Géographie
Situation
Latitude : 12° 46’ 52” S - Longitude : 45° 13’ 42” E (MAMOUDZOU)
Topographie
Mayotte est la plus ancienne des quatre grandes îles de l'archipel des Comores, chapelets de terres qui émergent au-dessus d'un relief sous-marin en forme de croissant de lune, à l'entrée du canal du Mozambique. Située à 295 km à l'ouest de Madagascar et à 67 km au sud-sud-ouest d'Anjouan, visible le soir en ombre chinoise, elle est composée de plusieurs îles et îlots couverts d'une végétation exubérante, les deux plus grandes sont Grande-Terre et Petite-Terre adossée à une barrière de corail.
Ce récif de corail de 160 km de long entoure un lagon de 1 100 km2, un des plus grands du monde. On retrouve sur une partie de la barrière de corail, une double barrière qu'il est rare d'observer sur la planète. Il protège des courants marins la quasi-totalité de Mayotte, à l'exception d'une douzaine de passes, dont une à l'est appelée « Passe en "S" ». Le lagon d'une largeur moyenne de 5 à 10 km a une profondeur pouvant atteindre jusqu'à une centaine de mètres. Il est parsemé d'une centaine d'îlots coralliens comme Mtsamboro. Ce récif procure un abri aux bateaux et à la faune océanique. L'activité volcanique à l'origine de la création des îles rend le sol particulièrement fertile.
- Grande-Terre, 363 km2, mesure 39 kilomètres de long par 22 kilomètres de large. Ses points culminants sont : Mont Bénara ou Mavingoni (660 m), Mont Choungui (594 m), Mont Mtsapéré (572 m) et Mont Combani (477 m). Elle abrite Mamoudzou, qui est la capitale économique de Mayotte et qui abrite le siège du conseil départemental et la préfecture.
- Petite-Terre (ou îlot Pamanzi), avec Dzaoudzi (chef-lieu officiel de Mayotte) et Pamandzi (où se situe l'aéroport). Elle fait 11 km2.
- L'îlot Mtsamboro est la troisième île par sa dimension (2 km2). Il est habité de façon permanente entre autres par des pêcheurs et est réputé pour sa culture d'oranges.
- L'îlot Mbouzi (84 ha) est classé en Réserve naturelle.
- L'îlot Bandrélé est la cinquième plus grande île.
- L'Îlot de Sable Blanc est situé à proximité du parc marin de Saziley (aire marine protégée).
Géologie
Les îles qui forment Mayotte sont géologiquement les plus anciennes de l'archipel des Comores. Leur âge à partir de neuf millions d'années va en décroissant du sud-est (Mayotte) au nord-ouest (Grande Comore), bien que l'on observe tant sur la Grande Terre que sur l'îlot de Pamandzi, des appareils très récents (maars) liés à des explosions phréatiques.
L'ensemble insulaire est un vaste bouclier volcanique de laves alcalines avec extrusions phonolitiques comme au Mont Choungui, relief en forme de boule conique dont un cinquième est encore émergé. Le centre de l'appareil se situe en mer, à l'ouest. Une subsidence importante a eu lieu, permettant notamment l'implantation d'une couronne récifale autour des reliefs résiduels.
Mayotte est le fruit de la réunion de deux édifices volcaniques dont le genèse remonte à 15 millions d'années, mais qui ne sont sortis de l'eau qu'il y a 9 millions d'années (l'île ne représente qu'1 à 3 % du cône volcanique mahorais, qui descend jusqu'à 3 400 m de profondeur). Le dernier grand volcan mahorais, celui de M'Tsapéré, s'est éteint il y a 1,5 million d'années, mais de petites éruptions ponctuelles se sont poursuivies d'il y a 100 000 ans à 8 000 ans, formant une île cinq fois plus grande qu'aujourd'hui (1 800 km contre (374 km2). Petite-Terre se sépare de Grande Terre il y a 7 000 ans, et l'aspect actuel de l'île date d'il y a environ 3 000 ans.
La croissance corallienne, créatrice de calcaires blancs (puis de sable de la même couleur), a pris le relais des terres émergées, caractérisées par des roches basaltiques noires, et soumises à l'érosion. Pendant les grandes glaciations continentales, il y a 20 000 ans, l'abaissement du niveau marin de plus de cent mètres a vidé les lagons et fait émerger les récifs : ainsi la barrière corallienne externe de Mayotte dessine les contours de l'île il y a 12 000 ans, quand la mer était bien plus basse et l'île moins érodée. Les rivières, un temps retenues, ont percé les passes dans les barrières, notamment la « Passe en "S" ». Puis, avec les remontées marines causées par les réchauffements climatiques post-glaciaires, les coraux ont repris leur ardeur bâtisseuse il y a environ 9 000 à 6 000 ans.
