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Histoire

Temps anciens

Vieille de 9 millions d'années, l'île ne semble pas avoir connu de présence humaine avant le Moyen-Âge, les mammifères en étant probablement absents à l'exception des roussettes.

Les VIIe et IXe siècles voient les premières installations humaines. Il semble que les premiers habitants appartiennent déjà aux premiers peuples swahilis, caractérisés par une culture d'origine bantoue répandue sur l'ensemble des rivages de l'Afrique orientale de la Somalie au Mozambique, entretenant des relations encore mal connues avec les populations malgaches, d'origine austronésienne. Mayotte et Anjouan ont été occupées apparemment plus tardivement car les deux îles se différencient de l'ensemble des Comores par une évolution linguistique spécifique. Le commerce maritime, très actif dès cette époque, atteste de contacts avec le Moyen-Orient musulman. Les plus vieux vestiges d'occupation humaine ont été retrouvés à Acoua, et datent de cette période ; les premières populations n'étaient vraisemblablement pas musulmanes, et ne se seraient islamisées que plus tard, au contact des marchands arabes.

Aux XIIIe et XVe siècles, l'île est sous la direction de chefs musulmans, les Fani. Les contacts culturels avec la côte swahilie et Madagascar sont importants.

Vers 1470, un sultanat shirazi (originaire de Perse) s'établit et est reconnu jusqu'au début du XIXe siècle. C'est de cette époque que date l'établissement de l'islam sunnite chaféite encore pratiqué à Mayotte.

Temps modernes

En 1503, l'île Maoré est mentionnée par une escadre portugaise qui l'aborde, et nommée « île du Saint-Esprit » en 1507. D'après les archives de l'amirauté portugaise, elle est cartographiée par Diego Ribeiro en 1527. Ce repérage soigneux permet de l'éviter à la façon des convois de boutres qui ont sillonné de manière multiséculaire le canal du Mozambique (les récif de corail de Mayotte représentent un danger mortel pour les bateaux). C'est pourquoi tout au long des XVIe et XVIIIe siècles, l'île n'est pas un lieu d'escale ordinaire pour les grandes flottes et n'accueille que quelques grands navires européens égarés et prudents, venus par nécessité s'y ravitailler.

En 1521, l'amiral et cartographe ottoman Piri Reis visite Mayotte. Il la décrit en ces termes dans son Kitab-i Bahrije :

« La seconde île est nommée Magota. On dit que les Portugais y ont mis des hommes. Elle a un Chah. Sa population est noire et blanche. Ils sont chafi'i, parmi eux point d'hypocrisie. Elle a une ville nommée Chin Kuni [Tsingoni]. N'y reignent que des sheikhs. »

Le grand souverain du XVIe siècle est nommé Haïssa ben Mohamed (parfois orthographié Aïssa ou Issa) : fils du sultan Mohammed d'Anjouan et de la sultane héritière de Mayotte (dont la capitale était alors Mtsamboro), c'est lui qui transfère la capitale à Tsingoni et fait ériger en 1538 le mirhab de la mosquée encore visible aujourd'hui. Son long règne (40 ans selon certaines sources) coïncida apparemment avec une période d'importante prospérité pour l'île. A sa mort, les mahorais rejettent l'autorité de sa veuve alors établie à Anjouan, et élisent sa fille Moina-Alachora sultane de Mayotte, se séparant une nouvelle fois de l'autorité anjouanaise, et accentuant les tensions diplomatiques entre les deux îles.

De 1742 à 1791, le sultanat d'Anjouan réalise plusieurs tentatives pour conquérir le sultanat de Mayotte. De 1795 à 1820, les razzias des pirates malgaches (Sakalaves et Betsimisaraka) dépeuplent considérablement l'île, et le minbar en bois sculpté de la mosquée de Tsingoni est volé par des anjouanais.

Les influences venues de l'ensemble de l'océan Indien, mais aussi de la côte africaine, chamboulée par l'irruption des Bantous, et de la côte malgache, ne cessent de façonner la société swahilie insulaire. Une immigration bantoue et malgache commence insensiblement. Des Malgaches, essentiellement sakalaves, prennent le contrôle du sud et d'une partie ponctuelle de l'est de l'île.

