoire de l’Empire romain d’Orient considérée comme une histoire grecque, distincte de celle de l’Empire romain d'Occident. En effet, bien que les citoyens de l’Empire d’Orient nommaient leur État en grec Βασιλεία Ρωμαίων (Basileía Rômaíôn : « Empire des Romains »), qu’ils se considéraient comme Romains (Rômaíoi), et qu’ils ne se soient jamais désignés comme « Byzantins », il n’en reste pas moins que la langue de communication, la culture et la liturgie de l’Empire romain d’Orient étaient essentiellement grecques : d’ailleurs, si certains chroniqueurs désignent l’empire comme « Terre de Romanie », la plupart utilisent plutôt « Imperium Graecorum », « Græcia » ou « Terra Græcorum » et « Grecs » pour ses citoyens.

Au cours des mille ans séparant l’an 395 de l’an 1453, un certain nombre de valeurs et de savoirs furent conservés par les grecs Byzantins : État de droit écrit gouverné par le Code Justinien, empereur responsable devant le Sénat, absence de servage, collectivités agricoles libres, techniques agricoles élaborées (irrigation), architecture romane, aqueducs, eau courante, tout-à-l’égout et éclairage dans les villes, usage de bains (que nous appelons « bains turcs »), sémaphores et phares, transmission des savoirs antiques, de la philosophie grecque classique et de la médecine hippocratique dans les universités de Constantinople, Trébizonde et Mistra… Ces savoirs ont d'abord été transmis à tout le monde chrétien et ensuite aux Arabes qui à leur tour les ont communiqués au sein de leurs conquêtes: L'empereur Romain Ier Lécapène (Ρωμανός Α' ο Λεκαπηνός) envoie bibliothèques et traducteurs en Espagne musulmane, à Hasday ibn-Chaprut (Xe siècle), ministre du calife de Cordoue, Abd al-Rahman III.

La disparition de la partie occidentale de l’empire romain et la fin du système des légions, ainsi que les menaces permanentes sur leurs frontières amenèrent les Byzantins à se doter d’une armée puissante, dont la tactique a évolué et commencé à s’élaborer de manière autonome dès le vie siècle.

Comme empire romain, l’Empire byzantin fut un État chrétien qui, après le schisme de 1054, resta fidèle à l’orthodoxie et aux dogmes du christianisme de l’église du premier millénaire. Un ce des dogmes est que le Saint-Esprit ne procède que de Dieu lui-même et non du Christ, ce qui fait que toute âme même non-chrétienne peut être sauvée : pour cette raison, l’empire byzantin refuse de participer aux croisades du xie siècle au xiiie siècle et considère les Latins comme un danger aussi grave que celui des Turcs, ce que confirme le sac de Constantinople par les Croisés en 1204, qui morcelle et affaiblit définitivement l’empire

Domination ottomane

La Grèce ottomane est le terme utilisé pour désigner la période de domination ottomane, dès avant la prise de Constantinople en 1453 (puisque les Ottomans s’emparent des Balkans dès le xive siècle) et jusqu’à la fin de la guerre d'indépendance grecque au début des années 1830. La majeure partie de la Grèce fait alors partie de l’Empire ottoman, dont les conquêtes durent plusieurs siècles (la dernière île grecque prise est Tinos en 1715 : une partie non négligeable de l’actuel territoire restant jusqu’à très tardivement sous la souveraineté vénitienne). Corfou, Ithaque et l’archipel ionien n’ont jamais fait partie de l’Empire ottoman. La Crète demeura vénitienne jusqu’à la moitié du xviie siècle ; le Péloponnèse fut reconquis et occupé pendant trente ans par les Vénitiens, jusqu'en 1715.

