⇐ Présentation

Géographie ⇒

Histoire

Au ve siècle av. J.-C. le nom « Italia » désigne à l'origine seulement une partie de ce qu'est maintenant l'Italie du Sud. Selon Antiochos de Syracuse, c'est la partie du sud de la péninsule (Bruttium), l'actuelle région italienne de la Calabre habitée par les Italos (et plus précisément l'isthme de Catanzaro). Au iie siècle av. J.-C., l'historiographe grec Polybe appelle Italie le territoire compris entre le Détroit de Messine et les Apennins septentrionaux, bien que son contemporain romain Caton l'Ancien étende le concept territorial de la péninsule jusqu'à l'arc alpin. C'est sous le règne de l'Empereur Auguste (ier siècle av. J.-C.) que le terme a été étendu officiellement pour couvrir la péninsule jusqu'aux Alpes, unifiant ainsi la zone géographique italienne et unifiant pour la première fois l'ensemble du peuple ethnoculturel italique qui y vivait. La Sicile, la Sardaigne et la Corse ne feront pas partie de l'Italie avant le iiie siècle, conséquence des réformes administratives de Dioclétien, même si leurs rapports culturels étroits avec la péninsule permettent de les considérer comme partie intégrante de l'Italie.

Le nom Italia pourrait aussi venir du nom d'Italos, fils de Telegonos et de Pénélope, roi des Œnotres ou Œnotriens, royaume correspondant à une partie de la Calabre et des Pouilles, allant jusqu'à Tarente au sud. "Italos devint un législateur si apprécié pour sa justice et sa manière de gouverner, que son peuple appela ses territoires du nom d'Italie en son honneur, en sa mémoire", d'après l'Énéide de Virgile.

Une des plus anciennes inscriptions faisant apparaître le mot Italie sous la forme ITALIA se trouve sur une monnaie datant du ier siècle av. J.-C., retrouvée dans l'ancienne Corfininium dans les Abruzzes, capitale de la Confédération italique. La monnaie avait été frappée par la confédération des peuples italiques, en guerre contre Rome pour obtenir la citoyenneté romaine (Guerre sociale). Le taureau était un symbole fort dans les royaumes italiques et était souvent dépeint donnant un coup de corne au loup romain, symbole provocant de l'Italie libre pendant la Guerre sociale (Rome) au ier siècle av. J.-C.

Le terme même d’Italia évolue pendant l'Antiquité. Pour les Grecs, il s'agissait seulement du royaume voisin d'Italos. Une origine populaire rapproche l'étymologie à un épisode de la mythologie grecque des travaux d'Héraclès. En effet, après avoir volé les 115 bœufs de Géryon, le héros mena le troupeau le long des côtes italiennes, lorsqu'un taureau s'échappa jusqu'en Sicile. Héraclès l'y retrouva et appela le pays Italia. Une autre version grecque emploie les termes Ouitalia et Ouitalios, en les rapprochant du grec étalon (anciennement Wetalon) signifiant : « taureau ». Il est possible également que les ítalos prenaient leur nom de l'animal, le taureau, et que dans un printemps sacré, ils les avait guidés jusqu'aux lieux ou ils se sont certainement installés. L'historien grec Dionysius de Halicarnasse expose ce compte rendu ensemble avec la légende que l'Italie a porté le nom d'Italus, mentionné aussi par Aristote et Thucydide.

Une autre étymologie est proposée, sur le rapprochement de it- et de aithô, en grec : ce verbe signifie « brûler », et on le retrouverait dans le radical du nom du volcan Etna. Sa présence serait justifiée du fait que, « Italie » étant un nom donné par les Grecs, venant de l'est, ils voient le soleil couchant rougeoyer et brûler l'horizon à l'endroit de la péninsule. On trouve le terme aithalia également utilisé à l'époque antique pour les îles de Lemnos (sans doute du fait de son activité métallurgique) et d'Elbe, pour la même raison qu'« Italie ». Son usage pour l'Etna ou Aithna est transparent. Le nom d’aithalia aurait été donné en premier lieu aux côtes sud de la Botte, là où les Grecs ont accosté en premier, sur le continent.