Le dernier sultan shirazien cède la place en 1832 à Andriantsoly, ancien roi sakalava du Iboina à Madagascar, appelé par le sultan shirazi de Mayotte et les occupants méridionaux malgaches pour arbitrer leurs conflits et empêcher les agressions extérieures. Guerrier converti à l'islam ayant épousé la fille du sultan et aussi diplomate respecté auprès des communautés swahilies et malgaches, Andrian Souly devient ensuite le sultan reconnu de l'île dont il s'efforce de préserver la souveraineté malgré les continuelles hostilités et menaces. À la suite de la prise de Nosy Be (Madagascar) en 1840, les Français prennent connaissance de la présence de ce sultan, ancien roi sakalava, à Mayotte, qui demande une protection maritime.

Intégration progressive à la République française

Achat par la France

Andriantsoly a hérité du sultanat en 1832 après avoir écarté Bwana Kombo (ou « Buanacombé », ou « Banakombo »), un fils de Mawana Madi, qui trouve refuge à Mohéli. Il doit alors défendre l'île contre les visées du hova Ramanetaka - devenu le maître de Mohéli sous le nom d'Abderahmane - et des sultans d'Anjouan, Abdallah puis Salim (1836). Andriantsoly souhaite préserver l'autonomie de son île face aux autres souverains comoriens. Or, dépourvu d'allié contre ces derniers et contre la monarchie malgache soutenue par la Grande-Bretagne, il se sait menacé. Il se tourne alors vers les rivaux des Britanniques, les Français, qui viennent de s'emparer de Nosy Be.

C'est dans ce contexte que, le , le sultan vend Mayotte à la France cédant ainsi sa souveraineté à la monarchie de juillet de Louis-Philippe Ier. En échange il obtient du capitaine Pierre Passot (envoyé par Anne Chrétien Louis de Hell), une rente viagère personnelle de mille piastres (5 000 francs) et le droit d'élever deux enfants du sultan à La Réunion. Ce traité est ratifié officiellement par l'État français en 1843.

Colonisation et abolition de l'esclavage

La souveraineté française sur Mayotte est indépendante du partage de l'Afrique issu de la conférence de Berlin qui n'aura lieu qu'après 1885. Mayotte devient en effet une colonie française après son achat en 1843 sous le règne de Louis-Philippe Ier. L'abolition de l'esclavage à Mayotte est prononcée le alors que l'Île avait jusque là été soumise à la traite arabe. À cette époque l'île avait environ 3 000 habitants presque exclusivement musulmans, dont la moité était des esclaves. Les espoirs français de développer à Mayotte un port et des plantations supposaient d'attirer davantage d'immigration depuis l'Afrique, mais le gouvernement avait conscience que l'arrivée de Noirs libres serait interprétée par les Britanniques comme de la traite des Noirs déguisée, laquelle était interdite. En conséquence, le ministre de la Marine et des Colonies, Ange René Armand de Mackau suggéra au roi Louis-Philippe Ier que le développement d'une économie de marché à Mayotte nécessitait de libérer les esclaves et d'indemniser leurs maîtres musulmans. Le Parlement français approuva, au printemps 1847, le financement nécessaire au paiement d'une indemnité de 200 francs par esclave. Le processus de libération commença en juillet 1847. Après la chute de la monarchie de Juillet causée par la révolution française de 1848, l’article 3 du Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, voté quelques mois plus tard, confirme l'abolition de l'esclavage dans l'île.

La conférence de Berlin s'achève en 1885, le partage de l'Afrique entre les puissances européennes est alors décidé et la France, déjà présente à Mayotte, va utiliser l'île pour prendre le contrôle de l'ensemble de l'archipel des Comores. En 1886, les sultanats de la Grande Comore, Mohéli et Anjouan deviennent des protectorats sous la direction du gouverneur de Mayotte tandis que Mayotte, quant à elle, garde son statut de colonie. L'archipel des Comores devient alors les Îles de « Mayotte et dépendances ». À partir de 1908, l'ensemble des Comores est intégré sous l'autorité du gouvernement général de Madagascar et dépendances.

