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Démographie

La croissance démographique est extrêmement forte à Mayotte, du fait de la fécondité et de l'immigration importantes : la population a été multipliée par 7 entre 1950 et nos jours. Mayotte comptait ainsi à peine 3 000 habitants à son achat par la France dans les années 1840 ; en 1911 ils sont 11 000, puis 67 205 en 1985.

En 2012, date du dernier recensement, la population était de 212 645 habitants, contre 185 000 habitants en 2007 ; le recensement de 2017 prévoit des chiffres très largement supérieurs. Mayotte a une population très jeune : 70 % des habitants sont âgés de moins de 25 ans (en 2007).

L'amélioration des conditions d'hygiène, de santé publique (médecine rurale, préventive, gratuite pour tous jusqu'en 2005) et du niveau de vie a eu pour conséquence une diminution du taux de mortalité passé de 25 habitants lors du recensement de 1958, à 7,36 en 2008.

En 2015, l'indice de fécondité s'élève à 5,03 enfants par femme, très au-dessus des autres départements français, et similaire à celui de l'Union des Comores voisine. En 2016, le CHM de Mayotte fut encore une fois la première maternité de France, avec 9 514 naissances, record national.

Quant au taux d'accroissement annuel de la population, il est le plus élevé de France avec 2,7 %, devant la Guyane qui est à 2,2 %. Selon une projection de l'ONU, la population pourrait atteindre 497 000 habitants en 2050.

Actuellement, plus d'un habitant sur deux a moins de 20 ans à Mayotte (contre 1/3 à la Réunion et 1/4 en métropole).

Les conditions matérielles d'une importante partie de la population demeurent très faibles, avec une extension des bidonvilles qui est sans doute la première d'Europe : « 28 % des logements ne disposent pas d'eau courante, 59 % n'ont pas de toilettes à l'intérieur de l'habitation et 52 % n'ont ni baignoire ni douche ».

Malgré l'espérance de vie moyenne la plus basse de tous les départements français (76,3 ans), Mayotte compte quelques personnes très âgées dont la doyenne des Français Tava Colo, officiellement née le 22 décembre 1902 à Passamaïnty et donc âgée de plus de 114 ans.

Santé

Mamoudzou est l'unique ville où se trouve un hôpital (le CHM, Centre Hospitalier de Mamoudzou), dont des annexes sont ouvertes à Dzaoudzi (sur Petite-Terre), Chirongui, Kahani et Dzoumogné. Depuis 2001, le CHM dispose d'un service de santé mentale.

Des maternités dites intercommunales sont ouvertes : Mramadoudou au sud de l'île (2005) et Kahani commune de Ouangani au centre (2006). La maternité de Dzoumogné au nord est construite au début de 2010 et terminée au milieu de 2010 par la société SMTPC filiale du groupe VINCI.

Cela dit, la grande majorité des naissances a lieu à Mamoudzou : 54 % des naissances annuelles dans l'île en 2003, 57,3 % en 2004.

Depuis le , les soins ne sont plus gratuits sur le territoire. Les patients doivent présenter une carte de Sécurité sociale ou acquitter un droit forfaitaire auprès des structures de soins publics ou des honoraires auprès d'un médecin privé.

Il existe aussi des dispensaires dans les villages, qui se partagent les rares médecins de garde. L'île est le territoire français le plus dépourvu en termes de personnel médical, puisqu'on ne compte à Mayotte que 0.18 médecins pour 1 000 habitants, contre 2 en Métropole (et 1,8 à la Réunion).

Depuis 2005, des infirmiers s'installent en libéraux, assurant les soins à domicile.

Bien qu'il soit possible de bénéficier de la Couverture Maladie Universelle à Mayotte, les habitants ne peuvent bénéficier de la CMU-Complémentaire comme en métropole.

Le paludisme, la dengue et le chikungunya sont signalés sur l'île, tous transmis par les moustiques, mais les infections sur les personnes en bonne santé résidant dans des conditions d'hygiène acceptables sont rares. Les rats sont parfois vecteurs de leptospirose.

Enseignement

L'analphabétisme est extrêmement important dans l'île. En 2000, il concerne 35 % des hommes et 40 % des femmes. Selon les données JDC de 2015, 50,9 % des jeunes seraient en situation d'illettrisme. 71 % de la population ne possède aucun diplôme.