Avant et pendant Rome

Avant le développement de Rome, l'Italie était composée de plusieurs cultures et civilisations, pour la plupart indo-européennes (Italiotes ou italiques), sur un substrat ligure du Néolithique. Sur ces cultures qualifiées d'autochtones, empiétaient :

  • au sud, les florissantes colonies grecques de la Grande-Grèce, à partir du viiie siècle av. J.-C. par exemple Syracuse, Agrigente et Sélinonte;
  • au centre, des peuples italiques, venus d'Europe centrale à l'âge du bronze, proches des Celtes : Osques, Sabins, Samnites, Latins, Ombriens etc. ;
  • la civilisation étrusque, non-indo-européenne, qui, selon les sources, serait autochtone ou venue d'Asie Mineure ;
  • au nord, les Vénètes, les Ligures et les Celtes, ces derniers arrivés plus tardivement de Bohême, occupent la plaine du Pô, appelée ensuite Gaule cisalpine.

Sous la République romaine, la limite nord de l'Italie s'arrête à la Gaule cisalpine, au niveau des fleuves Aesis - puis en -59 le Rubicon - et Magra. En -42, la Cisalpine est réunie à l'Italie qui s'arrête désormais aux Alpes. Cette dernière limite est fixée au trophée des Alpes mais est ensuite déplacée. Rome attribue la citoyenneté romaine à l'ensemble des Italiens dès -89, elle ne l'étend à tout l'Empire que trois siècles plus tard (édit de Caracalla, 211-212)

Rome et son empire

Selon la légende, la fondation de Rome est due à Romulus et Rémus au milieu du viiie siècle av. J.-C.. La civilisation de Rome connut une première phase d'expansion sous le gouvernement des rois de Rome, qui sont également les fondateurs symboliques de nombreuses institutions romaines. L'unification de la péninsule est conduite à l'époque de la République. Après la victoire de Rome contre Carthage lors de la première guerre punique, les principales îles de la Méditerranée occidentale passèrent également sous le contrôle de Rome. Les deuxième et troisième guerres puniques lui assurèrent le contrôle de tout le pourtour du bassin occidental de la Méditerranée.

Au ier siècle, Rome domine tout le bassin méditerranéen, mais après la mort de Jules César, le 15 mars 44, la république sombre dans la guerre civile. Son successeur Octave (futur empereur Auguste) après avoir vaincu Marc-Antoine et Cléopâtre transforme la République en Empire et met ainsi fin à de longues années d'instabilité politique. Le gouvernement des territoires contrôlés par Rome se caractérise par le respect des cultures locales et par le développement économique favorisé par la réalisation de grandes infrastructures.

L'empire était composé de l'Italie (métropole de l'empire) et des provinces romaines (territoires situés à l'extérieur de la péninsule). Juridiquement le territoire de l'Italie était assimilé à celui de la ville de Rome, ses habitants libres étaient tous citoyens romains grâce au droit du sol (jus soli). Les citoyens romains pouvaient servir dans les légions mais avaient aussi beaucoup de privilèges sociaux par rapport aux non-citoyens. Le programme politique des empereurs était d'intégrer de plus en plus les provinces à la civilisation romaine, ceci, au fil des siècles, a eu comme conséquence une perte progressive de l'hégémonie de l'Italie sur les provinces. Au iiie et ive siècle l'Empire romain se transforme, de facto, d'un empire colonial à un empire universel où tous les hommes libres étaient citoyens d'une même nation. À cette époque les légionnaires sont principalement recrutés parmi les citoyens romains issus des provinces, notamment d'Illyrie et de Thrace. En mars 2937, la première Tétrarchie est officiellement mise en place, l'empire est donc divisé en deux pour être mieux gouverné (Empire romain d'Occident et Empire romain d'Orient ou Empire byzantin). Milan devient la capitale de l'Empire romain d'Occident.