En 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, est créée la Société des Nations (ancêtre de l'actuelle Organisation des Nations unies), laquelle reconnaît également la souveraineté française directe sur Mayotte et la légalité de son acquisition antérieure, ainsi que le statut de protectorats séparés sur les autres îles, qu'elle place sous sa tutelle, à charge pour la France de veiller à garantir leur propre intégrité. La différence de traitement entre Mayotte et le reste de l'archipel devient de plus en plus une source de tensions. L'ensemble de l'archipel reste contrôlé depuis Dzaoudzi.

TOM et indépendance comorienne

En 1946, les protectorats des Comores et la colonie de Mayotte sont séparés administrativement de Madagascar et deviennent un territoire d'outre-mer (TOM). Après avoir refusé d'accéder à l'indépendance lors du referendum de 1958 organisé par le général De Gaulle, les Comores obtiennent le (loi no 1412) un statut d'autonomie interne (qui sera élargie en 1968 par la loi no 6804). Ce statut d'autonomie interne donne jour à un Gouvernement comorien élu par l'Assemblée Territoriale. De 1961 à 1970, l'ancien député Said Mohamed Cheikh est élu Président du Conseil de gouvernement jusqu'à sa mort le . C'est durant cette période, en 1966, que la capitale Dzaoudzi (Mayotte) est transférée à Moroni, huit ans après la décision du transfert.

Au cours de cette période naissent les premiers mouvements politiques qui contestent le pouvoir de Saïd Mohamed Cheikh et, pour certains, réclament l'indépendance. D'autres, comme le Mouvement populaire mahorais (MPM), réclament au départ plus d'autonomie vis-à-vis des autres îles.

Né en 1958, l'Union pour la Défense des Intérêts de Mayotte (UDIM) est un mouvement créé par un créole natif de Sainte-Marie, Georges Nahouda. Son neveu, Marcel Henry, poursuit le combat avec la création du MPM à la mort de ce dernier la même année. Associé à une partie de l'élite mahoraise (dont Younoussa Bamana), Marcel Henry poursuivra le combat pour Mayotte française jusqu'au bout. Le MPM obtient le soutien d'une partie importante de la classe politique française.

Cependant, dans les années 1960 d'autres mouvements politiques voient le jour dont le parti « Serrez-la-main ». Ce parti revendiquait l'indépendance de Mayotte vis-à-vis de la France. Nombres d'échauffourées eurent lieu entre ce dernier et le MPM. Le MPM se radicalise et demande la séparation de Mayotte et des autres îles et notamment la départementalisation de Mayotte. Zakia Madi, parmi les leaders du MPM, est tuée lors d'une de ces manifestations entre parties opposées sur la jetée de Mamoudzou, à l'embarcadère de la barge. L'éclat d'une grenade lacrymogène est l'origine la plus probable selon les témoignages.

Le , le Comité spécial de la décolonisation de l'Organisation des Nations unies inscrit l'archipel des Comores à sa liste des territoires devant accéder à l'autodétermination. Le , la France et les Comores signent des accords relatifs à l'accession à l'indépendance. Le , la France organise aux Comores un référendum. Si le suffrage obtient dans son ensemble plus de 90 % pour l'indépendance du territoire, Mayotte se singularise en votant à 63,8 % pour le maintien des Comores au sein de la République française.

Un nouveau gouvernement français arrive au pouvoir en France et, conformément à une recommandation d'un groupe de parlementaires venus en voyage d'étude dans l'archipel, celui-ci envisage de respecter la volonté des Mahorais et de considérer le résultat « île par île ». Le président du Conseil de Gouvernement, Ahmed Abdallah, déclare alors unilatéralement l'indépendance immédiate des Comores, sans que le processus prévu par les accords ne soit mené à son terme. Mayotte reste cependant sous administration française au détriment de la déclaration du gouvernement comorien. L'Union des Comores revendique Mayotte et refuse cette séparation qui remet en cause l'intégrité territoriale de l'archipel. L'Union africaine considère ce territoire comme occupé par une puissance étrangère.