L’enseignement est administré dans le département par le vice-rectorat de Mayotte.

Les lycées du département de Mayotte sont le lycée de Sada (Mayotte), le lycée Younoussa-Bamana de Mamoudzou, le lycée Mamoudzou Nord de Kawéni, les lycées du Nord, de Dembéni, de Petite-Terre et de Chirongui.

Le Centre universitaire de formation et de recherche de Mayotte est un établissement français d'enseignement supérieur situé sur l’île de Mayotte, à Dembéni, et créé en 2011. Il est rattaché à différentes universités de l’hexagone. Les autorités mahoraises espèrent une évolution prochaine du Centre vers une université de plein exercice.

La situation éducative à Mayotte est préoccupante : le SNES annonce qu'il y a jusqu'à 30 élèves par classe en collège classé REP+ et jusqu'à 38 élèves par classe au lycée, tous les collèges ont par ailleurs été classés REP ou REP+ pour la rentrée 2015. Le constat de l'augmentation des effectifs d'élèves cumulé au manque d'investissements des établissements marque les difficultés rencontrées pour répondre aux besoins de l'éducation primaire et secondaire.

L'éducation scolaire apportée à Mayotte par les professeurs n'est à remettre en cause qu'en ce qui concerne les professeurs contractuels.

La coupure entre la génération Y et leurs aînés pose le problème du suivi des devoirs à la maison. Le français, bien que langue officielle, est peu utilisé au domicile, ce qui compromet l'adaptation aux études et entraîne progressivement l'échec scolaire. En général, les jeunes mahorais ne se rendent compte de leurs lacunes qu'en terminale. En une année, certains tentent alors de rattraper le retard des acquisitions censées être intégrées depuis le collège.

Hors Mayotte, les moyens financiers octroyés aux étudiants pour leurs études en Métropole ne semblent pas suffire. En outre, un fort taux d'échec est observable au niveau des études supérieures des étudiants mahorais dans l'Hexagone. L'ouverture de l'Université sur l'île devrait permettre une meilleure prise en charge de l'enseignement supérieur.

Immigration

L'île est confrontée à une immigration clandestine importante. Un habitant sur trois est un étranger en situation irrégulière. Depuis mai 2014, le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) s'applique à Mayotte.

En 2011, près de 22 000 sans-papiers, souvent originaires des Comores voisines, ont transité par le centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi. La capacité du centre de rétention est limitée, à la fin de l'année 2012, à cent places. Des crédits ont été votés pour la construction d'un second CRA, mais il ne devrait pas être ouvert avant 2014.

Environ 12 000 personnes auraient trouvé la mort en tentant de rejoindre Mayotte dans des embarcations de fortune.

Médias

Le , le département accède « pour la première fois » à l'internet haut débit après avoir été raccordé au câble sous-marin Lion 2 de France Télécom-Orange. Depuis, la 4G a fait une arrivée remarquée dans l'île, dès lors bien mieux connectée à la métropole.

Les médias métropolitains demeurent difficiles à se procurer à Mayotte, en dehors de l'aéroport (qui les reçoit avec un retard parfois important). Seules quelques radios nationales comme France Inter sont diffusées.

Mayotte dispose de plusieurs organes de presse locaux, dont une chaîne de télévision publique (Mayotte 1ère) et deux privées (Kwézi TV et Amarante), des radios (Mayotte Première, Kwézi FM, Yao FM, RMJ, Radio Dziani, Ylang FM, Caribou FM...), des quotidiens (Les Nouvelles de Mayotte, Flash Infos, France Mayotte Matin), un hebdomadaire généraliste (Mayotte Hebdo) et quelques autres titres plus spécialisés, à diffusion plus espacée (Mayotte Magazine, Memento, Glitter, Swiha, Fantasia...).

Culture mahoraise

Plusieurs cultures se côtoient à Mayotte, mais la culture mahoraise qui concernait il y a quarante ans 60 % de la population s'est imposée progressivement sous une forme syncrétique à l'ensemble de la population locale. Il reste toutefois dans le sud de l'île des isolats d'une seconde culture malgache, toutefois fortement marquée par la culture mahoraise au point de n'être difficilement discernable qu'au regard avisé. Enfin la culture française comme d'une manière générale, la civilisation occidentale moderne imprègne de plus en plus la culture locale.