En 313, l'empereur Constantin promulgue l'Édit de Milan qui met fin aux persécutions contre les chrétiens et garantit à tous les citoyens la liberté de culte. Le christianisme se propage en Italie surtout à partir de la ville de Rome, cité cosmopolite dans laquelle vivaient de nombreux immigrés originaires des provinces d'orient, où le christianisme était plus répandu. L'église romaine récupère un certain nombre de traditions païennes et les assimile dans sa liturgie. Les cultes polythéistes sont ainsi transformés en vénération des saints et de la Vierge Marie. Par exemple, beaucoup de temples dédiés à Vénus se transforment en églises consacrées à la mère de Jésus et dans les petites villes les cérémonies dédiées à un dieu protecteur deviennent des fêtes patronales en l'honneur d'un saint que l'imaginaire populaire associe au dieu précédent: protecteur des malades, de l'agriculture, de la chasse, des soldats, des marins etc. Par cette politique l'église romaine arrive à mieux faire accepter aux italiens, très attachés à leurs traditions, le passage au christianisme, le même processus aura lieu dans les provinces. En 380 l'empereur Théodose élève le christianisme au rang de religion d'État.

Au ve siècle, la ville de Ravenne (nord-est de l'Italie) devient capitale de l'empire d'occident, elle sera la dernière. À cette époque, l’empire est confronté à une longue série d'invasions barbares : les Wisigoths, les Huns, les Ostrogoths, les Vandales et les Francs. Sous le coup de ces invasions, l'Empire romain d'Occident s'effondra rapidement. Les barbares qui avaient été accueillis en tant que fédérés à l'intérieur des limes, forment des royaumes qui sont de plus en plus autonomes par rapport au pouvoir impérial. En 476, Odoacre, un patricien d'origine germanique, renonce à assumer le titre d'empereur et à gouverner les provinces, il s'autoproclame simplement roi d'Italie, cette date marque la fin de l'Empire romain d'Occident. L'Empire romain d’Orient résiste encore un millénaire.

Italie médiévale

L'Italie médiévale est le théâtre d'une grande rivalité entre les villes du nord de la Péninsule, qui deviennent des centres textiles et des centres financiers et monétaires pour certaines d'entre elles. Florence, Gênes, Venise créent des monnaies en or, en créant chacune une pièce fabriquée dans ce métal, plus difficile à rogner et à falsifier. Le florin, principale monnaie du Moyen Âge, est créé en 1252 par la corporation des changeurs et banquiers (Arte del Cambio) de Florence, l'une des cinq corporations majeures et contribue au succès de la ville, qui l'impose en Europe. Le dynamisme du quartier d'affaires vénitien lui permet une expansion navale et la construction d'un arsenal qui est le plus important au monde et quadruple en quelques décennies.

Renaissance

La Renaissance italienne, qui culmine au xve siècle, prend racine en Toscane (Italie Centrale), concentrée autour de Florence et Sienne, puis a des répercussions importantes à Venise puis s’installe à Rome, où fleurit une architecture à la mode antique.

La péninsule se distingue par les œuvres littéraires de Pétrarque, Castiglione et Machiavel ou les travaux d’artistes comme Michel-Ange et Léonard de Vinci et les grands travaux architecturaux, comme le Dôme de Florence et la basilique Saint-Pierre à Rome. La Renaissance italienne est aussi marquée par l'installation en France de financiers et d'artistes. Ainsi, les banques italiennes de Florence et Lucques, implantées à Lyon, comme la Banque Gadagne et les Capponi, qui fusionnent et prêtent aux souverains espagnols et français qui se combattent. Le banquier Albisse Del Bene, issu d'une famille d'exilés florentins, est munitionnaire des armées et contrôle la levée des impôts dans toutes les régions de France.

Vers l'unification

Du xive au xvie siècle, c'est la Renaissance en Italie avec des artistes tels que Michel-Ange ou Raphaël, et des scientifiques comme Galilée qui font littéralement « renaître » l'art et la science, d'abord dans la péninsule puis dans l'Europe tout entière. À l'époque de Léonard de Vinci, l'Italie reste très morcelée sur le plan politique. Elle est constituée d'une mosaïque de principautés (duchés, cités-États…). Les princes italiens organisent chacun leur propre cour et se livrent souvent à des guerres sanglantes avec de multiples interventions extérieures, notamment de la France et de l'Espagne (guerres d'Italie). Les guerres incessantes du xvie siècle dues aux ingérences des grands états européens ainsi que la montée en puissance de l'Autriche et des principautés allemandes expliquent en partie le déclin des principautés italiennes du xviie au xixe siècle.