Juridiquement la France ne pouvait pas s'opposer à l'autodétermination et à l'indépendance des Comores (hors Mayotte) puisqu'elle n'y exerçait qu'un protectorat sous tutelle des Nations unies. Mais elle conteste l'indivisibilité de l'union des Comores avec Mayotte, qui est le fait de la création tardive (par loi interne) du territoire d'outre-mer dans l'Union française en 1946, fédérant (en préservant leur statut international respectif issu des traités) le protectorat des Comores (séparées en 1946 de l'ancienne colonie de Madagascar devenue indépendante) avec la possession française de Mayotte (qui n'a jamais été sous tutelle des Nations unies mais acquise bien antérieurement, reconnue ensuite par la Société des nations quand elle a été créée). Le statut de territoire d'outre-mer hybride (unifié par la loi interne de 1946, mais en deux parties séparées en droit international) sera conservé (de même que les anciens traités relatifs à la tutelle des Nations unies sur les Comores et à l'acquisition antérieure de l'île de Mayotte) quand sera créée plus tard entre 1958 et 1960 l'éphémère Communauté française, et ensuite la République française (où le territoire d'outre-mer continuait à avoir le double statut international). La résolution non contraignante des Nations unies s'appuie principalement sur les déclarations de volonté du gouvernement français faites seulement quelques mois avant l'organisation du scrutin d'autodétermination, qui n'ont pas la force contraignante de la loi (la France s'attendait même à ce que Mayotte vote aussi pour sa propre indépendance, comme les autres îles, mais a été surprise de l'importance du non à l'indépendance conjointe avec le reste des Comores, dans cette île française depuis plus longtemps même que d'autres départements français métropolitains et dont la souveraineté française n'avait pas été contestée avant 1958).

La France s'oppose depuis aux prétentions territoriales des Comores sur Mayotte, et sur l'indivisibilité de l'archipel qui n'a fait l'objet d'aucun traité international reconnaissant leur union (et les îles étaient elles-mêmes divisées en royaumes ou sultanats distincts avant même l'acquisition française de Mayotte). Les Comores, quant à elles, défendent aussi une position basée sur une coutume plus ancienne quand divers peuples (venant de différents empires médiévaux) allaient assez librement d'une île de l'archipel à l'autre ou ont pu les occuper partiellement, souvent par la force (mais sans réelle reconnaissance internationale de leur unité).

En pleine guerre froide, la France a le projet d’y implanter une base militaire navale dotée d’un port en eau profonde. Ce projet ne verra pas le jour, mais sera compensé par l’implantation d’une station d’écoute du réseau satellitaire français d’espionnage des communications (réseau Frenchelon), mise en service en 2000 sur l'île de Petite-Terre : le centre d'écoute militaire des Badamiers.

Le 6 février 1976, la France oppose son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies pour empêcher l'adoption d'un projet de résolution lui demandant d'engager des négociations avec le gouvernement comorien en vue de la rétrocession de Mayotte et de renoncer à la tenue d'un nouveau référendum. Une telle résolution, si elle avait été adoptée, aurait eu pour conséquence de placer de force les Mahorais sous domination de l'État comorien.

Ce second référendum a lieu le et confirme par un taux de 99,4 % (82,3 % des inscrits) le choix de la population de Mayotte de rester au sein de la République française. Par résolution no 31/4 du 21 octobre 1976, l'Assemblée générale des Nations unies, considérant ce référendum comme nul et non avenu, condamne la présence française à Mayotte, cependant que la France argue que cette résolution ne constitue qu'un avis dépourvu de force juridique. L'Assemblée générale de l'ONU s'appuie sur la déclaration du , « sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés », point no 6 sur la préservation de l'intégrité territoriale, malgré le point no 2 sur le droit à l'autodétermination et le fait que les Comores n'ont jamais constitué un pays uni par le passé. Dans sa résolution du 6 décembre 1994, l'Assemblée générale de l'ONU a rappelé et confirmé l'appartenance de Mayotte à l'État comorien. Depuis 1995, la question de Mayotte n'est plus venue à l'ordre du jour de l’Assemblée générale de l'ONU.

