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Histoire

L'histoire de l'Islande est récente par rapport à celle du reste de l'Europe. Du fait de son éloignement, ce pays n'a pas subi la guerre, mais certains événements extérieurs, tels que la réforme protestante imposée par le Danemark ou la peste noire, ont eu des conséquences importantes pour les Islandais. L'histoire du pays a aussi été marquée par nombre de catastrophes naturelles et par sa lutte pour l'indépendance, obtenue le .

L'île ne fut découverte par les Vikings qu'au IXe siècle, bien qu'elle ait été vraisemblablement connue avant cette date. À partir de 874, elle commence à se peupler, principalement de colons norvégiens fuyant les conflits de leur pays. En 930, de nombreux chefs, jusqu'alors maîtres de leur seul clan, décident de créer une assemblée, l'Althing, le plus vieux parlement du monde. S'ensuit une période d'indépendance entre les Xe et XIIIe siècles, connue surtout grâce aux sagas. À cette période intervient aussi l'évangélisation des Islandais qui abandonnent le paganisme nordique au profit du christianisme sous la pression du roi norvégien. Cependant, des conflits internes finissent par affaiblir le pays qui devient en 1262 une colonie du Royaume de Norvège. Avec la fin de l'Union de Kalmar en 1536, il passe sous domination du Danemark qui s'empare bientôt du commerce local et impose la réforme protestante. L'Islande glisse peu à peu vers la pauvreté, mais réussit à développer sa culture spécifique. Le XVIIIe siècle est particulièrement marqué par cette pauvreté, qu'aggravent encore plusieurs catastrophes naturelles. Ainsi se confirme le déclin de la population islandaise, d'autant que plusieurs tentatives de développement économique avortent les unes après les autres.

Il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour voir l'avènement d'un véritable renouveau, d'abord marqué par la lutte pour l'indépendance qu'inspirent les révolutions continentales, celle de la révolution de Juillet en France par exemple. À la suite de ce mouvement, l'Althing est restauré et l'île reçoit un statut lui garantissant une plus grande autonomie. L'île devient officiellement indépendante le , bien que conservant le même roi que le Danemark. Le processus d'indépendance s'achève à la fin de la Seconde Guerre mondiale par la fondation de la république en 1944. Le XXe siècle voit le pays se développer rapidement, grâce surtout à la pêche, d'ailleurs source de plusieurs conflits, dont la guerre de la morue (cod war). En 2008, il compte parmi les plus avancés au monde, mais la crise financière de 2008 affecte considérablement son économie et en bouleverse le paysage politique.

Découverte et colonisation (874-930)

Dès l'an 320 av. J.-C. environ, le navigateur marseillais Pythéas mentionne une terre qu'il nomme Thulé, située au nord de l'Angleterre. Néanmoins, Thulé serait a priori en réalité la côte norvégienne. Le premier à évoquer l'île qui serait vraisemblablement l'Islande, au début du IXe siècle, est un moine irlandais, Dicuil, dans son traité De mensura orbis terrae.

Selon l'Íslendingabók d'Ari Þorgilsson le Savant et le Landnámabók, les premiers colonisateurs scandinaves trouvent l’Islande déserte à l’exception de quelques « papar ». Selon Dicuil, ces moines irlandais auraient visité l'île vers l'an 795. Ces papar auraient quitté l'Islande pour éviter de côtoyer des païens. De récentes fouilles archéologiques ont révélé les ruines d'une cabane à Hafnir sur la péninsule de Reykjanes, dont la datation au carbone indique qu'elle a été abandonnée quelque part entre 770 et 880, ce qui suggère que l'Islande avait été peuplée bien avant la date traditionnelle de 874.

L'île est découverte par les Scandinaves dans les années 860. Le premier Scandinave à avoir accosté serait le norvégien Naddoddr après avoir été pris dans une tempête. Il donne au pays son premier nom : Snæland (« pays de la neige »). Garðar Svavarson, un explorateur viking suédois, aurait été le premier à faire le tour de l'Islande et à établir que celle-ci était une île. Après y avoir passé un hiver, il l'aurait quitté l'année suivante, mais l'un de ses hommes, Náttfari, a décidé de rester avec deux autres esclaves, et serait donc le premier résident permanent de l'Islande. Le premier viking à avoir délibérément pris la route de l'Islande serait Flóki Vilgerðarson, surnommé Hrafna-Flóki (« Flóki aux Corbeaux »). Après un séjour particulièrement rigoureux, il donne au pays son nom définitif, Ísland (« pays de glace »).