Les Grecs connaissaient alors des situations sociales contrastées. Alors que les aristocrates grecs des îles Ioniennes et de Constantinople (Phanariotes) vivaient dans la prospérité, certains obtenant même des postes à responsabilité au sein de l'administration ottomane, une importante partie de la population de Grèce continentale souffre des conséquences économiques et sociales de la conquête ottomane. Dans les dernières années, les autorités ottomanes lancèrent une politique de création de domaines héréditaires, qui transforma les ruraux grecs en véritable serfs (système des Timars).

Depuis la chute des Empereurs de Constantinople, l’Église grecque orthodoxe était considérée par le gouvernement ottoman comme l’autorité dirigeant toute la population chrétienne orthodoxe de l’Empire ottoman, qu’elle soit de langue grecque ou non. Bien que l’État ottoman n’obligeât pas les non-musulmans à se convertir à l’Islam, les chrétiens étaient confrontés à différents types de discriminations liées à leur statut inférieur dans l’Empire (dont la pédomazoma-παιδομάζωμα : enlèvement des garçons pour les enrôler dans les janissaires, et la double-capitation sur les non-musulmans). Les discriminations contre les chrétiens, surtout lorsqu’elles étaient associées à des mauvais traitements de la part des autorités ottomanes locales, décidaient la conversion, réelle et définitive, ou apparente et provisoire. Au cours du xixe siècle, avec l’émergence du nationalisme grec moderne, certains « crypto-chrétiens » retournèrent à leur ancienne obédience religieuse… surtout lorsque les territoires où ils vivaient, furent enlevés à l’Empire ottoman par les nouveaux états chrétiens.

La nature de l’administration ottomane de la Grèce diffère selon les régions et les époques. Certaines villes étaient dirigées par des gouverneurs nommés par le Sultan tandis que d’autres étaient des municipalités qui s’autogouvernaient. Certaines régions montagneuses et de nombreuses îles restèrent à l’écart du pouvoir central ottoman pendant de nombreux siècles.

Quand des conflits militaires se déclenchaient entre l’Empire ottoman et des États chrétiens (Autriche, Venise), les Grecs, à quelques exceptions près, prenaient généralement les armes contre l’Empire, surtout si ses adversaires étaient orthodoxes (Empire russe, Principautés danubiennes). Avant la guerre d'indépendance, il y eut une série de guerres où l’on vit des grecs combattre les Ottomans : la participation grecque à la bataille de Lépante en 1571, la révolte des paysans épirotes de 1600-1601 en même temps que celle de Michel de Valachie dans les Principautés danubiennes, la guerre de Morée de 1684-1699 et la Révolution d’Orloff de 1770 qui cherchait à démanteler l’Empire ottoman en faveur des intérêts russes. Ces insurrections furent noyées dans le sang.

Les xvie et xviie siècles sont vus comme un « âge obscur » de l’histoire grecque, la perspective de renverser la domination ottomane apparaissant éloignée. Au cours du xviiie siècle, cependant, cette perspective se concrétisa grâce à la richesse de la classe marchande. Ces marchands commencèrent à dominer le commerce à l’intérieur de l’Empire grâce aux communautés dans les Balkans, en Europe occidentale et sur les pourtours de la Méditerranée. Les idées des Lumières combinées aux idéaux de la Révolution française et du sentiment national romantique commencèrent à pénétrer le monde grec par l’intermédiaire de cette diaspora marchande. À la fin du xviiie siècle, Rigas, le premier à envisager un État grec indépendant, publia une série de documents sur l’indépendance grecque, incluant notamment la première carte détaillée de la Grèce, à Vienne. À cette époque, la notion de « Grec » se confondait encore avec celle d’ancien citoyen de l’Empire grec (Rômaios / Ρωμαίος, pas forcément hellénophone, mais grec orthodoxe selon le système ottoman des milliyets) et la « Nouvelle Grèce libre » alors envisagée par les « philhellènes » était plutôt philosophique que nationale, débordant largement la Grèce moderne et se référant plutôt à l’antique aire d’expansion de l’hellénisme (ἑλληνιζμός / hellênizmós), incluant la majeure partie des Balkans, l’Anatolie occidentale et la région du Pont. Un mouvement philhellène soutenu par les Tzars se développe à ce moment dans l'Empire russe et se traduit par la mise en place, au nord de la Mer Noire, dans les territoires alors pris à l’Empire ottoman, d’une « Nouvelle Russie » multinationale, mais orthodoxe, où de nombreux colons grecs sont invités et dont les villes nouvelles reprennent les noms des antiques colonies grecques de la région ou bien reçoivent des noms grecs : Odessa, Tyraspolis, Nicopolis, Chersonèse, Théodosia, Eupatoria, Sébastopol, Simferopol, Melitopol, Stavropol et d'autres, tandis que les études archéologiques se multiplient. Puis, au début du xixe siècle, la notion de « Grec » prend de plus en plus une signification ethnique au sens moderne du terme, et se confond dès lors avec l’ensemble des locuteurs natifs de la langue grecque, et eux seuls.