Enfin la France ne souhaite pas aller contre la volonté populaire exprimée par les trois référendums qui se sont succédé à Mayotte, qui ont montré à chaque fois une adhésion très forte de la population locale à la spécificité de l'île et à rester attachés à la France, plutôt que de rejoindre la nouvelle République fédérale islamique des Comores (devenue plus tard Union des Comores après de sévères troubles politiques), ainsi que la volonté populaire exprimée très tôt par les représentants politiques locaux (avant l'indépendance des Comores) vers sa départementalisation (ils se sont opposés au transfert en 1946 du chef-lieu administratif du nouveau territoire d'outre-mer de Mayotte vers la Grande Comores), une option qui leur a ensuite été proposée lors de la création de la Communauté française en 1958 en même temps que les Comores et tous les autres territoires d'outre-mer (avec aussi celle de l'indépendance, ou celle d'un état libre associé, ou le maintien en tant que territoire d'outre-mer), mais pas accordée avant 2009 (quand s'est également ajouté le choix du nouveau statut de collectivité d'outre-mer pour remplacer celui de territoire d'outre-mer).

DOM

L'organisation par la France d'un référendum sur la départementalisation de Mayotte est contestée en 2008 par le président de l'Union des Comores, mais à la suite de ce référendum du où 95 % des votants (soit 57 % des électeurs) confirment leur volonté de rester rattachés à la France.

Le , le Département de Mayotte est devenu officiellement le cent-unième département de France et son cinquième département d’outre-mer. À la suite de ce changement de statut, des négociations sont engagées avec l'Union européenne pour que l'île entre dans le territoire de l'Union, en remplaçant son statut de pays et territoires d'outre-mer (PTOM) contre celui de région ultrapériphérique (RUP), comme les autres départements d'outre-mer de France.

Manifestations et violences d'octobre 2011

Dès l'automne 2011, d'importants mouvements de contestation contre l'augmentation du coût de la vie viennent troubler la vie sociale et économique du nouveau département. Pendant plusieurs semaines, des manifestations se succèdent. L'île est progressivement paralysée et les actes de violence se multiplient. Des magasins sont pillés, des barrages sont montés.

Les gendarmes mobiles chargent à plusieurs reprises ; un manifestant décède dans ces affrontements et un autre est grièvement blessé. Les médias de la métropole observent un silence quasi-général sur les événements.

Le gouvernement nomme alors un médiateur afin de dénouer la crise.

Depuis, les grèves pour les revendications de différents droits sont quasi-annuelles : beaucoup d'entreprises sont en situation de monopole (comme Total), et l'île est particulièrement facile à bloquer entièrement même pour un groupe réduit, étant pourvue d'un seul port et d'une seule route principale, circulaire.

Pénurie d'eau 2016-2017

Mayotte a été confrontée à une grave pénurie d'eau. La production en eau potable dépend en effet largement des précipitations dans l'ile, qui a connu une situation de sécheresse critique due à une saison des pluies tardive fin 2016, début 2017. Les ressources proviennent à 80 % des eaux de surface des rivières et des retenues collinaires. Est mis en cause aussi la vétusté du réseau de distribution, l'augmentation de la consommation (+20 % en quatre ans) et la déforestation massive. Pour remédier à ces problèmes, outre la livraison d'eau par tanker, il est prévu de nouveaux forages pour diversifier la ressource en eau, la construction d’une deuxième usine de dessalement d’eau de mer et la construction de la troisième retenue collinaire.

Administration

Statut juridique

La loi du relative à Mayotte prévoit l'application progressive du droit commun français à Mayotte, dans la perspective de l'évolution vers le statut de département d'outre-mer (DOM). Cette loi a fait de Mayotte une collectivité départementale, dotée d'un conseil général, et d'une administration décentralisée, en place depuis le , ce statut subsistant jusqu'au 30 mars 2011. Depuis 2001, les règles applicables à Mayotte figurent au code général des collectivités territoriales. La loi organique du 21 février 2007 a réécrit ce statut, en prolongeant la logique de la loi de 2001. Ensuite, après le 1er janvier 2008, hormis quelques matières (fiscalité, urbanisme, droit social...), l'identité législative régit le régime législatif de Mayotte : cela signifie que le droit commun sera applicable, comme dans les DOM.

La décentralisation rencontre des écueils similaires à ceux connus en 1982 en métropole, aggravés par la faiblesse de la pratique démocratique qui est à la fois récente et plaquée sur la culture ancestrale et cosmopolite des habitants de l'île. Le clientélisme est très développé.

L'État français est représenté jusqu'au 30 mars 2011 par un commissaire du gouvernement faisant fonction de préfet. En matière d'éducation nationale, Mayotte constitue un vice-rectorat.

