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Langues et identités ethniques

Comme en France, les statistiques grecques ne reconnaissant pas les identités ethniques, c'est un usage informel qui identifie les diverses communautés présentes principalement dans le nord du pays. Ainsi, autour de Flórina, près de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, vivent quelques dizaines de milliers de romanophones qui se disent « Aroumains » et de slavophones qui se disent pour certains « Slaves » ou Helléno-slaves, et pour d'autres « Macédoniens ». Les slavophones sont représentés par le parti politique Vinozhito (Arc-en-ciel) qui recueille autour de 5 000 à 6 000 voix et qui réclame un statut équivalent à celui des musulmans de Thrace mais se refuse au séparatisme.

Vers les xive et xve siècles, des populations chrétiennes d'Albanais et d'Épirotes se sont installées dans une vaste région regroupant Attique, Béotie, sud de l'Eubée, nord-ouest du Péloponnèse et îles du golfe Saronique. Ces populations ont apporté avec elles la fustanelle et le fez rouge devenus ensuite emblématiques de la Grèce. Cette communauté estimée entre 140 000 à 200 000 personnes parlait l'arvanite, langue albanaise encore parlée par les plus âgés des membres de la communauté. Présents à tous les niveaux de la société grecque depuis les origines du pays, ils se considèrent comme grecs et leur engagement historique pour la « grécité » est fort ancien. Leurs associations ne visent que des buts exclusivement culturels ; il en est de même pour les Aroumains romanophones (dits valaques) et pour les locuteurs du tzakone (une langue hellénique) qui, tous, se revendiquent de la communauté nationale hellénique (Elleniki ethniki koinonia).

En revanche, parmi les groupes linguistiques minoritaires, se trouvent aussi des citoyens grecs mais ne se revendiquant pas de la communauté nationale hellénique : Albanais musulmans (appelés « Tsamides »), Aroumains revendiquant une identité roumaine et Slaves revendiquant une identité bulgare ou slavo-macédonienne non reconnues par le gouvernement grec, Bulgares musulmans (appelés « Pomaques »), Turcs, Roms (dits Tziganes), Arméniens et Juifs.

Ces groupes linguistiques minoritaires parlent le bulgare, le slavo-macédonien (deux langues très proches l'une de l'autre), l'albanais, l'aroumain, le turc, le yévanique (judéo-grec) et le « ladino » (judéo-espagnol).

Les langues internationales

L'Anglais est parlé et compris par 17% des Grecs (2009), et est la langue de nombreux migrants (Érythréens, Nigerians, Éthiopiens, Pakistanais, Soudanais, etc.) L'Allemand est parlé par plus de 200 000 Grecs retraités, rentrés au pays, et qui travaillaient en Allemagne ou en Autriche, et l'Allemand est aussi parlé par 300 000 Grecs plus jeunes, qui travaillent surtout dans le secteur du tourisme. On trouve des Grecs Francophones surtout dans les classes aisées, l'élite, et aussi dans le secteur du Tourisme. L'Italien est aussi fréquemment parlé notamment dans les îles de la mer Egée ayant un passé italien lié aux anciennes thalassocraties de Gênes et Venise, ou qui furent des colonies italiennes entre 1912 et 1947.

L'Organisation internationale de la francophonie établie à environ 890 500 le nombre de locuteurs francophones en Grèce qui est membre de l'Organisation internationale de la francophonie et de l'Assemblée parlementaire de la francophonie.

Les confessions religieuses

Les Grecs sont en très grande majorité de confession chrétienne orthodoxe (97 % de la population). Le poids des deux Églises orthodoxes autocéphales qui se partagent le territoire grec (Constantinople dans le nord, les îles Égéennes orientales et la Crète et Athènes dans le centre, le sud, les Cyclades et les îles ioniennes), a toujours été très important dans la société et l'économie hellénique. Il n'y pas de séparation nette entre l'Église et l'État, l'église possède de très nombreuses et importantes propriétés foncières et immobilières, est exemptée d'impôts, et même le gouvernement de gauche d'Aléxis Tsípras n'ose remettre en question ces avantages. L'article 3 de la Constitution règle les rapports entre les deux autorités, dont la plus influente n'est pas l'éta. Il faut néanmoins souligner que la Constitution de la Grèce garantit la liberté religieuse dans l'article 13.