Guerre d’indépendance

En 1814, une organisation secrète, la Filikí Etería fut fondée avec pour but la libération de la Grèce. Elle avait prévu de lancer le mouvement dans le Péloponnèse, et les Principautés danubiennes alors gouvernées par des Phanariotes. Dans ces dernières, l'insurrection commença le 6 mars 1821 sous le commandement d’Alexandros Ypsilantis, venu d’Odessa, mais elle fut réprimée en quelques mois. En parallèle, le Péloponnèse entra en révolte ouverte à partir de la fin mars et, en octobre 1821, les Grecs capturèrent Tripolizza. La révolte péloponnésienne fut suivie par des révoltes en Crète, en Macédoine et en Grèce centrale. Pendant ce temps, les navires grecs avaient remporté des succès contre la marine ottomane dans la mer Égée, ce qui gêna l’envoi de renforts ottomans par la mer. Toutefois, en 1822, les Turcs ravagèrent Chios, ce qui galvanisa l’opinion publique occidentale en faveur des Grecs.

L'indépendance de fait fut proclamée lors de l'Assemblée nationale d'Épidaure en 1822. L'opinion publique européenne était assez favorable au mouvement, à l'image des nombreux philhellènes. Dans un premier temps, cependant, aucun pays ne bougea à cause du poids politique et diplomatique de la Sainte-Alliance. Pendant deux ans, les Grecs multiplièrent les victoires. Cependant, ils commencèrent à se déchirer. Pendant ce temps, le Sultan négocia avec Méhémet Ali d’Égypte, qui accepta d’envoyer son fils Ibrahim Pacha en Grèce avec une armée pour supprimer la révolte en échange d’un gain territorial. Ibrahim accosta dans le Péloponnèse en février 1825 et conquit rapidement la majeure partie de la région. Missolonghi, assiégée par les Ottomans depuis le mois d’avril 1825, tomba en 1826. Athènes tomba à son tour en juin 1827.

Après des années de négociation, les trois grandes puissances, la Russie, le Royaume-Uni et la France, décidèrent d’intervenir dans le conflit, chaque nation envoyant une flotte en Grèce. La Russie, intéressée entre autres au sort des Orthodoxes grecs, souhaitait de plus en plus ardemment intervenir. Les Britanniques, quant à eux, désiraient limiter l'influence russe dans la région. D’après des informations selon lesquelles une flotte combinée turco-égyptienne devait attaquer l’île grecque d’Hydra, la flotte alliée intercepta la flotte turco-égyptienne à Navarin. Après un long bras de fer d’une semaine, la bataille commença et eut pour résultat la destruction de la flotte turco-égyptienne. Une expédition française fut ensuite envoyée dans le Péloponnèse pour superviser son évacuation par l'armée égyptienne en 1828, tandis que les Grecs obtenaient des succès contre les Ottomans en Grèce Centrale. La Russie déclara la guerre aux Turcs la même année. Sa victoire fut entérinée par le traité d'Andrinopole, en 1829. Ces interventions européennes précipitèrent la création de l'État grec. Le protocole de Londres (1830), signé par des représentants britanniques, français et russes, permit en effet l'affirmation de l'indépendance grecque que la Prusse et l'Autriche autorisèrent. La France, la Russie et le Royaume-Uni, appelées « puissances protectrices », gardèrent ensuite une influence notable sur le jeune royaume (sorte de protectorat, la Grèce étant endettée à la suite de différents emprunts contractés pendant la guerre et au début de la naissance de l'État).

