Histoire
Préhistoire et Antiquité
Les Pays-Bas actuels ont été habités durant la dernière période glaciaire. Par la suite, en évoluant, plusieurs peuples ont habité le territoire des Pays-Bas et de la Belgique. Outre les Belgae et les Frisons, les Francs et les Saxons, il y avait les Bataves, qui furent par la suite assimilés par les Francs saliens.
Jules César conquit les Pays-Bas autour de l'année 58 av. J.-C., ce qui en fit la frontière nordique de l'empire romain. Dans la Guerre des Gaules, Jules César ne fait aucune mention des Bataves. La première référence aux Bataves remonte à l'an 12 av. J.-C. Les Romains construisirent les premières villes et introduisirent, dans la région, l'écriture. La partie nord des Pays-Bas, qui était en dehors de l'Empire romain et où les Frisons vivaient, fut également fortement influencée par son puissant voisin méridional.
Les invasions des Francs
La civilisation romaine céda la place aux peuples germaniques qui fusionnèrent avec les habitants pour former trois peuples : les Frisons le long de la côte, les Saxons dans l'Est et les Francs dans le Sud. La fin du royaume des Frisons survint en 734 à la bataille de Boarn, où les Frisons furent défaits par les Francs, qui conquirent la partie occidentale jusqu'à la Lauwers. Les Francs conquirent l'Est du Lauwers en 785, quand Charlemagne battit Widukind.
Saint-Empire romain germanique
En 843, par le traité de Verdun, l'empire franc fut divisé en trois, la Francie occidentale (qui deviendra le royaume de France en 1205), la Francie médiane, du centre de l'Italie à la Frise, et la Francie orientale (communément nommée Germanie, noyau du futur Saint-Empire romain germanique). Le territoire des Pays-Bas actuels faisait partie de la Francie médiane, à l'exception de la rive gauche de l'Escaut (actuelle Flandre zélandaise). Celle-ci va rapidement disparaître : les terres néerlandaises contemporaines furent finalement annexées par l'Empire germanique (traités de Meerssen et de Ribemont). La plupart des Pays-Bas était occupée par le Viking jutes Rorik de Dorestad aux environs de 840 à 880. La suprématie des Vikings est détruite en 920 quand le roi Henri Ier de Germanie libère Utrecht. Les Pays-Bas sont alors réintégrés dans le Saint-Empire entre les xe et xie siècles.
Une grande partie de l'Ouest des Pays-Bas était à peine habitée entre la fin de la période romaine et autour de 1100. Vers 1000, les fermiers flamands et d'Utrecht commencèrent à acheter les terres marécageuses, à les assécher et à les cultiver. Ce processus se produisit rapidement et le territoire inhabité fut occupé en quelques générations. Des fermes indépendantes qui ne faisaient pas partie de villages étaient construites, ce qui était alors une chose unique en Europe. Avant cette période, la langue et la culture de la majeure partie des individus habitant dans l'actuelle région de Hollande étaient Frisons, aujourd'hui culturellement plus présents dans la région de Frise occidentale. La conquête de ces nouvelles terres progressant, la région devient la région de Hollande au xiie siècle. Des villes surgirent et s'épanouirent, particulièrement dans le Comté de Flandre et dans le Duché de Brabant. Le Saint-Empire romain germanique ne pouvait pas maintenir l'unité politique. En plus de l'indépendance croissante des villes, les lois locales transformèrent les comtés et duchés en royaumes privés. Les divers États féodaux étaient dans un état de guerre presque continuel.
Bourguignons puis espagnols, les Pays-Bas sous les Habsbourg
Les provinces formant actuellement les Pays-Bas furent progressivement rassemblées, par mariage, achat ou conquête par les ducs de Bourgogne, qui contrôlent aussi, au sud, Anvers, première place boursière mondiale. Cet ensemble de dix-sept provinces passa par héritage à Charles Quint, descendant à la fois des ducs de Bourgogne et des Habsbourg. Marie de Bourgogne, la fille de Charles le Téméraire, avait épousé l'empereur Maximilien Ier. La Frise, l'Utrecht, le Groningue et les Ommelanden, Drenthe et la Gueldre sont rattachés progressivement au domaine des Habsbourg après des décennies de relations conflictuelles avec le duc de Gueldre. Sous le règne de Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique et roi d'Espagne, la région faisait partie des 17 provinces des Pays-Bas espagnols qui comprenait également la Belgique, le Nord-Pas-de-Calais actuel et une partie de la Picardie.
Lors des XVe et XVIe siècles, un théologien originaire de Rotterdam, Érasme, publie divers ouvrages sur ce qui sera plus tard appelé l'humanisme. Ce nouveau mouvement de pensée, qui met l'Homme au centre des préoccupations, est rapidement suivi dans l'Europe entière grâce à l'imprimerie, libre dans le pays.