Le changement de statut de l'île se traduit aussi en termes d'enjeux environnementaux pour lesquels les collectivités locales ont une responsabilité croissante.

Départementalisation

Mayotte est devenu le un département et une région d’outre-mer.

À l'issue du renouvellement du conseil général en mars 2008, les conseillers généraux de Mayotte ont adopté le vendredi une résolution (à l'unanimité) invitant le gouvernement français à transformer la collectivité en DOM. Il appartenait donc au gouvernement de consulter dans les douze mois la population de Mayotte sur le processus de départementalisation. Toutefois l'ONU et les Comores avaient prévenu qu'elles considéraient comme étant nulle et non avenue toute consultation qui serait organisée dans le cadre de la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte. La consultation a eu lieu le , selon l'engagement du président de la République, Nicolas Sarkozy. L'ensemble des organisations politiques locales se sont prononcées en faveur du « Oui ». La participation a été marquée par une forte abstention (38,63 %). Le « Oui » l'a emporté avec plus de 95,2 % des suffrages exprimés.

Une loi organique et une loi ordinaire précisant les conditions de cette transformation effective au lendemain des élections cantonales de 2011, la collectivité étant alors régie par l'Article 73 au lieu de l'Article 74, sont examinées à l'automne 2011. La loi prévoit des aménagements transitoires comme la création seulement en 2014 d'une fiscalité locale.

Mayotte est donc devenu le cent-unième département français et le cinquième en Outre-mer avec la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion, le 31 mars 2011. Elle exerce les compétences dévolues aux départements d’outre-mer et aux régions d’outre-mer, la même assemblée exerçant les compétences du conseil général et celles du conseil régional. La loi organique prise à cet effet a été validée par le Conseil constitutionnel. Les deux lois (organique et ordinaire) ont été promulguées le 7 décembre 2010 et publiées au Journal officiel du 8 décembre.

Ce nouveau statut ne fait pas entrer automatiquement le cent-unième département dans la catégorie des régions ultrapériphériques. La demande d’intégration de Mayotte comme partie intégrante de l'Union européenne (UE) est approuvée par le Conseil européen le 11 juillet 2012. Selon cette décision, Mayotte conserve son statut de pays et territoire d'outre-mer jusqu'au et devient, le , la neuvième région ultrapériphérique de l'Union.

La départementalisation est qualifiée par la Cour des comptes de « fuite en avant » et de réforme « insuffisamment préparée et pilotée » dont le coût et les risques financiers n'ont pas été évalués.

Divisions administratives

Mayotte compte dix-sept communes. À chaque commune correspond un canton excepté pour Mamoudzou qui en regroupe trois, ce qui fait dix-neuf cantons. Chacune des dix-sept communes regroupe le plus souvent plusieurs villages. Contrairement aux autres départements qui comportent plusieurs arrondissements ou un seul (pour Paris et le Territoire de Belfort), Mayotte ne comporte officiellement aucun arrondissement ; son territoire peut toutefois être assimilé à un arrondissement unique avec une préfecture siégeant à Mamoudzou qui abrite aussi le siège du conseil départemental bien que Dzaoudzi soit officiellement le chef-lieu du département.

Les communes les plus peuplées sont celles de Mamoudzou, Koungou, Dembéni et Dzaoudzi.

La propriété du port de Mayotte a été transférée au conseil général.

Élus de Mayotte

Les habitants de Mayotte sont représentés à l'Assemblée nationale depuis juin 2017 par deux députés, Ramlati Ali (PS) et Mansour Kamardine (Les Républicains) ainsi qu'au Sénat par deux sénateurs : Thani Mohamed Soilihi (DVG) et Abdourahamane Soilihi (UMP).

Vie politique

En 1958, cinq territoires d'outre-mer, faiblement peuplés, choisissent de conserver leur statut et de ne pas devenir des États au sein de la nouvelle Communauté française : il s'agissait de Saint-Pierre-et-Miquelon, de la Côte française des Somalis (qui malgré tout prendra son indépendance sous le nom de Djibouti), du Territoire des Comores (l'ancien protectorat plus l'ancienne colonie de Mayotte), de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Ces TOM continuèrent d'envoyer des représentants à l'Assemblée nationale, mais en raison du délai de l'exercice de l'option, ils ne purent participer aux élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, les premières de la Ve République. Le siège de député de Mayotte remonte donc à celui des Comores, depuis que, par son vote du (« Oui » à 99,4 %, soit 82,3 % des inscrits) a maintenu ses liens avec la France.