La Grèce de l'indépendance à l'échec de la Grande Idée (1830-1923)

De 1830 à 1914, la Grèce progresse vers le nord avec la conquête de la Thessalie, de la Macédoine, de la Thrace, de la Crète, des îles de la mer Égée, grâce entre autres aux guerres balkaniques de 1912-1913 et 1913. La Grèce entra tardivement, aux côtés de la Triple-Entente, dans la Première Guerre mondiale (2 juillet 1917) mais les conflits consécutifs se poursuivirent jusqu'en 1923 pour se solder par une « Grande catastrophe » : la disparition de l'hellénisme en Asie mineure après deux millénaires et demi d'existence.

La Grèce depuis le traité de Lausanne

L'entre-deux-guerres (1923-1939)

De 1923 à 1941 se succèdent différents régimes : la République (1924-1935) suivi d'un rétablissement de la monarchie (1935) et de la dictature de Ioánnis Metaxás (1936-1941).

La République est proclamée le 25 mars 1924, à la suite des élections ayant donné la majorité au parti républicain. Le roi Georges II est destitué. Cette République dure douze ans, douze années agitées, ponctuées par des coups d'État militaires et des conflits frontaliers avec ses voisins, comme l'Incident de Pétritch en 1925, résolu par l'intervention de la Société des Nations. Venizélos parvient sur la fin (1928) à établir un régime à peu près stable. Mais un énième coup d'État voit la restauration de la monarchie en 1935.

L'année suivante, le général Ioannis Metaxas, devenu Premier Ministre, abolit la Constitution pour imposer sa dictature. Il instaure un régime totalitaire inspiré de Mussolini (Mouvement de la jeunesse nationale, salut fasciste, emprisonnement ou déportation des communistes). Cependant, en 1940, il saura s'opposer à la volonté d'invasion de Mussolini.

La Seconde Guerre mondiale et ses suites (1939-1946)

Le régime de Metaxas se termine, malgré la résistance militaire de la Grèce face à l'Italie (1940), dans un effondrement face à l'Allemagne (1941). Metaxas avait gardé une position extérieure alignée sur l'Angleterre (ainsi que le désirait le roi Georges II). Il avait opposé une fin de non-recevoir le 28 octobre 1940 à la demande de Mussolini de laisser libre passage aux forces fascistes sur le territoire grec ; ce coup d'éclat, malheureusement soldé par l'invasion allemande, a fait de ce « non » grec la fête nationale.

L'occupation est très dure (famine, fusillades, destructions). Résistance extérieure (gouvernement du Caire et armée grecque du Moyen-Orient) et résistance intérieure (EAM-ELAS et le KKE ; l'EDES ; l'EKKA) ne s'entendent pas. La libération précoce d'une partie de la Grèce par l'EAM (auto-administration) amène des conflits entre mouvements de résistance qui mènent à la guerre civile : conflit entre l'EAM-ELAS et l'armée britannique en décembre 1944 ; accord de Varkiza - également appelé « trêve de Varkiza » (février 1945).

La Conférence interalliée de Paris conclut le 14 janvier 1946 que l'Allemagne doit 7,1 milliards de dollars de réparations à la Grèce en raison du pillage organisé du pays par la 12e armée de la Wehrmacht. L'Allemagne ne paiera effectivement qu'un 60e de cette somme.