Ingólfr Arnarson est souvent présenté comme le premier colon islandais. Expulsé de Norvège avec son beau-frère Hjörleifr Hróðmarsson par le jarl Atli, il construit sa ferme sur le site qui deviendra Reykjavik dans l'année 874 d'après la date traditionnelle retenue.

État libre islandais (930-1262)

En 930, la plupart des terres arables sont revendiquées. Sous l'impulsion du thing de Kjalarnes, l'Althing, une assemblée législative et judiciaire, est instituée pour réglementer le nouveau régime politique, couramment dénommé État libre islandais. L'Althing est une assemblée annuelle qui réunit tous les hommes libres à Þingvellir.

Durant cette période, l'Islande devient le point de départ de nouvelles expéditions vers l'ouest durant lesquelles les Scandinaves coloniseront l'Amérique, principalement documentée par la Saga des Groenlandais et la Saga d'Erik le Rouge. Après la colonisation du Groenland par Érik le Rouge, son fils Leif Eriksson découvre une terre à laquelle il donne le nom de Vinland (« pays du vin »). Des fouilles archéologiques à L'Anse aux Meadows attestent que les Scandinaves ont bien atteint l'Amérique du Nord 500 ans avant Christophe Colomb.

L'Islande adopte le christianisme vers 999-1000, lors d'une séance de l'Althing marquée par la division entre les païens et les chrétiens. Finalement, le christianisme est adopté, mais les païens conservent le droit de pratiquer leur religion en privé. De fait, le paganisme nordique a persisté dans certains segments de la population pendant des années.

À partir de 1220, les luttes internes connues sous le nom d'âge des Sturlungar voient l'influence sur l'Islande du roi de Norvège grandir jusqu'à aboutir à la signature du Vieux Pacte en 1262, qui met fin à l'État libre et place l'Islande sous la couronne norvégienne. L'Islande conserve cependant son autonomie et l'Althing continue à se réunir.

Domination norvégienne puis danoise (1262-1530)

En 1380, la Norvège et le Danemark adoptent le même roi, lors de la formation de l'Union de Kalmar avec la Suède (1397-1523). Ceci place l'Islande sous l'autorité du roi de Danemark.

Dans les siècles qui suivirent, l'Islande est devenue l'un des pays les plus pauvres d'Europe. Le sol infertile, les éruptions volcaniques, la déforestation et le climat impitoyable rendirent la vie encore plus dure dans une société où la subsistance dépendait presque entièrement de l'agriculture.

La peste noire a balayé l'Islande à deux reprises, en 1402-1404 et de nouveau en 1494-1495, la première épidémie ayant tué 50 % à 60 % de la population et la dernière de 30 % à 50 %.

Réforme et période moderne (1530-1814)

Vers le milieu du XVIe siècle, dans le cadre de la Réforme protestante, le roi Christian III de Danemark commença à imposer le luthéranisme à tous ses sujets. Jón Arason, le dernier évêque catholique de Hólar, fut décapité en 1550 avec deux de ses fils. Le pays est ensuite devenu officiellement luthérien. Le luthéranisme est depuis resté la religion dominante.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le Danemark a imposé des restrictions commerciales sévères à l'Islande. Les catastrophes naturelles, y compris éruptions volcaniques et maladies, ont décimé la population. Des pirates de plusieurs pays, y compris barbaresques, ont attaqué ses villages côtiers. Au cours de cette période, de nombreux Européens ont également été pris en otage par des pirates méditerranéens et parfois vendus en esclavage dans le monde arabe (Îles Vestmann). Une grande épidémie de variole au XVIIIe siècle tua environ un quart de la population. En 1783, le volcan Laki a explosé, avec des effets dévastateurs dans les années qui ont suivi l'éruption, connues sous le nom islandais de Móðuharðindin ; plus de la moitié du bétail du pays mourut ainsi qu'un quart de la population de l'île pendant la famine qui en résulta.