La Révolution française et les guerres d'Italie qui s'ensuivent font naître au sein de l’intelligentsia italienne l'espoir d'une Italie unifiée, espoir vite effacé après que la péninsule se trouve de nouveau découpée en différents états.

Après les campagnes napoléoniennes, la Maison de Savoie, qui voit une occasion d'agrandir le royaume de Sardaigne, utilise les poussées nationalistes et s'engage dans trois guerres d’indépendance contre l'Empire Austro-Hongrois, la deuxième se faisant avec l'appui extérieur de la France. En 1859, la France du Second Empire et le royaume de Sardaigne concluent une alliance dans le but de rejeter l'Autriche hors de l'Italie du nord, la France devant recevoir la Savoie et le comté de Nice en récompense pour son aide. Toutefois, après l'occupation de la Lombardie, Napoléon III signe l'Armistice de Villafranca qui met fin à la campagne d'Italie, laissant ainsi la Vénétie autrichienne. N'ayant pas rempli ses obligations, Cavour refuse de céder la Savoie et Nice à la France. Toutefois, la défaite de l'Autriche affaiblit les petits États de la péninsule où des gouvernements libéraux se forment demandant l'annexion au royaume de Sardaigne. Cavour arrache l'accord de la France mais doit sacrifier la Savoie et Nice. La cession de Nice soulève de vives protestations, en particulier de Giuseppe Garibaldi, né à Nice.

Le , Napoléon III et Victor-Emmanuel II signent le traité de Turin, qui prévoit l'annexion de la Savoie et de Nice à la France. À la suite de l'expédition des Mille au sud et la descente subséquente des Piémontais du nord, le royaume de Sardaigne réussit à unifier une grande partie de la péninsule (à l'exclusion de Rome et de Venise) et à provoquer la proclamation du royaume d'Italie le , ayant comme capitale Turin, puis Florence à partir de 1865.

En 1866, Venise est annexée au royaume d'Italie, suivie par Rome, en 1870. Ceci provoque le début d'une fracture entre l'État italien et l'Église qui durera jusqu'aux Accords du Latran, en 1929. La forme de gouvernement proclamée est celle d'une monarchie constitutionnelle, avec un parlement élu au suffrage restreint. Rome devient officiellement capitale de l'Italie en 1871.

En même temps, dans le Nord de la péninsule, se développe une puissante industrialisation liée aux capitaux d'une agriculture modernisée dans la plaine du Pô, les ressources hydroélectriques des Alpes et la délocalisation des industries du sud notamment textile vers le nord12. Cette industrialisation se concentre essentiellement sur le « Triangle d'Or », Turin, Milan et Gênes. Le Sud reste dominé par la production agricole mais aussi par des structures agraires quasi féodales : c'est le système des latifundia, grandes exploitations aux propriétaires absentéistes et routiniers, aux ouvriers agricoles sous-payés et des microfundia, minuscules propriétés destinées principalement à l'auto-consommation. Cette situation économique conduit au développement du brigandage, mouvement insurrectionnel politique et social de l'Italie méridionale, violemment réprimé et donnera naissance au début de l'immigration méridionale.