Le contraste entre géochimies corallienne et volcanique est en particulier pleinement visible sur les plages du nord de la Grande Terre, près de l'île de Mtsamboro. Les récifs de pierres noires, annonciateur de la terre, apparaissent sur la plage blanche de sables détritiques coralliens.
L'île de Grande Terre possède de fortes pentes, et surtout au voisinage des crêtes, une érosion tropicale emporte la fragile végétation colonisant les padzas. Les forestiers essaient de fixer le sol dégradé par des plantations d'acacias.
Hydrographie
Climat
Le climat est tropical de type maritime, les températures moyennes oscillent entre 23 et 30 °C et le taux d'hygrométrie dépasse souvent 85 %. On distingue deux principales saisons séparées par deux intersaisons plus brèves :
- Saison des pluies ou kashkasini
- Elle s’étale de décembre à mars. La température moyenne est de 27,4 °C. L’humidité s’élève à 85 % le jour et à 95 % la nuit. Les fortes précipitations (au maximales en janvier) sont apportées par les vents de Nord-Est. Dzaoudzi reçoit ainsi plus d'un mètre d'eau durant une année. Cette saison se distingue par l’abondance des fruits tropicaux et une verdure couvrant toute l’île.
- Saison sèche ou kussini
- Elle s’étale de juin à septembre. La saison est plus sèche et les alizés apparaissent. La température moyenne est de 24,7 °C. Les légumes prennent la place des fruits.
- Intersaison d’avril à mai ou matulahi
- Les températures chutent et les précipitations se font plus rares.
- Intersaison d’octobre à novembre ou m’gnombéni
- Les températures et l’humidité augmentent. C’est la période des plantations (maniocs, bananes, maïs…). Les arbres fleurissent.
Les vents dominants selon les saisons sèches et humides sont l'alizé du Sud-Ouest et la mousson du Nord-Ouest. La température de la mer oscille autour de 25,6 °C.
Les tempêtes cycloniques, accrues tout au long de leurs parcours par la chaleur échangée avec les eaux maritimes de surface chaudes, sont assez rares à Mayotte, protégée par Madagascar. Cependant, il arrive parfois que certaines dépressions contournent l'île-continent, et elles peuvent alors dévaster végétation et habitations ; ainsi les cyclones de 1898, de 1950, d'avril 1984 ou de janvier 1987, qui ont presque rasé l'île et fait des centaines de victimes.
Environnement et patrimoine naturel
Environnement terrestre
À proximité des herbiers à tortues et de leurs plages immémoriales, poussent des baobabs Adansonia digitata qui abritent parfois des colonies de roussettes, cette chauve-souris géante et frugivore. Ces paysages ne sont pas imaginaires, il en existe encore dans le sud de la Grande-Terre, à la pointe de Saziley, à N'Gouja ou au nord de Petite-Terre.
Dans les forêts et agro-forêts de l'archipel, le Lémur brun ou « maki de Mayotte », lémurien agile qui se nourrit de fruits et de feuilles, vit en groupe de sept à douze individus, parfois plus dans les zones où ils sont nourris par les touristes. Ces animaux ont vraisemblablement été importés par les premières populations humaines pour servir de gibier, tout comme le tangue ou hérisson malgache. On peut aussi croiser, plus rarement, la Civette malgache. Seules 15 espèces de mammifères sont présentes sur l'île, probablement toutes importées par l'Homme à l'exception des chauves-souris.
On dénombre environ 140 espèces d'oiseaux à Mayotte, la plupart typiques des terres africaines et malgaches voisines, comme le martin triste, la grande aigrette ou encore le paille-en-queue.
Du côté des reptiles, on compte à Mayotte plusieurs espèces de geckos dont le beau mais invasif Gecko diurne à poussière d'or (Phelsuma laticauda), de nombreux scinques et des caméléons, ainsi que quelques petits serpents endémiques (inoffensifs), essentiellement dans les montagnes.
Mayotte était initialement très riche en biodiversité, mais la forêt primaire y a récemment disparu, entraînant des risques d'instabilité pour les terrains et le littoral ainsi qu'une pollution et dégradation du lagon, alors que la pression foncière et la démographie ne cessent de croître.
Environnement marin
Le récif de corail de Mayotte est particulièrement spectaculaire, et détenteur de plusieurs records probables, comme celui de plus grand lagon du monde, du plus profond, et de l'un des seuls à disposer d'une double barrière. La barrière corallienne externe est longue de 195 km de long, abritant 1 500 km2 de lagon, dont 7,3 km2 de mangrove. On y trouve au moins 250 espèces de coraux différentes, 760 espèces de poissons tropicaux, et l'Inventaire National du Patrimoine Naturel recense pas moins de 3 616 espèces marines, mais ce chiffre est probablement très loin du compte réel. Cette région du monde étant encore bien mal inventoriée par les scientifiques, les eaux de Mayotte continuent de receler de nombreuses espèces inconnues de la science, et permettent des découvertes scientifiques importantes chaque année.