L'Althing est abolie par décret royal en 1800 et remplacée par une Haute Cour siégeant à Reykjavik.

Mouvement d’indépendance (1814-1918)

En 1814, après les guerres napoléoniennes, le Danemark et la Norvège ont été divisés en deux royaumes distincts par le traité de Kiel. L’Islande est restée une dépendance du Danemark. Tout au long du XIXe siècle, le climat du pays a continué à se refroidir, ce qui entraîna une émigration massive vers le Nouveau Monde, en particulier au Manitoba au Canada. Environ 15 000 personnes ont émigré, sur une population totale de 70 000.

Inspirés par les idées romantiques et nationalistes de l'Europe continentale, une conscience nationale émergea. Un mouvement d'indépendance islandais prit forme dans les années 1850 sous la direction de Jón Sigurðsson, sur la base d'un nationalisme islandais en plein essor inspiré par le Fjölnismenn et d'autres intellectuels islandais danois instruits. En 1843, le roi Christian VIII de Danemark rétablit l'Althing, mais celle-ci n'est plus qu'une assemblée consultative et siège désormais à Reykjavik.

En 1871, le roi Christian IX ratifie une loi sur le statut de l'Islande dans la monarchie danoise. Puis, en 1874, à l'occasion du millénaire du début de la colonisation de l'Islande, le Danemark dote l'Islande d'une constitution, avec des pouvoirs limités sur le plan de la politique intérieure, l'État autonome islandais. Cette constitution accorde le pouvoir législatif et le contrôle des finances publiques à l'Althing, bien que ses décisions restent soumises à la contresignature du roi.

Le texte fut révisé en 1903 et donna une plus grande autonomie à l'Islande (le Home Rule) à partir de 1904. Le ministre d'Islande, bien que faisant encore partie du gouvernement danois, ne réside plus à Copenhague mais à Reykjavik. Hannes Hafstein est nommé à ce poste le . Le premier véritable gouvernement islandais est formé le et Jón Magnússon devient le premier Premier ministre d'Islande.

Royaume d’Islande (1918-1944)

En juillet 1918, une délégation dano-islandaise parvient à un accord pour la mise en place d'une union personnelle qui permet à l'Islande de devenir un État indépendant et souverain, tout en conservant le même roi que le Danemark. Après son approbation par référendum, l’Acte d'Union dano-islandais, entre en vigueur le . Le gouvernement de l'Islande établit une ambassade à Copenhague, demandant au Danemark de gérer sa politique étrangère. Les ambassades danoises dans le monde entier affichent alors deux blasons et deux drapeaux : ceux du Royaume de Danemark et de l'Islande.

En 1920, la Cour suprême d'Islande est constituée, remplaçant la Haute Cour instituée en 1800 lors de l'abolition de l'Althing.

Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Islande rejoint le Danemark en affirmant sa neutralité. Après l'occupation allemande du Danemark le 9 avril 1940, l'Althing remplace le roi par un régent, Sveinn Björnsson, et déclare que le gouvernement islandais devra assumer le contrôle des affaires étrangères et d'autres questions jusque-là traitées par le Danemark. Un mois plus tard, les forces armées britanniques envahissent le pays, afin de disposer d'un point d'appui dans l'océan atlantique face à la marine allemande. En 1941, les forces armées américaines remplacent celles du Royaume-Uni. Cette occupation britannique puis américaine, qui violait temporairement la neutralité islandaise, fut acceptée à contrecœur par les Islandais qui signent un traité de défense entre l'Islande et les États-Unis en juillet 1941.

Fondation de la république

Le 31 décembre 1943, l’Acte d'Union dano-islandais expire, après 25 ans. Le Danemark étant envahi par l'Allemagne nazie, les Islandais décident d'agir unilatéralement, ce qui heurta certains Danois. À partir du 20 mai 1944, les Islandais se prononcent lors d'un référendum de quatre jours sur l'opportunité de mettre fin à l'union avec le Danemark, l'abolition de la monarchie et l'instauration de la république : 97 % des votants sont favorables à la fin de l'union et 95 % en faveur de la nouvelle constitution républicaine. L'Islande devient officiellement une république le 17 juin 1944, jour de la naissance de Jón Sigurðsson, avec Sveinn Björnsson comme premier président.