En 1978, c'est l'UDF Younoussa Bamana qui a été le premier député élu, puis réélu, dans cette collectivité territoriale de 19 000 électeurs. Avec l'élection de François Mitterrand, c'est Jean-François Hory, proche du PRG qui est alors élu (alors que Valéry Giscard d'Estaing avait obtenu 89,9 % des voix peu de temps auparavant). En 1986, c'est un centriste, originaire de la Martinique, Henry Jean-Baptiste, qui est élu, puis réélu en 1988 1993 et 1997. En 2002, le RPR-UMP Mansour Kamardine, 1er vice-président du conseil général, est élu face au candidat UDF-MDM qui briguait la succession du député sortant.

Lors des élections législatives de 2007, Abdoulatifou Aly (Mouvement démocrate), candidat de la Force de l'Alternance du Mouvement départementaliste mahorais (une dissidence du Mouvement départementaliste mahorais) est élu au second tour contre Mansour Kamardine.

En 2007, le projet de départementalisation de Mayotte s'accélère sous l'impulsion du député Mansour Kamardine qui obtient l'adoption d'une loi de consultation sur la départementalisation. En 2008, le secrétaire d'État Roger Karoutchi a annoncé le 24 janvier qu'à l'issue des élections de mars, le conseil général, s'il le souhaitait, adopterait une résolution pour que Mayotte devienne un département-région. Or, à la suite des élections cantonales de mars 2008, Ahmed Attoumani Douchina conseiller général du canton de Kani-Kéli (UMP), a été élu président du conseil général par treize voix contre cinq et un bulletin nul, succédant à Saïd Omar Oili, sans étiquette, président du Nouvel élan pour Mayotte (NEMA). Le nouveau président a été élu par une coalition UMP-PS-MDM (le MDM est issu du Mouvement populaire mahorais) favorable à une telle évolution qui était alors attendue pour 2008 ou 2009. L'ONU et les Comores avaient alors prévenu qu'elles considéraient comme étant nulle et non avenue toute consultation qui serait organisée dans le cadre de la départementalisation de l’île comorienne de Mayotte. Le référendum pour la départementalisation a eu lieu le 29 mars 2009.

Lors de sa visite, le ministre de l'Outre-mer Christian Estrosi a évoqué la possibilité de revenir sur le droit du sol pour décourager l'immigration illégale, mais cette idée n'a pas été reprise par son successeur, Yves Jégo.

Le statut de DOM est peut-être incompatible avec le maintien du statut personnel (voir plus bas), la question n'est d'ailleurs pas claire à ce sujet, dès lors que par exemple des Guyanais, Wallisiens ou Néocalédoniens disposent déjà d'un tel statut, et que la Constitution « protège » déjà le statut personnel partout sur le territoire de la République.

La départementalisation suppose des évolutions notables, dont certaines sont mises en œuvre depuis 2003 sous l'impulsion du député Mansour Kamardine : l'âge légal minimum des femmes pour se marier est relevé de 15 à 18 ans, les mariages polygames sont interdits, même si les situations acquises ne sont pas remises en cause, la justice cadiale cède la place à une justice civile. Les minimaux sociaux seront aussi progressivement augmentés, en commençant par les deux seuls en vigueur, ceux pour les adultes handicapés et les personnes âgées. De même, la transformation de Mayotte en DOM devrait permettre l'attribution du revenu de solidarité active (RSA), ce qui explique le lobbying d'une grande partie de la classe politique en ce sens. Le RSA sera versé à partir de 2012, à environ le quart de ce qu'il représente en métropole et sera ensuite progressivement revalorisé sur une période de 20 à 25 ans, en fonction du rythme du développement économique de l'île mais, avec la mise en place d'un cadastre, la taxe d'habitation et la taxe foncière devraient également faire leur apparition.

Fin 2012, la situation sociale à Mayotte reste problématique. 75 % de l'île ne parle que le shimaoré, 48 % des adolescents de 16 à 18 ans sont illettrés et en échec scolaire, 64 % des élèves de CE1 échouent à l'épreuve de français.