Provinces-Unies
C'est en janvier 1579 que l'indépendance des Provinces-Unies est consacrée par l'Union d'Utrecht. La République ainsi créée comporte un ensemble de sept provinces — plus leurs dépendances — comportant chacune un Parlement ainsi qu'un gouverneur. Ces provinces sont indépendantes les unes des autres, et peuvent lever les impôts ainsi que des armées séparément. La jeune République des Provinces-Unies ne sera reconnue qu'en 1596 par la France et en 1648 par l'Espagne. Dans le Sud des Provinces-Unies, les pays de la Généralité (actuelles provinces de Zélande et du Brabant-Septentrional), sous contrôle du gouvernement central, forment alors un espace stratégique entre les Pays-Bas espagnols au sud, la Belgica Regia (qui deviendra les Pays-Bas autrichiens, la future Belgique) et les Pays-Bas protestants et calvinistes au nord conduits par le pouvoir d'Amsterdam.
Le cas des Provinces-Unies à la fin du xvie siècle est tout à fait particulier, puisque c'est le jeune stathouder Guillaume d'Orange qui va mener une véritable révolution partie de Bruxelles lors de l'exécution des chefs de la noblesse dressés contre le pouvoir espagnol, aussi appelée la révolte des gueux. Il en résultera une guerre connue sous le nom de guerre de Quatre-Vingts Ans de 1568 à 1648, conduisant les Néerlandais à l'indépendance de la couronne d'Espagne. Dès lors, les Pays-Bas vont entrer dans la période du « Gouden Eeuw », un âge d'or caractérisé par la prospérité économique et culturelle de la république néerlandaise et par une urbanisation précoce doublée d'un essor démographique soutenu en Hollande et Zélande. Les explorateurs du pays fondent de nombreuses colonies aujourd'hui connues sous d'autres noms, telles que l'Indonésie, l'Afrique du Sud, le Suriname, Taïwan, la Tasmanie ou encore la Nouvelle-Zélande. Avec sa Compagnie néerlandaise des Indes orientales et Compagnie néerlandaise des Indes occidentales qui utilisent la rixdale comme monnaie internationale, l'armada des Pays-Bas est l'une des plus puissantes au monde. Le pays doit cependant parfois céder des territoires aux autres puissances : la Nouvelle-Néerlande (futurs États américains de New York et du New Jersey, perdus à la suite de la signature du traité de Westminster) et la Nouvelle-Hollande d'Australie sont intégrées à l'Empire colonial britannique, la Nouvelle-Hollande brésilienne est rendue aux Portugais, et la Nouvelle-Hollande en Acadie est donnée aux Français après la signature du traité de Nimègue avec le roi Louis XIV.
La métropole bénéficie grandement des colonies, principalement sous l'aspect économique : la ville d'Amsterdam atteint un niveau de vie bien supérieur à celui de Paris, de nombreux individus chassés des autres pays d'Europe pour des raisons religieuses s'installent dans le pays, qui porte l'image d'un État riche et tolérant. L'armée néerlandaise teste également, lors de différents conflits, une nouvelle technique de guerre : lors de la troisième Guerre anglo-néerlandaise, les autorités font inonder des terrains fermiers autour d'Amsterdam pour empêcher l'avancée des troupes ennemies et ne pas avoir à se battre frontalement avec une armée à la puissance supérieure. Les agriculteurs recevaient une compensation monétaire pendant le temps de leur hébergement dans la capitale.
République batave et Royaume de Hollande sous tutelle française
Transformé dans un premier temps en République batave, de 1795 à 1806, et dans un second temps en Royaume de Hollande, de 1806 à 1810, le pays fut par la suite intégré dans l'Empire français, sous Napoléon. Ce dernier organisa en janvier 1795 la capture de la flotte hollandaise au Helder, afin de déstabiliser le pouvoir républicain et finalement placer son frère à la tête du royaume créé en 1806.
Royaume uni des Pays-Bas
En 1815, le Luxembourg avait été élevé au rang de grand-duché. Guillaume VI d'Orange, fils du stathouder Guillaume V des Provinces Unies, devient Guillaume Ier, roi des Pays-Bas et grand duc de Luxembourg. Guillaume reçoit le Luxembourg à titre personnel, comme compensation pour la perte de ses territoires allemands (Nassau et Fulda). Un nouveau pays est alors fondé lors du congrès de Vienne de 1815, sous le nom de « Royaume-Uni des Pays-Bas ». Il rassemblait les actuels territoires du Benelux ainsi que les colonies néerlandaises, dont la plus importante était les Indes orientales néerlandaises, actuelles Indonésie et Malaisie. Son premier roi fut Guillaume d'Orange-Nassau, l'un des vainqueurs de la bataille de Waterloo. Le royaume avait deux capitales : Amsterdam et Bruxelles. En 1830, la Belgique se souleva. Peuplée surtout de catholiques, elle supportait mal le règne du protestant Guillaume Ier, mais aussi sa politique d'imposition de la langue néerlandaise comme seule langue officielle. C'est la révolution belge de 1830 qui aboutit à la création du nouveau royaume de Belgique (région des Pays-Bas méridionaux), qui intégrait également le Luxembourg. La convention de Zonhoven en 1833, met fin officiellement au conflit. Le grand duché resta intégré à la Belgique jusqu'en 1839, date à laquelle sa moitié orientale fut érigée en État indépendant, le grand-duché de Luxembourg, membre de la confédération germanique. Ce nouvel État et le royaume des Pays-Bas restèrent toutefois jusqu'en 1890 en union personnelle, c'est-à-dire partageant le même souverain. Le traité sur le tracé des frontières avec la Belgique date de 1843.