République d'Islande (depuis 1944)

En 1946, les forces d'occupation alliées quittent l'Islande, et le 9 novembre, l'Islande devient membre de l'Organisation des Nations Unies nouvellement créée. Sur fond de polémique nationale et d'émeutes, l'Islande abandonne sa neutralité, en signant le traité de Keflavík avec les États-Unis en 1946, puis en intégrant l'OTAN le 30 mars 1949. Le 5 mai 1951, un accord de défense a été signé avec les États-Unis. Les troupes américaines sont retournées en Islande en tant que Force de défense de l'Islande, et y sont restées tout au long de la guerre froide. Les États-Unis les ont ensuite retirées, retrait achevé le 30 septembre 2006.

L'Islande avait prospéré pendant la guerre. La période d'après-guerre a été suivie par une forte croissance économique, tirée par l'industrialisation de la pêche et la mise en œuvre du plan Marshall américain, grâce auquel les Islandais ont reçu le plus d'aide par habitant de tous les pays européens.

Les années 1970 ont été marquées par les guerres de la morue — plusieurs différends avec le Royaume-Uni, en plus de l'extension des limites de pêche de l'Islande à 200 miles au large des côtes. L'économie s'est fortement diversifiée et libéralisée à la suite de l'adhésion de l'Islande à l'Espace économique européen en 1994.

L'Islande a accueilli le sommet de Reykjavik en 1986 entre le président des États-Unis Ronald Reagan et le premier ministre soviétique Mikhaïl Gorbatchev, au cours duquel des mesures importantes furent prises en faveur du désarmement nucléaire. Quelques années plus tard, l'Islande est devenue le premier pays à reconnaître l'indépendance de l'Estonie, de la Lettonie, et de la Lituanie, rompant de ce fait les relations diplomatiques avec l'URSS. Tout au long des années 1990, le pays a accru son rôle international et a développé une politique étrangère orientée vers les causes humanitaires et de maintien de la paix. À cette fin, l'Islande a fourni une aide et une expertise à diverses interventions dirigées par l'OTAN en Bosnie, au Kosovo et en Irak.

Dans les années 2003-2007, à la suite de la privatisation du secteur bancaire sous le gouvernement de Davíð Oddsson, l'Islande s'est déplacée vers une économie basée sur les services financiers et la banque d'investissement. Elle est rapidement devenue l'un des pays les plus prospères dans le monde, mais a été durement touchée par une crise financière majeure. La crise a donné lieu à la plus grande migration de l'Islande depuis 1887, avec une émigration nette de 5 000 personnes en 2009. Durant la crise, deux importantes banques filiales de banques étrangères font faillite. Dans un premier temps, l'État islandais accepte de rembourser les dettes de ces banques aux créanciers britanniques et néerlandais. Mais les protestations populaires aboutissent à l'abandon du remboursement (par deux référendums successifs, l'un en 2010 et l'autre en 2011) et au renversement du gouvernement de Geir Haarde. Jóhanna Sigurðardóttir forme alors un gouvernement intérimaire et devient la première femme Première ministre d'Islande. Les élections législatives du 25 avril 2009 lui assurent une majorité au Parlement. Le , les Islandais élisent une assemblée constituante formée de vingt-cinq Islandais issus de la société civile avec mission de réviser la constitution, jusqu'alors inspirée de celle du Danemark. Mais, malgré la stabilisation de l'économie islandaise, qui a connu une croissance de 1,6 % en 2012, de nombreux Islandais, restent mécontents de son état et des politiques d'austérité du gouvernement. Le Parti de l'indépendance et le Parti du progrès reviennent au pouvoir aux élections de 2013 et suspendent sine die le projet de réforme. L'ensemble de ces évènements est appelé révolution des casseroles ou révolution islandaise.

Politique

L'Islande est une république, dont la Constitution a été adoptée en 1944. Selon l'article premier de la Constitution, « l'Islande est une République dotée d'un régime parlementaire. ».

Le pays appartient au Conseil nordique, à l'OTAN, à l'OCDE et à l'ONU. En 2009, le gouvernement dépose officiellement la candidature du pays à l'adhésion à l'Union européenne ; mais celle-ci gelée en 2013, est définitivement retirée en juin 2015.