Langues

Le français est la langue officielle. Mais il n'est pas ou peu connu des personnes âgées originaires du monde traditionnel de l'île. Celles-ci, ainsi que la plupart des plus jeunes, maîtrisent une langue africaine bantoue, le shimaoré, ou des dialectes du malgache, le sakalava, parlers vernaculaires du sud au nord ouest de Mayotte. Le shimaoré varie légèrement d'un village à l'autre sous l'influence d'autres dialectes des autres îles Comores. Le shimaore est de facto la lingua franca indigène pour un usage au quotidien.

On estime que l'illettrisme en français concernait en 2000 environ 35 % des hommes et 40 % des femmes. L'Alliance française œuvre pour sa promotion, engagée dans diverses activités culturelles émancipatrices comme les arts martiaux, avant la départementalisation. Toutefois cet illettrisme français est aussi causé par une piètre familiarité avec l'alphabet latin. L'illettrisme en arabe est moindre car la langue et l'alphabet arabes sont enseignés avec assiduité dans les madrassas. Toutefois, depuis la dernière décennie, de gros efforts sur l'instruction ont été menés par l'État, ce chiffre a donc constamment baissé et l'illettrisme ne concerne qu'une certaine catégorie de la population relativement âgée.

Cultures traditionnelles

La culture mahoraise, très proche de la culture comorienne, est historiquement une subdivision méridionale de l'importante Culture swahilie, ensemble culturel africain d'origine bantoue et d'influence indienne et arabo-musulmane, présent sur toute la côte est-africaine et une partie des îles de l'océan Indien occidental, et dont la principale unité politique historique fut au XIXe siècle le grand sultanat de Mascate et Oman (auquel les îles des Comores n'appartinrent cependant jamais formellement). Les Comores constituent cependant une région satellitaire de cet ensemble culturel - d'où le fait que le shimaoré est linguistiquement légèrement éloigné du kiswahili continental -, marqué par de nombreuses autres influences fortes comme les cultures malgache (très importante à Mayotte, moins aux Comores), persane, indienne ou bien sûr française (la France n'ayant jamais possédé d'autre colonie dans l'aire culturelle swahilie), notamment par le biais des échanges de plus en plus intenses avec la Réunion.

La société mahoraise traditionnelle est clairement matriarcale. La femme a un rôle déterminant, des tâches économiques de base à la politique en passant par la vie associative. On considère souvent sur l'île aux parfums qu'une femme à tout âge ne peut que s'épanouir ou aller vers le succès de ses diverses entreprises alors que l'homme a atteint sa plénitude à son mariage. On distingue à Mayotte le mariage civil, le mariage religieux « simple » (mafounguidzo) et le « grand mariage » (manzaraka), réservé aux plus fortunés car demandant d'organiser des festivités très codifiées pour plusieurs centaines de personnes. À cette occasion fort coûteuse pour la gent masculine si l'on veut respecter la tradition, la femme reçoit cadeaux et bijoux, si possible en or, qu'elle portait jadis pour afficher son statut social, ainsi que d'importantes sommes d'argent qui lui permettent d'établir son foyer. L'autorité de la mère, possédant biens et maisons, forte d'avoir élevé ses enfants et assemblé sa parentèle ou sa descendance, pouvait chasser ou sauver son conjoint lorsque les critères sociaux, communément constatés par la communauté villageoise, avaient confirmé la déchéance maritale. D'une manière générale, c'est l'autorité de l'épouse active qui protège sur ce plan mari et foyer. Il va de soi que l'importance de la sœur d'un mari jouait un rôle crucial en cas de dispute familiale, au cas où celle-ci avait un rang au moins similaire à sa belle-sœur.

La plus célèbre danse traditionnelle mahoraise est le débaa, sorte de rencontre sous forme de chant et de danse religieux. Les femmes vêtues de chatoyants lambas au motifs similaires, et assemblées d'après des critères d'appartenance à une même petite communauté forment un chœur lancinant, laissant aux hommes l'apport musical rythmé. Ainsi s'organise une forme de rivalité chorégraphique entre villages.

Parmi les nombreuses musiques et danses traditionnelles de Mayotte, on compte aussi le mbiwi (réservée aux femmes et aux cérémonies), le madjiliss (chant religieux des hommes d'âge mûr), le ngoma nyombé (sorte de corrida locale en musique, avec un zébu attaché), le murengué (danse martiale proche de la capoiera, le wadaha (danse féminine exhibant la maîtrise des outils de cuisine), ou encore le chigoma (danse de mariages).