Royaume des Pays-Bas
Créé par décret le 19 avril 1839, le Royaume des Pays-Bas prospère économiquement. Il connaît cependant à la fin du xixe siècle ce qui sera appelé la « Guerre scolaire », un conflit politique opposant les écoles publiques et privées. En 1879 fut créé par le pasteur Abraham Kuyper le premier parti politique néerlandais, le Parti antirévolutionnaire. Étant resté neutre pendant la Première Guerre mondiale, le pays accueille des réfugiés belges persécutés par le Gouvernorat impérial allemand de Belgique occupée. Cependant, en 1915, ce dernier fait installer une clôture électrique à la frontière entre les deux pays, rendant tout passage impossible.
Seconde Guerre mondiale
Les Pays-Bas sont envahis par l'Allemagne en mai 1940 sans déclaration de guerre préalable. Cette invasion donna lieu à la bataille des Pays-Bas, au cours de laquelle l'armée néerlandaise sera surpassée en nombre, et la ville de Rotterdam quasiment rasée par les bombardements. La bataille se solde par la reddition des Pays-Bas, et le gouvernement dut s'exiler à Londres. Pieter Gerbrandy, opposé à une domination allemande et partageant l'opinion des Britanniques, est provisoirement nommé Premier ministre par la reine Wilhelmine pour remplacer Dirk Jan de Geer qui avait signé l'Armistice en vue de protéger les civils de nouvelles attaques. Le pays développe plusieurs réseaux de résistance face à l'occupant allemand et des milliers de citoyens manifestent à travers le pays pour diverses raisons, comme la grève de février 1941 à Amsterdam pour dénoncer les déportations de Juifs néerlandais vers l'Allemagne. Bien que les mouvements alliés visant à libérer le pays, connus sous le nom d'opération Market Garden, commencèrent dès 1944, les Pays-Bas ne furent totalement libres qu'en mai 1945, après que la population ait vécu un hiver de famine tuant près de 20 000 personnes. L'opération Manna est cependant déclenchée pour parachuter des vivres dans le froid.
Les soldats néerlandais venus des colonies ou réfugiés en Grande-Bretagne participèrent aussi au débarquement puis à la bataille de Normandie, avant de se diriger vers les Pays-Bas à la fin de l'année 1944 pour participer à la libération de leur pays et de la Belgique aux côtés des forces étrangères et des réseaux de résistance.
Profitant du conflit, Sukarno proclame l'indépendance de l'Indonésie en 1945, avec le soutien du Japon, qui avait décrété l'indépendance du pays après l'avoir envahi en 1941. Il s'ensuivit un conflit de quatre ans au terme duquel les Pays-Bas sont conduits à reconnaître l'indépendance indonésienne, élément déclencheur du déclin de la puissance commerciale néerlandaise. Toujours en 1945, le pays signe les accords de coopération économique du Benelux avec la Belgique et le Luxembourg.
Depuis 1945
Sortant du conflit planétaire ruinés, les Pays-Bas proposent le plan Bakker-Schut aux forces Alliées en guise de réparation de guerre, mais le projet consistant en l'annexion d'une partie de l'Allemagne fut rejeté. Les États-Unis firent alors bénéficier le royaume du plan Marshall. En 1948, les Pays-Bas approuvèrent le principe d'une autonomie des Antilles néerlandaises, autonomie qui fut proclamée en 1954 (État fédéral autonome des Antilles néerlandaises). Le royaume compte depuis cette date plusieurs entités autonomes égales en droit et comportant chacune une Constitution propre mais désignant le monarque comme le symbole de leur unité. En 1962 la Nouvelle-Guinée néerlandaise, maintenue un temps sous la coupe néerlandaise, rejoint l'Indonésie et devient sa province de Nouvelle-Guinée occidentale ; ceci intervient après une tentative de débarquement indonésien pour garantir son rattachement et éviter une indépendance de ladite province, puis un passage provisoire sous l'égide de l'autorité exécutive temporaire des Nations unies. En 1975, la Guyane néerlandaise, actuel Suriname, prit son indépendance du royaume. L'île d'Aruba se détacha des Antilles néerlandaises en 1986 pour former la troisième entité du royaume. En 2002, l'euro remplaça le florin néerlandais, et, en 2005, le pays rejeta par référendum le projet de Constitution Européenne. En 2009, la famille royale est la cible d'un attentat le jour de la fête nationale, faisant 7 victimes. Le , les Antilles néerlandaises sont finalement dissoutes, faisant de Curaçao et de Saint-Martin des États autonomes propres comme Aruba avant eux. Bonaire, Saba et Saint-Eustache, qui faisaient alors également partie des Antilles néerlandaises, intègrent le pays européen en tant que municipalités à caractère particulier sous le nom de Pays-Bas caribéens ou îles BES.
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Pays-Bas