De la Première à la Seconde Guerre mondiale

Bien qu'ayant adhéré secrètement à la Triple-Alliance en 1882, l'Italie reste neutre au début de la Première Guerre mondiale, puis décide de s'allier à la Triple-Entente. Le 24 mai 1915, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie. La guerre s'avère plus difficile que prévu : les armées autrichiennes et italiennes ne parviennent pas à prévaloir l'une sur l'autre. En 1917, après la défaite russe, les Allemands concentrent sept divisions sur le front italien pour aider leurs alliés autrichiens. Dans la bataille qui suit, à Caporetto, les Italiens subissent une très grave défaite et reculent de plus de 100 km sur la ligne du Piave. En juin 1918, s'engage la Bataille du Piave au cours de laquelle, les Autrichiens essayent sans succès de briser la ligne nord du front italien. Le 24 octobre, l'armée italienne lance une offensive victorieuse à Vittorio Veneto et contraint l'Autriche-Hongrie à la capitulation. Le 4 novembre est signée l'armistice de Villa Giusti. Par le traité de Versailles, les frontières italiennes furent rectifiées en sa faveur. Toutefois l'Italie n'obtint pas tous les territoires qu'elle revendiquait, notamment sur la question de l'irrédentisme, qui fut ressentie comme une « victoire mutilée », ce qui va favoriser l'agitation nationaliste et l'ascension de Mussolini.

Benito Mussolini était dans les années 1900 un jeune militant socialiste proche du syndicalisme révolutionnaire, un groupe qui ne croyait pas au « parlementarisme bourgeois » et était favorable à une révolution violente. Toutefois lors de l'entrée en guerre de l'Italie en 1915, Mussolini avait mûri également un fort penchant nationaliste. Il estimait notamment que la guerre était anticapitaliste car elle exaltait la valeur des masses paysannes et ouvrières au combat. Il estime toutefois qu'une révolution socialiste ne peut se réaliser qu'à travers la collaboration de toutes les classes, populaires et bourgeoises, pour le salut de la nation. Il est donc contraire à la lutte des classes.

De 1919 à 1922, l'Italie est secouée par une grave crise sociale, économique et politique. Mussolini l'exploite en brisant les grèves et les syndicats par la violence : il se fait ainsi connaître et bien voir par les milieux d'affaires et le patronat (Confindustria et Confagricoltura). Il utilise pour cela des squadre (escouades), sortes de milices, issues en grande partie des rangs des arditi (venant des troupes d'élite démobilisées en 1918) nationalistes, dont l'uniforme est la chemise noire — qui deviendra un des symboles du fascisme. Après la marche sur Rome en octobre 1922, le roi d'Italie, Victor-Emmanuel III, lui confie le gouvernement. En 1924 le parti fasciste remporte les élections législatives. Le député socialiste Matteotti dénonce les violences et les intimidations dont sont victimes les opposants politiques. Il sera assassiné quelques jours plus tard. Jouant habilement de mansuétude et de menaces, Mussolini installe progressivement l'appareil fasciste dans le pays. Son alliance militaire avec l'Allemagne nazie provoquera l'entrée de l'Italie dans la guerre aux côtés des forces de l'Axe.

Mussolini déclare la guerre à l'Angleterre et à la France le 10 juin 1940 à la veille de l'entrée des Allemands dans Paris. Lors de la signature du Pacte d'Acier en 1939 avec l'Allemagne, l'Italie avait estimé de ne pas pouvoir participer à une guerre de vaste ampleur avant l'année 1943, à cause de l'usure et de la vétusté de son armement. Les victoires éclair des Allemands poussèrent Mussolini à entrer en guerre dès 1940, pensant que l'issue en était proche. Les capacités industrielles de l'Italie à cette époque étaient très limitées et, contrairement à la Première Guerre mondiale où elle combattait sur un seul front, l'armée italienne était forcée de s'engager sur quatre fronts différents : en Libye, en Afrique orientale, dans les Balkans et en Russie. Les Italiens subissent plusieurs graves défaites et sont de plus en plus dépendants de leurs alliés allemands. Après la défaite de El Alamein et le débarquement anglo-américain au Maghreb (novembre 1942), Italiens et Allemands abandonnent l'Afrique (mai 1943). De plus, les armées du IIIe Reich ayant subi une grave défaite à Stalingrad en janvier 1943, l'armée italienne de Russie se désagrège dans une déroute catastrophique.

Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile puis pénètrent dans le sud de l'Italie ; Mussolini est renversé puis emprisonné, sur ordre du roi. Le dictateur est délivré par un commando allemand (12 septembre). Alors que ceux-ci se transforment d'alliés en occupants, le Duce installe sous l'ordre de Hitler une République sociale italienne (appelée aussi République de Salò) dans le nord du pays. Le maréchal Pietro Badoglio signe la capitulation le 8 septembre 1943, l'Italie du Sud poursuit la guerre au côté des Alliés, en même temps que s'engage une guerre civile en Italie du nord (fasciste) de Mussolini soutenue par les Allemands. L'Italie devient alors un vaste champ de bataille où s'affrontent plusieurs armées étrangères. Le 28 avril 1945, tentant de fuir vers la Suisse, Mussolini est exécuté (puis pendu) par des partisans communistes.

Époque contemporaine

En juin 1946, un référendum serré met fin à la monarchie, la République italienne est proclamée et la famille royale est exilée.

L’Italie s'installe alors dans un régime parlementaire, dominé par la démocratie chrétienne et des partis laïques antifascistes, qui favorise, malgré de fréquentes crises ministérielles, à la fois la reconnaissance internationale, l'intégration européenne et un développement économique sans précédent. Vedette de la "Piazza Affari" milanaise, Fiat est le symbole du miracle italien, dont la période va des élections d'avril 1948 aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 : 700 000 automobiles en 1955, 10 millions cinq ans après13. Le fabricant de scooters Vespa n'est pas en reste. Entre 1945 et 1965, il s'en vendra 3,5 millions.

Un parti communiste italien de plus en plus fort, et relativement modéré, empêche toute alternance électorale jusqu'en 1976, moment du compromis historique mais aussi des années de plomb, marquées par le terrorisme d'extrême gauche. Peu à peu, la démocratie chrétienne, tout en restant incontournable, laisse une partie du pouvoir à des partis moins importants comme le parti républicain italien ou le parti socialiste italien. Des réformes sociales majeures sont adoptées après référendum (le divorce, l'avortement) ou après le vote de lois, ainsi qu'une transformation du Système de retraite en Italie, afin de développer des formules de retraite par capitalisation.

Un climat affairiste, de plus en plus corrompu, s'installe, ce qui provoque l'opération judiciaire dite Mani pulite (Mains propres). Il s'ensuit une réorganisation politique massive qui voit l'explosion des trois grandes forces politiques (la démocratie chrétienne, le parti communiste et le parti socialiste) en une myriade de partis, changements accentués par le référendum de 1993 et l'adoption en 1994 d'une loi électorale posant les bases d'un système électoral mixte. Ces changements provoquent la descente politique de Silvio Berlusconi dont les affaires avaient bénéficié du gouvernement du socialiste Bettino Craxi. S'il est rapidement lâché par ses alliés (comme la Ligue du Nord), il n'en revient pas moins au pouvoir en 2001 avec une victoire électorale écrasante, après un intermède, dominé par le centre-gauche, incapable de faire aboutir une réforme constitutionnelle majeure. Ce gouvernement Silvio Berlusconi II est jusqu'à présent le plus long de toute l'histoire républicaine.

En 2006, la gauche, menée par Romano Prodi, revient au pouvoir à la suite d'une courte victoire aux élections législatives. En août 2006, Ehud Olmert demande à Romano Prodi que l'Italie prenne la direction de la Finul renforcée après le conflit israélo-libanais, ce qui fut le cas en février 2007.

Politique

La Constitution italienne date de 1947 et a établi la Première République, « fondée sur le travail » (art. 1er). Elle consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire (respectivement confiés au Gouvernement, au Parlement et à la Justice) et fonde un régime parlementaire bicaméral :

  • une Chambre des députés (Camera dei deputati) de 630 députés ;
  • un Sénat (Senato della Repubblica) de 315 sénateurs (ainsi que d'anciens présidents de la République et de 5 sénateurs à vie, au plus, nommés par le chef de l'État).