La Constitution garantit également à tous les citoyens les droits fondamentaux, et définit l'Église d'Islande comme église d'État.

Organisation des pouvoirs

La Constitution islandaise a été adoptée lors de la fondation de la république en Islande le . Elle succède à la Constitution du Royaume d'Islande entrée en vigueur en 1918, lorsque l'Islande était devenue indépendante mais restait liée au Danemark par un Acte d'Union qui leur conférait le même roi. Depuis 1944, la Constitution a été amendée à 6 reprises.

La Constitution est composée de 80 articles (depuis l'abrogation de l'article 80) répartis en 7 chapitres, auxquels s'ajoutent des dispositions transitoires pour organiser le changement de Constitution.

Celle-ci fait de l'Islande est une république parlementaire multipartiste, et organise les pouvoirs. Le pouvoir législatif appartient à l'Althing, fondé en 930, plus vieux Parlement d'Europe et peut-être du monde, conjointement avec le Président. Le pouvoir exécutif est exercé par le Président, le Premier ministre et son Gouvernement, tandis que les tribunaux possèdent le pouvoir judiciaire.

Institutions

Althing

L'Althing (en islandais Alþingi) est le Parlement monocaméral de l'Islande. Fondé en l'an 930, il s'agit du plus ancien parlement d'Europe, voire du monde. Son fonctionnement ne fut interrompu qu'entre 1800 et 1844, pendant la période de monarchie absolutiste danoise. Dans sa forme contemporaine, le parlement islandais fut réinstitué en 1845, à l'origine en tant qu'organe consultatif auprès du roi de Danemark Christian VIII, et son siège fut établi à Reykjavik, et non plus à Þingvellir. Le grand artisan de l'indépendance de l'Islande, Jón Sigurðsson, en fut un des premiers députés.

L'Althing comprend 63 parlementaires, élus tous les quatre ans au suffrage universel direct au scrutin proportionnel plurinominal à un tour avec listes bloquées. Les dernières élections ont eu lieu le et ont vu sept partis remporter des sièges au Parlement : le Parti de l'indépendance, le Mouvement des verts et de gauche, le Parti pirate, le Parti du progrès, Renaissance, Avenir radieux et Alliance.

Président

Le président de la République est également élu pour quatre ans au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Selon la Constitution, il nomme les ministres et préside leur Conseil. Dans la pratique, il entérine les choix de nomination faits par les partis politiques majoritaires à l'Althing. Il n'exerce d'ailleurs habituellement aucun pouvoir exécutif réel et joue surtout un rôle honorifique. En tant que chef de l'État, il est le représentant du pays à l'étranger.

Le Président dispose cependant de certaines prérogatives importantes. Par exemple, l'article 26 de la Constitution lui accorde un droit de veto sur l'adoption d'une loi par le Parlement, qui lui autorise à faire approuver ou rejeter la loi par un référendum. L'ancien président Ólafur Ragnar Grímsson l'a utilisé à plusieurs reprises, notamment en 2010 et 2011 dans le cadre des deux référendums sur le remboursement de la dette .

Guðni Th. Jóhannesson, élu en 2016, est le sixième président islandais depuis 1944. Il a succédé à Ólafur Ragnar Grímsson, qui occupait cette fonction depuis 1996. L'étendue théorique des pouvoirs détenus par le président fait régulièrement l'objet de débats parmi les juristes islandais : tandis que certaines dispositions de la Constitution lui donnent plusieurs importantes prérogatives, d'autres articles adoptent en effet une orientation contraire.

Gouvernement

Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement dirigé par le Premier ministre et nommé par le Président. Les gouvernements islandais ont presque toujours consisté en une coalition de deux partis ou davantage, étant donné que la majorité des sièges de l'Althing n'a jamais été détenue par un seul parti politique.

En 2009, Jóhanna Sigurðardóttir est devenue la première femme Première ministre en Islande, ainsi que la première chef de gouvernement au monde à s'être ouvertement déclaré homosexuelle.