Mayotte compte deux aires marines protégées : le Parc marin de Saziley et la Réserve naturelle nationale de l'îlot Mbouzi.
Les eaux chaudes du lagon peuvent abriter les baleines accoucheuses vivant sur leurs réserves de graisses australes, puis leurs petits en lactation, et les tortues marines viennent pondre sur les plages au voisinage de leurs herbiers. Les eaux de Mayotte abritent plus de vingt espèces de mammifères marins, soit un quart des espèces connues. Mayotte héberge encore une petite population de dugongs, estimée à moins de dix individus, et donc en danger critique d'extinction. Le lagon est nourricier pour les poissons, les mangroves jouent un rôle de nettoyage écologique, entravant l'écoulement des sédiments, augmentant la densité animale et végétale, notamment des espèces piscicoles au stade juvénile. Plusieurs espèces de requins sont aussi présentes, mais les rencontres sont rares et aucun accident n'a jamais été à déplorer sur le territoire.
Les tortues marines (verte et imbriquée essentiellement) et les mammifères marins emblématiques du lagon sont protégés.
Menaces
Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont notamment les espèces introduites et éventuellement invasives, avec risques croissants d'invasion biologique ; la fragmentation par les routes, qui dégradent l'intégrité écologique de l'île ; la dégradation des récifs coralliens par la pollution et par accumulations de sédiments terrigènes (déjà plusieurs kilomètres carrés sont dégradés dans les lagons de Mayotte, à la suite de la destruction des forêts qui protégeaient les sols de l'érosion). Bien que les taux de pesticides mesurés dans l'eau soient (en 2011) moindres qu'en métropole (mais plus élevés qu'en Guyane), les engrais et pesticides, comme le DTT, peuvent aussi être emportés par les eaux pluviales et favoriser voire rendre permanent le blanchiment des coraux (coral bleaching), d'autant plus qu'une partie de ces pesticides sont de dangereux produits de contrebande importés des pays voisins, et utilisés sans aucune précaution par des agriculteurs souvent illétrés.
De très nombreux clandestins pratiquent un agriculture sauvage sur brûlis : ils incendient la forêt, puis plantent des bananes et du manioc sur la terre mise à nu, au début de la saison des pluies. Cependant, ce genre de terrain n'est productif qu'un an, et les moussons érodent rapidement cette terre nue vers le lagon, laissant un paysage de rocaille impropre à la végétation pour des décennies. Aucune mesure concrète n'est actuellement prise contre ces pratiques en pleine expansion qui mettent en grave danger les écosystèmes terrestres et marins de l'île.
La collecte de coquillages, la pêche excessive, certaines activités extractives (sable corallien), l'agriculture et la divagation d'animaux peuvent aussi avoir des impacts négatifs. Si les derniers dugongs sont désormais relativement bien surveillés, le braconnage des tortues marines est encore féroce à Mayotte, et le braconnage ou la pêche déraisonnable touchent également les requins, certains mollusques et les concombres de mer.
Le problème des déchets est crucial pour l'avenir de l'île en matière de tourisme, d'écologie et de santé publique. Un problème accentué par différents facteurs : le caractère insulaire et vallonné, la forte densité de population (plus de 500 habitants au km2 en moyenne), une population ayant accès à des objets polluants et nombreux sans avoir été éduquée à leur gestion, l'absence d'un dispositif de collecte approprié (déchetteries, valorisation des déchets, poubelles et containers suffisants...) et un cadrage institutionnel récent (code de l'environnement, plans de gestion des déchets...). L'épuration des eaux est également très insuffisante, et une grande partie des égouts est déversée directement dans la mangrove.
Pourtant, un travail compliqué (au sens des enjeux, budgets et problématiques à croiser pour un tel territoire) est à faire, notamment de restauration des milieux écologiques (mangroves, cours d'eau), de nettoyage des abords des routes et des décharges, d'éducation de la population à l'environnement et d'urbanisme.
Le parc naturel marin de Mayotte a été créé le 18 janvier 2010 : c’est le premier parc naturel marin créé en outre-mer, couvrant l’ensemble de la zone économique exclusive (68 381 km2). La pêche est autorisée dans les eaux du parc selon certaines régulations, et des réserves intégrales existent également, comme celle de la « Passe en "S" ». Depuis 2014, les opérateurs marins sont signataires d'une « charte des opérateurs nautiques de Mayotte pour le respect des mammifères marins et de leurs habitats ».