Légalement, le traité de Lausanne de 1923 considère comme « turque » l'ensemble de la communauté musulmane ancienne de Grèce présente depuis la période ottomane et issue soit de migrations, soit de conversions. Cette communauté comprend les musulmans de Thrace (non englobés dans l'échange de populations entre la Grèce et la Turquie), estimés en 2011 à 150 000 personnes environ, soit presque un tiers des habitants de la région, principalement dans l'ancien nome du Rhodope, mais aussi les quelques milliers de musulmans du Dodécanèse intégrés avec leur région à la Grèce en 1946.

Cette communauté est dans sa grande majorité sunnite, mais inclut aussi des bektachis. Depuis 1923, le droit reconnu dans le traité de Lausanne à un enseignement en turc a fait progresser la langue turque au détriment des autres : en 2011 les deux-tiers de ces musulmans parlent turc, le dernier tiers est composé de Pomaques (musulmans bulgarophones, autour de 35 000) et de Roms islamisés. Les musulmans de Thrace qui ont souffert des relations entre la Grèce et la Turquie, parfois tendues, ont vu leur sort s'améliorer depuis les dernières décennies du xxe siècle : plus grande tolérance, discrimination positive et élus aux niveaux local et national.

Aux 150 000 « musulmans anciens » de Thrace et du Dodécanèse, s'ajoutent environ un demi-million de « musulmans récents » venus des Balkans (Albanais), d'Afrique et d'Asie (Pakistan). Leur situation diffère de celle des Grecs musulmans : ils n'ont pas de lieux de culte publics, se réunissent dans les appartements ou des entrepôts, sont en butte à l'hostilité d'une partie de l'opinion et des administrations, ainsi qu'à l'islamophobie en relation avec les tensions internationales et à l'afflux de migrants clandestins. Pew Research Center estime le nombre de musulmans en Grèce en 2010 à 527 000 soit 4,7 % de la population.

  • Autres communautés religieuses minoritaires

Les catholiques de nationalité grecque sont autour de 50 000. Ils vivent principalement à Athènes et dans les Cyclades (Syros et Tinos surtout, héritage de la présence latine à la suite de la Quatrième croisade). Ils constituent ainsi encore la moitié de la population de l'île de SyrosN 7. Il s'agit ici de la minorité religieuse la mieux intégrée, même si cette confession n'est toujours que « tolérée » et que certains de ses membres continuent à être parfois mal considérés, surtout en lien avec l'actualité internationale (guerres de Yougoslavie par exemple). À côté des 50 000 catholiques grecs, on en compte plus de 200 000 autres, provenant principalement de Pologne et des Philippines.

D'autres chrétiens non-orthodoxes, moins nombreux, sont les membres des diverses Églises évangéliques venues en missions prosélytes depuis le début du xixe siècle. Le premier établissement d'enseignement secondaire à Athènes était le Collège évangélique fondé en 1831 par Jonas King. Une cathédrale évangélique fut construite en 1871 à Athènes. Les chrétiens évangéliques sont autour de 25 000, surtout présents à Athènes, Patras et Kateríni. Les 26 000 Témoins de Jéhovah sont considérés depuis 1983 comme membres d'une secte. Ils sont assez mal vus, en raison de leur refus du service militaire. Des aménagements leur ont été concédés avec un service civil renforcé. Il existe aussi des minorités orthodoxes. Ainsi, les Arméniens, descendants des réfugiés du génocide arménien ainsi que de l'échange de populations de 1923. Nombreux jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, ils sont aujourd'hui en nombre très limité en raison des retours vers la République d'Arménie.

La communauté juive grecque, présente en Grèce depuis le vie siècle av. J.-C. et encore très importante au début du xxe siècle (principalement à Salonique), a peu à peu diminué (déportation qui extermina 87 % de la population juive de Grèce, puis émigration vers Israël). Elle ne compte plus que quelques milliers de membres, principalement à Athènes et Thessalonique. Ils sont désormais victimes d'antisémitisme de la part des communautés musulmanes : il s'agit d'une retombée locale de l'antisionisme.

Les dodécathéistes olympiens sont considérés par l'église orthodoxe comme une secte d'apostats revenus au paganisme, alors qu'eux-mêmes se revendiquent comme héritiers de la religion grecque antique. Ils sont regroupés dans le mouvement Ellinaïs.