La guerre civile (1946-1949)

La fin de la seconde guerre mondiale ouvre directement sur la guerre civile, en raison des divergences d'intérêts et d'opinions qui traversent la Grèce, région stratégique à l'orée de la guerre froide.

D'un côté, les Anglais, puissance victorieuse, ne peuvent imaginer la Grèce dépourvue de son roi Georges II ; de l'autre côté, l'organisation résistante EAM (Front de Libération Nationale), qui souhaite un gouvernement démocratique d'union nationale, apparaît comme « rouge » aux yeux de Churchill. Le conflit prend de l'ampleur, les opinions se radicalisent de part et d'autre ; c'est la guerre civile, qui voit s'affronter l'armée régulière (marquée par la présence de la droite et de l'extrême-droite, qui vont jusqu'à se servir d'anciens « collabos » et autres anciens partisans de Metaxas) et l'armée des partisans (ELAS, aile armée du parti communiste grec, et EAM). L'armée régulière est soutenue par les Britanniques puis les Américains, tandis que l'URSS prodigue une aide aux partis de gauche.

Le conflit, sanglant, laisse plus de 200 000 morts et un pays ravagé. Les derniers combats, dans le Nord du pays, voient la victoire de l'armée régulière, en octobre 1949.

De la guerre civile à la dictature (1949-1967)

La reconstruction est difficile ; le pays reste divisé, la priorité est donnée à la lutte anticommuniste, et le gros de l'aide Marshall passe en dépenses militaires. De fait, depuis le début de la guerre froide, la Grèce est considérée par l'Occident comme un rempart contre le bloc communiste menaçant.

En 1946, la monarchie avait été rétablie, replaçant Georges II à la tête du pays. À sa mort l'année suivante, c'est son frère Paul Ier qui lui succède.

Le gouvernement, après des années de confusion, est constitué en 1951 d'une majorité de droite conservatrice dure, menée par le maréchal Alexandros Papagos. À partir de 1955 lui succède Konstantinos Karamanlis, étoile montante de la scène politique grecque, chef de l'ERE (Union nationale radicale). Durant les douze années de ce gouvernement (1951-63), le pays subit un régime de fer, que marquent atteintes aux libertés, censure, exactions de groupes paraétatiques. Cependant, c'est également une période de stabilité, durant laquelle la Grèce s'engage dans le développement économique : urbanisation et exode rural, développement du tourisme, de la marine marchande, normalisation des relations internationales (entrée dans l'OTAN en 1952, traité d'association avec la CEE en 1961). Le pays prend peu à peu sa place dans le bloc occidental.

Au début des années 1960, le climat politique se tend ; les critiques sont de plus en plus vives à l'égard du gouvernement. Les partis d'opposition (Union du Centre ou EK, Gauche démocratique ou EDA) voient s'affirmer la figure de Georgios Papandréou (EK). En 1963, un député de l'EDA, Grigoris Lambrakis, est assassiné par une opposition paraétatique. Cet évènement, qui inspirera Costa-Gavras pour son film Z, contraint Karamanlis, discrédité, à s'exiler à Paris après avoir perdu les élections.

La victoire de Georgios Papandréou auxdites élections, en 1964, annonce une période d'embellie démocratique. Mais le Palais et les militaires vivent mal l'ombre dans laquelle ils sont rejetés. Ils s'irritent d'un prétendu complot « communiste », ourdi par le propre fils du premier ministre, Andréas. Les relations entre le nouveau roi Constantin II et Papandréou deviennent si tendues que ce dernier démissionne, en juillet 1965. De nouvelles élections sont donc prévues, dont le résultat s'annonce évident : une nouvelle victoire du parti centriste de Papandréou.

C'est pourquoi, le 21 avril 1967, un efficace coup d'État de l'armée vient interrompre tout processus démocratique, ajournant définitivement les élections. Le groupe d'officiers à l'origine du putsch est secrètement soutenu par la CIA ; il inaugure la « dictature des colonels ».