L'actuel Premier ministre de l'Islande est Bjarni Benediktsson. Il est à la tête d'une coalition gouvernementale tripartite formée de son parti (Parti de l'indépendance) et des partis Avenir radieux et Renaissance, constituée à la suite des élections législatives d'octobre 2016. Il a succédé le à Sigurður Ingi Jóhannsson (Parti du progrès). L'alliance étant rompue, il est démissionnaire depuis le 16 septembre 2017 dans l'attente de nouvelles élections anticipées.

Autorités judiciaires

Le pouvoir judiciaire est composé de deux instances : les Cours ordinaires, tribunaux de districts et de villes, et la Cour suprême d'Islande, au sommet du pouvoir judiciaire islandais.

Tendances politiques et élections

A l'exception du gouvernement de Jóhanna Sigurðardóttir de 2009 à 2013, le Parti de l'indépendance et le Parti du progrès dominent la vie politique du pays depuis les années 1930.

Depuis les élections législatives de 2016, sept partis sont représentés à l'Althing : le Parti de l'indépendance, le Mouvement des verts et de gauche, le Parti pirate, le Parti du progrès, Renaissance, Avenir radieux et Alliance.

Découpage administratif

L'Islande est divisée en régions, circonscriptions, comtés, municipalités. Il y a 8 régions, dont l'utilisation est principalement statistique. Jusqu'en 2003, le découpage électoral pour l'Alþing suivait les régions, mais des circonscriptions électorales spécifiques ont été créées depuis. En effet, le découpage en région donnait plus de poids aux votes dans les régions faiblement peuplées. Le découpage en circonscriptions permet de rééquilibrer les poids respectifs des votes, même si des inégalités subsistent.

L'Islande est traditionnellement divisée en 23 comtés, qui n'ont de nos jours, plus d'importance administrative. Il existe de nos jours 26 sýslumenn, dont les compétences suivent celles des comtés traditionnels.

Enfin, il existe 79 municipalités, chargées de l'administration locale, comme les écoles, les transports, la gestion des déchets… Les municipalités regroupent souvent plusieurs localités.

Politique étrangère

Défense islandaise

L'Islande ne possédant pas d'armée, sa défense est assurée par les États-Unis. Par ailleurs, le pays a également conclu des accords avec l'armée norvégienne, l'armée danoise et d'autres membres de l'OTAN pour sa sécurité intérieure.

Appartenance à des organisations internationales

L'Islande adhère à plusieurs organisations internationales de plus ou moins grande échelle.

Avec les autres pays nordiques, l'Islande entretient des relations privilégiées, en raison notamment des cultures et des histoires communes. Les programmes de coopération s'exercent depuis 1952 essentiellement dans le cadre du Conseil nordique. Le pays a par ailleurs constitué, avec le Groenland et les îles Féroé, un Conseil nordique occidental dont les centres d'intérêt portent principalement sur les questions relatives à l'Atlantique nord.

Le pays participe aussi activement à la vie économique, politique et culturelle de l'Europe. L'Islande fait ainsi partie de l'Association européenne de libre-échange (AELE) et a choisi d'intégrer l'Espace économique européen aux côtés de la Norvège, du Liechtenstein et de l'Union européenne. Elle applique les accords de libre circulation de l'Union nordique des passeports et a donc logiquement aussi rejoint en 1996 l'espace Schengen. Elle participe aussi à de nombreux programmes européens, comme Erasmus.

À la suite de la crise économique de 2008, l'Islande se propose d'avoir l'euro comme monnaie, ce qui aurait diminué en partie l'ampleur de la crise. L'euro étant indissociable de l'adhésion à l'Union européenne, le pays pose officiellement sa candidature le 17 juillet 2009. Cependant, les débats sur la pêche et l'agriculture pourraient bien empêcher cette adhésion. À la suite d'un changement de majorité au parlement, la demande d'adhésion a été gelée le 13 juin 2013, puis est officiellement retirée le 12 mars 2015.

Enfin, le pays est membre de l'ONU, de l'OCDE et de l'OTAN. L'Islande ne possédant pas d'armée, sa contribution à l'OTAN se fait sous d'autres formes (bases militaires et contributions financières pour l'essentiel). Depuis les années 1990, il existe une unité de réponse aux crises pouvant participer à des opérations de maintien de la paix qui a été déployée au sein de plusieurs missions de l'OTAN notamment.