Le Parlement est élu au suffrage universel. La loi électorale a été substantiellement modifiée à la suite d'un référendum abrogatif en 1993 pour introduire une part de scrutin majoritaire (75 %) afin d'éviter l'instabilité gouvernementale chronique du début de la République due, entre autres, à un multipartisme excessif et à l'absence d'alternance. Elle a été à nouveau modifiée à la fin de l'année 2005, pour rétablir un scrutin proportionnel de listes bloquées, de façon à réduire l'échec probable de la Maison des libertés. Critiquée, y compris par le ministre qui en a présenté le projet, elle est qualifiée de Porcellum (de porcata, une cochonnerie) contrairement à la précédente, le Mattarellum (en réalité, la loi Mattarella, du nom de son rapporteur). Une certaine présidentialisation de la vie politique italienne s'est opéré dans les années 1990 et 2000, incarné par la rivalité entre deux personnalités autour desquelles ont convergé plusieurs partis réunis en vastes coalitions, aboutissant à la formation du premier véritable bipartisme italien : Silvio Berlusconi qui crée un parti personnel, Forza Italia , en 1994 qui réunit autour de lui une coalition successivement appelée Pôle des libertés - Pôle du bon gouvernement (Polo delle Libertà - Polo del Buon Governo, au pouvoir de mai à ), Pôle pour les libertés (Polo per le Libertà, principale formation d'opposition de 1996 à 2000), Maison des libertés (Casa delle libertà, au pouvoir de 2001 à 2006, principale force d'opposition de 2006 à 2007) et Peuple de la liberté (Popolo della Libertà, transformé en parti politique en 2009, au pouvoir de 2008 à 2011) au centre droit ; Romano Prodi qui forme successivement les coalitions de L'Olivier (L’Ulivo, au pouvoir de 1996 à 2001, principale force d'opposition de 2001 à 2006) puis de L'Union (L’Unione, qui se transforme en en parti politique appelé Parti démocrate, au pouvoir de 2006 à 2008) au centre gauche.

Le président de la République italienne (Presidente della Repubblica Italiana) est le chef de l'État, élu par les députés et les sénateurs ainsi que des représentants de régions pour un mandat de sept ans. Bien qu'ayant un rôle considéré comme symbolique, il est le garant de la Constitution, et pour cela, dispose d'une aura reconnue par la classe politique. Il nomme le président du Conseil des ministres et les ministres du gouvernement ; il dispose, également, du droit de dissolution du Parlement. S'il ne peut assumer ses fonctions, c'est le président du Sénat qui devient président de la République par intérim, jusqu'à ce qu'un successeur soit trouvé au chef de l'État sortant. Il s'agit depuis le de Sergio Mattarella, désormais sans étiquette après avoir été membre du Parti démocrate.

Le gouvernement de la République est présidé par le président du Conseil des ministres (Presidente del Consiglio dei ministri) et constitué des ministres et secrétaires d'État, lesquels sont responsables devant le Parlement.

Une réforme avortée de la Constitution, adoptée par le Parlement en 2005, aurait dû aboutir à la création d'une « IIe République » dans laquelle l'organisation territoriale aurait été de type fédéral et où le Premier ministre (nouveau nom donné au chef du Gouvernement) aurait eu des pouvoirs très étendus tandis que la Chambre des députés n'aurait plus compté que 530 députés (-100)) et le Sénat de la République 265 sénateurs (-50). Les sénateurs auraient été par ailleurs élus au suffrage indirect. Cette réforme a été massivement rejetée par le peuple italien lors d'un référendum en mai 2006.

Romano Prodi, vainqueur de justesse des élections législatives des 9 et 10 avril 2006 à la tête d'une coalition électorale de centre gauche intitulée L'Union, sera nommé président du Conseil des ministres par Giorgio Napolitano, le nouveau président de la République élu le 10 mai 2006, mais démissionnera vingt mois plus tard, à la suite de la perte de la confiance des sénateurs.

Dans les années 2010, le paysage politique a beaucoup changé : le centre gauche a convergé en un seul parti, le Parti démocrate (Partito Democratico), et le centre droit a fait, provisoirement de même avec la création du Peuple de la liberté (Popolo della Libertà), le parti créé par Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini. Cela a pour conséquence d'enrayer l'instabilité chronique de la vie politique italienne, même si le PDL subit le départ de Futur et liberté pour l'Italie, doit abandonner la direction du gouvernement à la suite de la crise de la dette dans la zone euro en 2011 et finit par éclater en 2013. D'un autre côté, une formation populiste, anti-corruption et partisane d'une démocratie directe par opposition aux formes de démocraties représentatives, le Mouvement 5 étoiles (Movimento 5 Stelle) de l'ancien humoriste et polémiste Beppe Grillo, a joué du rejet croissant des partis traditionnels au sein d'une partie de l'opinion publique pour devenir l'une des principales forces électorales du pays.