La dictature des colonels (1967-1974)

La « dictature des colonels » est le nom donné au pouvoir politique en place en Grèce de 1967 à 1974, qui provoqua en outre l'exil du roi Constantin II monté sur le trône en 1964. Le roi avait en effet tenté un coup d'État, en décembre 1967, contre les colonels. Son exil, consécutif à cet acte de bravoure raté, laisse le colonel Geórgios Papadópoulos, à la tête des officiers, imposer une Constitution dictatoriale lui attribuant les pleins pouvoirs.

Les colonels n'ont pas de véritable programme ; ils se contentent de proclamer « l'ordre moral », de se présenter en champions de l'orthodoxie, avec pour mot d'ordre « la Grèce des Grecs chrétiens ». Le régime policier pourchasse les opposants, supprime les partis, remplit les prisons, bannit la gauche. De nombreux intellectuels fuient à l'étranger. Cependant, le régime trouve l'Occident, et notamment les Américains, indulgents à son égard ; les États-Unis accordent leur aide financière, car ces militaires grecs occupent un emplacement stratégique dans la guerre froide, sur le flanc sud-est de l'OTAN.

La résistance a mis du temps à s'organiser. Ce sont les étudiants qui déclenchent le processus de désintégration de la dictature, en 1973, par l'occupation de l'École polytechnique d'Athènes ; la répression est brutale : les chars sont lancés à l'assaut de l'université, faisant 40 morts et une centaine de blessés.

Mais le coup définitif vient de Chypre, en 1974. L'île, indépendante depuis 1960 (après avoir été colonie anglaise), peuplée d'une majorité de Grecs et d'une minorité turque, est alors gouvernée par le président et archevêque Makarios III. Ledit président cherche à se débarrasser des officiers grecs de sa garde nationale, attirant la réaction de l'ultra-nationaliste Ioannidis, furieux, qui lance une tentative d'assassinat de l'évêque et une tentative de putsch sur l'île. La Grèce et la Turquie, toutes deux puissances garantes, s'apprêtent à intervenir ; les Turcs vont débarquer, et la junte des colonels s'enfoncer dans le chaos.

La classe politique rappelle alors Karamanlis de son exil parisien, pour qu'il participe à la restauration de l'ordre démocratique. En juillet 1974, il est placé à la tête d'un gouvernement provisoire d'union nationale ; il est confirmé à ce poste, trois mois plus tard, par des élections triomphantes.

Karamanlis peut alors prendre deux décisions importantes : légaliser le PC et définir la nature du régime, par un référendum qui voit les Grecs se prononcer à 70 % contre le retour du roi. La Grèce devient une république parlementaire et entame sa marche vers la mondialisation et l'Union européenne.

Histoire récente

Après la dictature, la Grèce connaît une forte croissance économique, et des niveaux de vie jamais atteints auparavant, notamment grâce à la hausse du tourisme étranger en Grèce. Elle adhère à l'Union européenne en 1981, adopte la monnaie européenne en 2001. Le pays, qui est à l'origine des Jeux olympiques, accueille la compétition en 2004 à Athènes. À partir de 2007, le pays est touché par la crise économique mondiale venue des États-Unis, et connaît en 2009 une grave crise budgétaire qui le force à demander l'aide de l'Union européenne. Les causes de la crise grecque, attribuées dans un premier temps à la Grèce seule, sont en fait beaucoup plus complexes. Outre les effets de la crise mondiale, et les fautes de gestion des gouvernements grecs successifs, beaucoup de fonds d'investissements ont spéculé sur la dette, aggravant ainsi une situation précaire En 2013, et après plusieurs années de crise économique pendant lesquelles la notation financière du pays est revue à la baisse, la Grèce retombe officiellement dans le groupe des pays dits émergents, la presse grecque utilise le terme de βυθισμένη χώρα : « pays submergé »).

Au milieu des années 2010, le pays figure en première ligne de la crise migratoire en Europe, qui fait suite à la guerre civile syrienne.

Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ce