Traditions masculines et jeux virils d'autrefois

Les jeunes hommes après l'adolescence quittent la case familiale ou maternelle et construisent des bangas, petites maisons dont le toit était autrefois en bois, en bambou ou en raphia et feuille de cocotier et qui leur permettent de s'initier à la vie adulte en y invitant les filles auxquelles ils peuvent se fiancer.

Un homme marié trouve à ne pas perdre son prestige en initiant ses neveux. Ainsi le meilleur pédagogue des techniques traditionnelles conservait un statut particulier au sein de sa famille et de sa communauté.

Le moringue ou mouringué, analogue à la capoeira brésilienne, était pratiqué, jusqu'à la fin des années 1980, entre villages rivaux. Il a actuellement presque disparu. On peut encore avoir l'occasion d'assister au moringue mahorais durant le mois de ramadan : au coucher du Soleil, après avoir bien mangé, les gens se regroupent sur la place publique, tapent sur les tam-tam et pratiquent le moringue. La seule différence avec la capoeira est que cette dernière se rapproche d'arts martiaux alors que le moringue n'a strictement aucun enseignement ni règle réellement définie. Des règles, il y en a, comme l'obligation de combattre à mains nues, et auparavant chacun des deux protagonistes pose son pied sur celui de l'autre et vice versa, empêchant ainsi la fuite. La rancune reste interdite une fois le combat fini et en dehors de celui-ci. S'il doit y avoir vengeance, celle-ci se fera à un prochain mouringué, ou lors du même moringué. Mais le moringue est considéré par les Mahorais comme un jeu. Il est et reste aussi un moyen de règlement d'éventuels différends. C'est aussi un moment de convivialité. Les lutteurs deviennent très souvent amis après la lutte.

Auparavant, le moringué se faisait entre villages voisins, et, peu importe la distance, on se déplaçait à pied. Des mouringués se font aussi tout autour de l'île et des invitations orales convient tout le monde à rejoindre le lieu-dit. Un lutteur ne peut défier plus d'un adversaire en même temps, le nombre de combats n'est pas limité.

Soins et habits féminins traditionnels

Il est commun d'observer des masques de beauté, principalement à base de bois de santal râpé mélangé à de l'eau, sur les visages féminins. Les cheveux, après un lavage avec une décoction de kapokier, étaient parfumés et tressés de façon savante. La chevelure était agrémentée avec des fleurs choisies pour les fêtes.

Le vêtement traditionnel féminin s'appelle le « nambawani ». Il se compose de deux parties : le saluva qui est un paréo, c'est-à-dire une jupe et le kishali, pièce de tissu qui se porte en châle, sur les épaules ou parfois replié sur la tête. Il servait autrefois de signes de reconnaissance communautaire.

Spectacles, musique et carnaval modernes

De nombreux écrivains locaux racontent l'île à travers leurs ouvrages. Des spectacles divers illuminent les veillées des week-ends, du théâtre à la tradition locale en passant par la musique. Mayotte connaît différentes sortes de musique dont le « m'godro », musique locale s'inspirant du salégy ou saleg, une musique malgache.

Un carnaval scolaire se perpétue vers les mois de juin-juillet. Au cours de l'année scolaire, les élèves organisent et préparent cet événement. Aidés des enseignants, ils illustrent le thème de l'année et le parfont. Celui-ci a souvent pour but d'informer et de sensibiliser la population et les jeunes, le sujet change chaque année. Dans les années 1990 se sont succédé des idées telles que les pirates, la tortue, et d'autres thématiques axées sur l'environnement et la vie de tous les jours.

Événements annuels

Chaque année au mois d'avril, le Festival des Arts Traditionnels met chaque année à l'honneur la culture mahoraise.

Au mois de mai se tient le Festival de l'Image Sous-Marine, depuis 1974. Les plongeurs et baigneurs mahorais y exposent leurs plus belles images, fixes ou animées, et de nombreuses rencontres et conférences ont lieu autour du patrimoine sous-marin de l'île.

En Juin a lieu la traditionnelle course de pneus, qui réunit des centaines voire des milliers d'enfants de Cavani à Mamoudzou. Le but est d'arriver le premier en faisant rouler devant eux un pneu, tenu par deux bâtons.