Le quatrième gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi, qui entamait son troisième mandat, a été nommé le et était composé d'une alliance entre le parti Peuple de la liberté et le parti de la Ligue du Nord (Lega Nord, droite voire extrême droite fédéraliste, régionaliste, populiste, eurosceptique).

À la suite de la démission de Silvio Berlusconi, en novembre 2011, un gouvernement dit technique est dirigé par l'économiste Mario Monti qui démissionne le 21 décembre 2012 (mais reste en fonction jusqu'au et annonce sa montée en politique à travers la coalition électorale Avec Monti pour l'Italie puis le parti centriste et libéral Choix civique pour l'Italie (Scelta Civica per l'Italia).

Les élections générales des 24 et aboutissent à des résultats incertains. La coalition de gauche Italie. Bien commun (Italia. Bene Comune) formée autour du Parti démocrate et comprenant la Gauche, écologie et liberté (Sinistra Ecologia Libertà, gaucheécosocialiste et eurocommuniste), le Parti socialiste italien (Partito socialista italiano, gauche sociale-démocrate et socialiste démocratique) et le Centre démocrate (Centro democratico, centre chrétien social) arrive en tête en nombre de voix et sécurise la majorité absolue à la Chambre des députés, mais ne peut obtenir le contrôle du Sénat où elle fait presque jeu égal avec la coalition de centre-droit de Silvio Berlusconi. Le Mouvement 5 étoiles fait une percée avec un quart des suffrages exprimés, talonnant les deux formations politiques traditionnelles et les forçant à s'entendre pour stabiliser une majorité à la chambre haute. Enfin, dernière coalition à obtenir des sièges, Avec Monti pour l'Italie réunissant Choix civique pour l'Italie, Futur et liberté pour l'Italie (Futuro e libertà per l'Italia, centre droit libéral-conservatisme et europhile) et l’Union de Centre (Unione di Centro, centre démocrate chrétien).

Suite à ce scrutin, une Grande coalition (Grande coalizione) est formée entre le Parti démocrate (centre gauche), qui prend la tête du gouvernement, Le Peuple de la liberté (centre droit), le Choix civique pour l'Italie (centre) et l'Union de Centre (centre), ainsi qu'avec l'appui extérieur du Parti socialiste italien, du Centre démocrate et de plusieurs formations régionalistes, autonomistes ou à la représentation spécifique (Parti populaire sud-tyrolien, Parti autonomiste trentin et tyrolien, l'Union pour le Trentin, l'Union sud-américaine des émigrés italiens, le Mouvement associatif des Italiens à l'étranger et l'Union valdôtaine). Puis, Le Peuple de la liberté se scinde en deux en : une majorité des parlementaires suivent Silvio Berlusconi dans l'opposition et reforment Forza Italia, tandis qu'une forte minorité emmenée par le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano reste au sein de la Grande coalition et fondent le Nouveau Centre-droit (Nuovo Centrodestra). Enfin, en , le centre démocrate chrétien se réunit au sein des groupes communs Pour l'Italie (Per l'Italia) dans les deux chambres du Parlement, toujours membres de la majorité gouvernementale et coalisant l'aile démocrate chrétienne du Choix civique pour l'Italie qui crée en le parti Populaires pour l'Italie (Popolari per l'Italia) et l'Union de Centre.

L'actuel gouvernement, formé le , est présidé par Paolo Gentiloni. La Chambre des députés est présidée par Laura Boldrini, députée de la Gauche, écologie et liberté élue le juste après les élections de 2013 alors que la coalition Italie. Bien commun, et alors que son parti est entré immédiatement dans l'opposition au gouvernement de grande coalition qui s'est formé ensuite. Au Sénat, c'est l'ancien juge antimafia et membre du Parti démocrate Pietro Grasso qui préside depuis le .

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Italie