Chaque année se tiennent également les salons du tourisme, de l'agriculture et de la mode et de l'artisanat de l'océan Indien. Mayotte est aussi partenaire des Journées Européennes du Patrimoine, de la Fête de la Nature et de différentes manifestations artistiques et culturelles françaises.

Mayotte accueille également un Battle of the year de danse hip-hop. L'élection de Miss Mayotte, en août, est également un rendez-vous très populaire chez les mahorais.

Religion

Environ 95 % de la population mahoraise est musulmane. La tradition sunnite y fut introduite par des populations arabo-persanes tandis que la culture africaine est venue la teinter d'animisme. Dès l'âge de six ans, les enfants fréquentent en parallèle l'école coranique et l'école primaire de la République. Ceci dit cette double fréquentation est en perte de vitesse du fait de l'influence croissante de la République française et des médias français. La madrassa est donc de moins en moins une formalité pour les Mahorais.

La communauté catholique, très minoritaire, formée d'environ 4 000 personnes, ne dispose que d'une seule paroisse avec deux lieux de cultes : l'église Notre-Dame-de-Fatima à Mamoudzou et l'église Saint-Michel à Dzaoudzi. L'île ne comportant pas de diocèse, le pape Pie IX érige la préfecture apostolique de Mayotte, Sainte-Marie et Nossi-Bé le . Le , la préfecture est ensuite érigée en administration apostolique par la Congrégation de Propaganda Fide. Enfin, le , le pape Benoît XVI l'élève au rang de vicariat apostolique. L'actuel vicaire apostolique est Mgr Charles Mahuza Yava. S'ils se sentent « tolérés dans le cadre de témoignages ou de missions auprès des exclus », les catholiques n'ont toutefois pas le droit de faire sonner leurs cloches avant la messe.

Incidence juridique : statut personnel

Les Mahorais peuvent choisir entre :

  • le statut de droit commun, identique à la métropole (notaires, administrations, tribunaux…),
  • un statut personnel dérogatoire au code civil et à la laïcité, réservé aux musulmans originaires de Mayotte (ou éventuellement d'autres îles des Comores ou du nord-ouest de Madagascar). Ils peuvent renoncer à ce statut et choisir le statut de droit commun.

Le statut personnel peut toucher l'état des personnes mais aussi le droit des successions (discriminations selon la religion des héritiers) ou le droit foncier.

La loi d'orientation pour l'outre-mer no 2003-660 du a aboli la polygamie pour les nouvelles générations en déclarant : « Nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la dissolution du ou des précédents. Le présent article n'est applicable qu'aux personnes accédant à l'âge requis pour se marier au 1er janvier 2005 ». Les unions déjà existantes continuent cependant d'être reconnues. De plus, factuellement, de nombreux mariages polygames sont encore contractés devant un juge musulman, un cadi.

Traditionnellement, la maison appartient à la femme et la répudiation ou le divorce représente donc essentiellement la perte d'un compagnon plutôt que la perte d'un statut social ou économique (les foundis et les aînés veillaient à la bonne tenue de la situation économique de la femme même après le départ du mari). Toutefois, la répudiation unilatérale a été abolie pour les personnes qui accèdent à l'âge du mariage à partir de 2005. En outre, un décret du 1er juin 1939, interdit la lapidation des humains.

La justice touchant le statut personnel était rendue par des cadis. Ces juridictions ont été supprimées par l'ordonnance no 2010-590 du 3 juin 2010, mais les juges ont toujours la faculté de consulter les cadis sur l'application du droit local ; mais ce sont les juges qui tranchent le litige.

Mosquées

Construites autrefois dans la tradition arabo-shirazienne, les mosquées étaient de petite taille avant de subir l'évolution architecturale commune aux rivages africains. La plus ancienne connue en pierre est la mosquée de Tsingoni du seizième siècle. Mais la tradition mahoraise rapporte l'arrivée des premiers musulmans sur l'île de Petite-Terre ou Dzaoudzi. La Ziyara de Pôlé est considérée dans cette tradition orale comme le lieu saint fondateur, à l'origine de la diffusion de l'Islam sur l'ensemble de l'île. La légitimité du pouvoir sacré des premiers sultans shiraziens émanait de ce lieu saint.